Un très bel exemple de « Gaslight Noir » porté par une réalisation assurée de Lewis Allen et l’interprétation magistrale d’Ann Todd à la tête d’un excellent casting

So Evil My Love (1948)

(Une âme perdue)

Réalisé par Lewis Allen

Ecrit par Ronald Millar et Leonard Spigelgass d’après le roman de Joseph Shearing

Avec Ray Milland, Ann Todd, Geraldine Fitzgerald, Leo G. Carroll, Raymond Huntley,…

Direction de la photographie : Mutz Greenbaum / Production design : Thomas N. Morahan / Direction artistique : Thomas N. Morahan / Musique : William Alwyn

Produit par Hal B. Wallis pour Hal Wallis Productions

Drame / Romance / Crime

112mn

UK / USA

Au milieu des années 40, le « Gaslight Noir », sous-genre du film noir situé à l’époque victorienne, redevient suffisamment à la mode à Hollywood pour qu’une vague de remakes américains de classiques britanniques voient le jour (« The Lodger » et « Gaslight » en 1944).

De nouvelles adaptations de romans britanniques appartenant au genre sont également mis en chantier : « Ivy » (1947) et ce « So Evil My Love » (1948) produit par l’Américain Hal B. Wallis (The Maltese Falcon, Casablanca,…) pour Paramount. Mais au lieu de reconstituer le Londres victorien dans les studios de Los Angeles, au moins cette fois-ci le tournage a bien lieu en Angleterre.

Wallis a également la bonne idée de recruter l’Anglais installé à Hollywood Lewis Allen qui avait déjà prouvé avec son premier film pour Paramount « The Uninvited » (La falaise mystérieuse, 1944) qu’il avait le style et les compétences pour prendre la tête de ce nouveau projet.

Allen retrouve l’acteur principal de « The Uninvited », l’Américain Ray Milland, avec qui il a avait travaillé entre temps sur « The Imperfect Lady » (1947), Et pour lui donner la réplique ils embauchent l’anglaise Anne Todd qui avait été révélée par sa prestation mémorable sur « The Seventh Veil » (1945) face à James Mason et venait de faire ses débuts au cinéma américain grâce à Hitchcock dans « The Paradine Case » (1948).

Le scénario est co-écrit par l’Anglais Ronald Millar (qui venait de co-signer l’excellent « Frieda »  pour Basil Dearden) et le dramaturge new yorkais Leonard Spigelgass. Ils adaptent un roman de Joseph Shearing (pseudo de l’anglaise Gabrielle Margaret Vere Long, née Campbell), autrice de plus de 150 romans.

Le roman original est inspiré librement d’un fameux cas irrésolu, le meurtre de l’avocat Charles Bravo, empoisonné en 1876. Olivia Harwood (Ann Todd) est veuve d’un missionnaire et rentre des Caraïbes à bord d’un bateau où elle s’occupe d’un malade, Mark Bellis (Ray Milland). Bellis, un peintre mais surtout criminel recherché par la police, se réfugie chez Olivia et ne tarde pas à lui faire la cour pour profiter de sa naïveté. Olivia tombe amoureuse et, face aux difficultés financières et par amour, accepte de profiter de la générosité de son amie d’enfance, Susan Courney (Geraldine Fitzgerald) mariée à un avocat aussi riche qu’immonde, Henry (Raymond Huntley).

La réalisation de Lewis est assurée et il délivre avec talent une ambiance tendue, sombre (avec des touches de gothique) et cruelle à souhait qui fait penser côté britannique très fortement aux romances noires de Gainsborough Pictures (« Fanny by Gaslight » en 1944,…). Anne Todd fait des étincelles dans le personnage principal tiraillé entre ses principes et un amour de plus en plus dévorant. Le film est également riche d’un casting de seconds rôles intéressants comme Raymond Huntley dans le l’immonde d’Henry Courtney ou encore Leo G. Carroll dans le rôle du détective privé.

Les éditions Rimini ont eu la bonne idée de sortir ce film inédit en vidéo en France en blu-ray/DVD.

Combo Bu-ray/DVD FR. Studio Rimini Editions (2022). Version originale sous-titrée en français. Bonus : interview de Florent (23mn)