Review of: Penda's Fen
Drame / Fantastique:
Alan Clarke et David Rudkin

Reviewed by:
Rating:
4
On 24 avril 2024
Last modified:24 avril 2024

Summary:

Une ode parfois absconse à la dissonance qui emprunte les chemins de la folk fantasy/horror pour raconter le passage à l'age adulte d'un jeune adolescent sur fond de lutte entre  christianisme et Dieux païens

Une ode parfois absconse à la dissonance qui emprunte les chemins de la folk fantasy/horror pour raconter le passage à l’age adulte d’un jeune adolescent sur fond de lutte entre  christianisme et Dieux païens

Penda’s Fen (1974)

Réalisé par Alan Clarke

Ecrit par David Rudkin

Avec Spencer Banks, John Atkinson, Ron Smerczak, Ian Hogg,…

Photographie : Michael Williams / Production design : Michael Edwards / Montage : Henry Fowler

Produit par David Rose pour BBC Birmingham

Play For Today s4, episode 16. Première diffusion : le 21 mars 1974

Drame / Fantastique / Horreur

89mn

UK

Eté 1955, Stephen (Spencer Banks) à 17 ans. Fils de révérent, c’est un jeune chrétien qui défend ses valeurs et adepte du manichéisme séparation fondamentale entre le mal et le bien). Mais son amour de la musique du compositeur Edward Elgar (1857-1934), ses sentiments homosexuels et la découverte de son adoption vont bousculés ses principes et ses rêves. Stephen voit ainsi dans ses rêves le Dieu paÏen Penda qui aurait vécu dans la campagne où il habite avec ses parents. Et si finalement tout n’était pas noir et blanc ?

Le scénario de « Fenda’s Pen » est un film sur le passage à l’age adulte vu à travers la confrontation entre la religion catholique et la religion païenne. La première tirant vers un désir de pureté et l’autre de dissonance. Au fil du téléfilm, Stephane apprend ainsi à embrasser ses contradictions et l’absurdité de la vie et à abandonner sa vision simpliste/manichéenne de la vie.

« Penda’s Fen » n’est pas toujours facile à suivre mais c’est une oeuvre aussi étrange qu’iconoclaste sur le passage à l’a vie adulte. L’apparition du fantastique, le mélange de rêve et de réalité fonctionne à merveille même si le réalisateur Alan Clarke (célèbre pour son travail à la télévision et au cinéma : « Made in Britain« , « Scum« , « The Firm« …)  doit faire avec un genre auquel in n’est guère habitué (c’est plutôt un adepte du réalisme) et les moyens de la télévision britannique de l’époque. Le téléfilm n’échappe pas à une ambiance très seventies (alors que les événements sont sensés se déroulé au milieu des années 50).

La thématique du conflit entre la religion chrétienne et la culture païenne est évidemment très à la mode dans les années 70 où toute une génération veut redécouvrir la mère Nature. Elle trouve notamment sa représentation à l’écran et à l’écrit à travers le « folk horror » (« Blood on Satan’s Claw » en 1971 et surtout « The Wicker Man » en 1973 par exemple), la résurgence de la sorcellerie ou encore le grand succès de la fantasy (d’ailleurs « The Lord of The Kings » de Tolkien, publié en 1954-56 sera  publié en français seulement en 1972-73).

On retrouve aussi dans « Penda’s Fen », la méfiance paranoïaque », également très seventies, envers les actions du gouvernement incarnée par un dramaturge socialiste installé à la campagne (plusieurs personnages dont Stephen sont clairement des facettes revendiquées du « moi éclaté » du scénariste). L’incident d’un jeune homme qui subi de graves blessures que partiellement expliquées (« … selon les autorités ») sert ainsi de déclencheur du passage au fantastique, de l’autre côté du miroir,

Enfin – et là on revient dans l’intimité de Stephen – il ne faut pas oublier l’homosexualité et son opposition frontale à la morale chrétienne. Pour accepter sa « dissonance », sa « mixité » (« je suis homme et je suis femme » dit-il à la fin), Stephen doit s’éloigner des valeurs conservatrices portées par le christianisme et son éducation dans une école élitiste. Mixité qu’accepte le Roi/Dieu Penda qui lui confit sans hésitation la flamme que Stephen doit conserver afin de préparer le retour des dieux païens.

« Penda’s Fen » a été écrit par le dramaturge anglais David Ruken pour la fameuse et prestigieuse anthologie de BBC One « Play For Today » (1970-94). Ruken avait connu le succès dès sa première pièce en 1962 (Afore Night Come) et a écrit/traduit aussi bien pour le théâtre, la radio, la télévision et le cinéma (il est notamment intervenu sur le « Fahrenheit 451 » (1966) de Truffaut. On ne sera guère étonné d’apprendre qu’il a été élevé par dans une famille évangéliste très stricte.

« Penda’s Fen » a reçu un bel accueil critique à sa diffusion et a été rediffusé de nombreuses fois par la BBC depuis. En 2016, il bénéficie d’une sortie en blu-ray par le BFI (en dehors du coffret consacré au travail d’Alan Clarke à la BBC).

Blu-ray UK . Studio BFI. Version originale avec des sous-titres en anglais optionnels