« Pygmalion », qui bénéficie en outre d’une réalisation solide et dynamique, est une excellente comédie qui malgré son âge avancé vous fera encore passer un excellent moment.
Pygmalion (1938)
Un film d’Anthony Asquith et Leslie Howard
Ecrit par WP Liscomb et Cecil Lewis d’après la pièce de George Bernard Shaw
Avec Leslie Howard, Wendy Hiller, Wilfrid Lawson, Marie Lohr,…
Directeur de la photographie : Harry Stradling / Montage : David Lean / Direction artistique : John Bryan / Musique : Arthur Honegger
Gabriel Pascal Productions
Filmé dans les studios de Pinewood
96 mn
Comédie
UK
Linguiste, le professeur Henry Higgins prend des notes dans un quartier populaire de Londres (Covent garden! bon ok on est dans les années 30!). Il s’intéresse particulièrement à une fleuriste, qui a, de son point de vue, un langage très primitif. Mais la foule le remarque, le prenant pour un policier, et le voilà obligé de s’expliquer.
Snob, misogyne et imbus de sa personne, prenant la jeune femme pour une « chose », il ne pourra résister au défi que lui tend un confère : faire passer cette souillon pour une duchesse.
« Le défi est tellement alléchant. Son cas est si désespéré, si laid est si sale. Je ferai une duchesse de cette souillon idiote. »
Pour la pauvre Eliza, ce ne sera pas une mince affaire. L’épreuve du premier bain est tout à fait hilarante dans son genre.
« Si j’avais su qu’on me ferait propre, je serais jamais restée. »
Les problèmes commencent rapidement avec l’arrivée du père, gallois et éboueur de son état. Il voudrait bien 5 livres en échange de sa fille (un cadeau, il aurait demandé 50 livres s’il n’avait pas affaire à des gentlemen!).
« – N’avez vous aucune morale?
– Pas les moyens. Si vous étiez pauvre vous le sauriez. Je veux de mal à personne. Mais si Eliza en tire du profit, pourquoi pas moi ? »
La scène du thé chez la mère du Professeur est également d’anthologie. Si Eliza a appris à s’exprimer avec le bon accent, le contenu de ses propos et son vocabulaire ne sont pas encore synchronisés avec son nouvel accent.
Une fois son pari gagné, Henry est soulagé, mais Eliza est furieuse, se rendant compte qu’il se fiche d’elle et qu’elle va retourner à la rue.
« Ma mère pourrait vous trouver un prétendant.
– C’était différent là-bas à Covent garden.
– Comment ça ?
– Je vendais des fleurs, pas ma propre personne. Une dame n’a donc rien d’autre à vendre ? »
Avant d’être un film, « Pygmalion » était une pièce de théâtre signée GB Shaw. Ce dernier est un dramaturge irlandais (1856-1950) dont la plupart des pièces ont pris un sacré coup de vieux. Néanmoins il faut bien reconnaitre qu’ici les situations et dialogues (retravaillés par Shaw lui même pour le film – rajoutant de nouvelles scènes dont le bal) sont savoureux, et l’interprétation du duo Leslie Howard / Wendy Hiller est au-dessus de toute critique.
Leslie Howard est un excellent acteur, au jeu très moderne, qui a tourné essentiellement dans les années 30, et qui a même réalisé quelques films, dont celui-ci en tant que co-réalisateur, puis trois autres films patriotiques de bonne facture qui participaient à l’effort de guerre (dont l’excellent « The First of the Few » (1942). Guerre qui va mettre fin prématurément à sa vie, en 1943 suite au bombardement par les Allemands de l’avion dans lequel il voyageait.
« Pygmalion », qui bénéficie en outre d’une réalisation solide et dynamique, est une excellente comédie qui plus de soixante dix ans après sa création vous fera encore passer un bon moment.
En 1964, George Cukor signera une nouvelle adaptation de la pièce, le non moins fameux « My fair lady » (1964).
DVD Carlotta films (2008). Audio en anglais, sous titres français.