Un très joli portrait de femme où Pauline Collins interprète une ménagère quarantenaire qui à travers un voyage en Grèce apprend à aimer la vie et à s’aimer.

Shirley Valentine (1989)
Réalisé par Lewis Gilbert
Ecrit par Willy Russell d’après sa pièce
Avec Pauline Collins, Tom Conti, Julia McKenzie, Joanna Lumley, Alison Steadman, Sylvia Sims, Bernard Hill,…
Direction de la photographie : Alan Hume / Production designer : John Stoll / Montage : Lesley Walker / Musique : Willy Russell
Produit par Lewis Gilbert
Comédie dramatique / Romance
108mn
UK / USA

« Il n’y a pas de vie pour moi au-delà de ces murs »
23 ans après « Alfie« , Lewis Gilbert retrouve un personnage qui s’adresse directement aux spectateur pour partager ses pensées. Pour être exact, Shirley Valentine (Pauline Collins) parle aux murs, à un roc, bref elle se fait des amis partout où elle va ! Mais c’est bien son seul point commun avec Alfie, coureur de jupons égocentrique. Et le Swinging London est bien mort ! D’ailleurs Shirley habite à Liverpool et non à Londres…
Shirley Valentine a beau avoir un nom glamour, sa vie ne l’est pas. Ancienne élève rebelle, elle se retrouve à 42 ans femme au foyer, seule chez elle à parler aux murs, bien plus loquaces que son mari Joe (Bernard Hill). Alors quand son amie Jane (Alison Steadman) lui propose de partir avec elle deux semaines en Grêce, elle n’en croit pas ses oreilles. Elle, partir en Grêce ? Mais Joe déteste voyager ! Elle n’ose pas lui dire, prépare ses bagages en cachette mais lui prépare ses repas, s’arrange pour que sa mère vienne les lui préparer en son absence ! Mais elle part, et c’est bien ça le principal ! Même si elle culpabilise et que sa fille trouve ça dégueulasse de partir seule avec sa copine alors qu’elle a 42 ans ! Elle part et qui sait, elle va peut-être trouver l’Amour avec un grand A.
Alors oui, Shirley va rencontre un beau grec moustachu, Costas (Tom Conti) avec qui elle va passer quelques journées de rêve, mais non, c’est pas le plus important :
« Je ne suis pas tombée amoureuse de lui, je suis tombée amoureuse de la vie. (..) La seule histoire d’amour que j’ai eu, c’est avec moi-même. J’ai enfin réussit à m’aimer ».
Gilbert retrouve ici le dramaturge anglais Willy Russell dont il avait déjà adapté une pièce en film, le formidable « Educating Rita » (1983). Si ‘Shirley Valentine » a connu un joli succès à l’époque, il est aujourd’hui un peu oublié par rapport à son ainé, et c’est bien dommage. Russell sait créer des portraits de femmes attachantes et réalistes (en opposition à « fantasmées »). Aussi connu pour ses comédies musicales, Russell signe également la musique. Mais si le casting est formidable (Tom Conti, Alison Steadman, Bernard Hill, Joanna Lumley,,…) c’est surtout la prestation de Pauline Collins dans le rôle principal qu’on retiendra. L’actrice reprend ici un rôle qu’elle avait interprété aussi bien dans le West End qu’à Brooklyn. Et le passage sur grand écran est réussit puisque « Shirley Valentine » lui vaudra une nomination aux Oscars.
Pourtant le passage du théâtre au cinéma a été un sacré challenge puisque la pièce originale est un monologue. Mais en permettant à Shirley de parler directement au spectateur, Gilbert et Russell ont su trouver le juste équilibre pour qu’on puisse à la fois voir Shirley vivre sa vie, tout en partageant ses pensées. Et le résultat n’est pas du tout artificiel. J’ai lu que certains critiques avaient à l’époque reproché au film sa « banalité », mais je ne suis pas du tout d’accord. Ce n’est pas comme si le cinéma était submergé de portraits de femmes comme Shirley ! Et si son aventure avec le playboy grec à moustache est cliché (ce que le film d’ailleurs reconnait à travers les réactions des proches de Shirley), je ne trouve pas que le personnage de Shlrley le soit. Elle est entourée de clichés (les Anglais qui ne savent pas se tenir à l’étranger, le latin lover, le mari macho et indifférent,…) mais elle a suffisamment de conscience d’elle-même et des autres pour ne pas en devenir un.
Passez un moment avec Shirley Valentine, ça vaut vraiment le coup. Moi, en tout cas, j’ai passé un excellent moment avec cette femme et je la trouve non pas ordinaire, mais EXTRAordinaire.

