Une romance sur fond de pandémie mondiale où les gens perdent leurs sens l’un après l’autre. Au-delà de l’actualité inattendue du sujet dix ans après sa sortie, un film mémorable réalisé par David Mackenzie
Perfect Sense (2011)
Réalisé par David Mackenzie
Ecrit par Kim Fupz Aakeson
Avec Ewan McGregor, Eva Green, Lauren Tempany,…
Direction de la photographie : Giles Nuttgens / Production design : Tom Sayer / Montage : Jake Roberts / Musique : Max Richter
Produit par Gillian Berrie, Tomas Eskilsson, Malte Grunert et Marianne Moritzen
Drame / Romance / SF
92mn
UK / Suède / Norvège / Irlande
Susan (Eva Green) est réveillée par Michael (Ewan McGregor). Ils se sont rencontrés la veille en boite et il veut qu’elle parte car il ne peut pas dormir avec quelqu’un à ses côtés. Déprimée par une nouvelle aventure sans lendemain, Susan s’absente quelques jours de son travail comme épidémiologiste à l’hôpital de Glasgow. Quand elle revient, on lui présente le cas d’un patient mis à l’isolement car il a perdu l’odorat. Plusieurs cas ont été recensés en Europe. Est-ce un virus, est-ce contagieux ? On l’ignore. Les autorités publiques ne veulent pas faire paniquer le public et assurent que ce n’est pas contagieux, mais les cas se multiplient, et un jour Susan est envahie de chagrin puis perd l’odorat. Et c’est le tour de Michael, cuisinier qui bientôt perd son travail, les restaurants étant désertés. Mais la maladie ne semble pas vouloir s’arrêter là et les gens commencent à perdre d’autres sens.
Sorti en 2011, « Perfect Sense » est neuf ans plus tard redécouvert à la lumière d’une pandémie mondiale dont l’un des signes majeurs est la perte de goût. Et ce qui semblait il y a quelques années un sujet de science-fiction apocalyptique improbable s’est aujourd’hui invité dans l’actualité. Et même les professions des deux personnages principaux, une épidémiologiste et un cuisinier, pourrait être un couple idéal pour décrire une romance covidée.
Au-delà de cet aspect soudainement trop actuel du thème d’une épidémie mondiale, et de ses conséquences psychologiques, qui aujourd’hui font froid dans le dos par leur prémonition, « Perfect Sense » conçu dans une période pré-pandémique, se voulait surtout une réflexion sur ce qui rapproche les hommes, font qu’une vie mérite d’être vécue. Le plaisir, les sensations qui tous dépendent des sens. Sens qui semblent acquis aux bien portants, mais sont aussi fragiles qu’indispensables à notre état d’être humain. Mais à la fois un moment de crise, où tout le monde peut potentiellement être touché peut amoindrir les différences, rapprocher, engendrer des moments de solidarités, et finalement introduire plus de compassion et de compréhension sur ce que l’autre vit – car on le vit ici.
Le scénario original a été écrit par le danois Kim Fupz Aakeson et transmis à la maison de production avec qui travaille le réalisateur anglais David Mackenzie (Young Adam, Hallam Foe, Starred Up). L’histoire est re-localisée à Glasgow et retravaillée par Aakeson selon la vision de Mackenzie. Le résultat de cet échange est une romance dramatique convaincante, trouble et dérangeante portée par une ambiance oppressante. Pas facile de voir « Perfect Sense » aujourd’hui, et impossible de ne pas penser aux événements présents. Mais « Perfect Sense » reste une romance universelle étonnante et qui mérite le coup d’oeil en soit, au-delà des considérations liées à l’époque que nous traversons. Et le couple central formé par Eva Green et Ewan McGregor fonctionne parfaitement.
DVD/blu-ray. Studio StudioCanal (2012). Version originale sous-titrée en français et version française. Bonus : featurette et interviews de David Mackenzie, Eva Green et Ewen Bremmer.