Samantha Eggar formidable, à la fois victime et bourreau, au coeur d’un drame psychologique sur les rapports dominants-dominés

Psyche 59 (1964)

Réalisé par Alexander Singer

Ecrit par Julian Zimet d’après le roman de Françoise des Ligneris

Avec Curd Jürgens, Patricia Neal, Samantha Eggar, Ian Bannen,…

Direction de la photographie : Walter Lassally / Direction artistique : John Stoll / Montage : Max Benedict / Musique : Kenneth V. Jones

Produit par Phillip Hazleton pour Troy-Schenck Productions

Tourné aux Studios Shepperton

Drame

94mn

UK

Allison (Patricia Neal) est aveugle depuis qu’elle a fait une chute dans les escaliers cinq ans plus tôt. Bourgeoise londonienne, elle passe son temps entre l’équitation avec Paul (Ian Bannen), ses deux filles et son mari Eric (Curt Jurgens). Quand sa jeune soeur Robin (Samantha Eggar) débarque, Eric a du mal à cacher son mécontentement et de vieilles rancunes remontent à la surface.

Adapté d’un roman de l’écrivaine française Françoise des Ligneris publié en 1958, « Pyche 59 » est un drame autour d’un quatuor amoureux avec au centre le personnage de Robin, une belle jeune femme séductrice et provocante, en instance de divorce, qui semble l’opposé de sa soeur, Allison, bourgeoise installée dans une vie confortable et dominée par son mari. On comprend rapidement que Robin et Eric ont eu une relation et que la cécité (due à un choc psychologique plutôt que physique) est sûrement lié à quelque chose qui s’est passé entre eux.

Allison étant aveugle, le spectateur voit comment chacun se comporte devant elle, ne faisant aucun effort pour cacher leurs vrais sentiments. S’il n’y a pas de mystère sur la relation réelle entre Robin et Eric, le jeu malsain d’amour/haine entre les deux est le coeur même du drame avec celle entre les deux soeurs. Pour Eric et Robin, Allison et Paul ne sont que des instruments qui leur permet de faire mal à l’autre. Pour Robin et Allison, Paul et Eric ne sont que des instruments pour imposer leur domination.

« Psyche » est un drame psychologique pas follement original mais plutôt bien vu. Les rapports dominants-dominés (que ce soit à travers le mariage, une histoire d’amour ou dans les rapports entre soeurs) y sont traités de front. La réalisation de l’Américain Alexander Singer (un proche de Stanley Kubrick avec qui il a travaillé sur « The Killing » en 1956 mais qui abandonnera rapidement toute prétention en tant que réalisateur en se consacrant à la télévision) est solide, les personnages cadrés de prêt. La photo du directeur de la nouvelle vague anglaise, Walter Lassally, atteint parfois de fugaces sommets.

Si Patrica Neal, actrice américaine qui obtiendra l’Oscar de la meilleure actrice cette année-là grâce à un autre film « Hud » de Martin Ritt, tient le haut de l’affiche, la performance la plus notable est certainement celle de Samantha Eggar, parfaite dans le rôle de la soeur à la fois victime et bourreau. Eggar est une actrice vue auparavant à la télévision qui fait ses débuts au cinéma en 1963 dans la comédie « Doctor in Distress » avec Dirk Bogarde et le film criminel « Dr. Crippen » avec Donald Pleasance. En 1965, elle sera en tête d’affiche de « The Collector » avec Terence Stamp, prestation qui lui vaudra une nomination aux Oscars.

Blu-ray UK. Studio Powerhouse, collection Indicator (2019). Edition limitée à 3000 exemplaires. Version originale avec des sous-titres optionnels en anglais. Bonus : livret de 32 pages, interviews vidéo.