Une comédie d’espionnage réussie avec un Tom Courtenay très en forme. On est loin de la pochade parodique de James Bond et c’est tant mieux !
Otley (1969)
Réalisé par Dick Clement
Ecrit par Dick Clement et Ian La Frenais d’après le roman de Martin Waddell
Avec Tom Courtenay, Romy Schneider, Alan Badel, Leonard Rossiter, James Bolam, Edward Hardwicke,…
Direction de la photographie : Austin Dempster / Direction artistique : Carmen Dillon / Montage : Richard Best / Musique : Stanley Myers
Produit par Bruce Cohn Curtis
Comédie
92mn
UK
Gerald Otley (Tom Courtenay) est un jeune homme de 28 ans qui survit (mal) de petites combines. Il vient de se faire expulser de son appartement sur Portobello Road, et fait à présent le tour de ses amis pour trouver un endroit où dormir. Tout le monde refuse, mais il arrive quand même à décrocher le droit de dormir sur le canapé d’une connaissance. Mais cette nuit-là cet « ami » se fait assassiner et Otley se réveille deux jours plus tard près de la piste d’un aéroport !
Pendant le générique, on voit Gerald Otley (Tom Courtenay) qui déambule sur Portobello Road, célèbre rue du quartier de Nothing Hill à Londres. Puis on retrouve notre jeune homme dans un lit avec une femme plus âgée. Il s’agit de sa propriétaire, et après une nuit d’amour, elle lui annonce qu’il est expulsé suite à tous ses excès (loyer impayé, meubles vendus ne lui appartenant pas,…).
Dépité, Otley se retrouve donc à la rue et doit faire la tournée de ses amis pour tenter de trouver une bonne âme qui voudra bien lui assurer un toit pour ces prochaines nuits. Mais Otley est éconduit par tous. Heureusement il a une dernière chance. Des amis font une fête ce soir, peut être trouvera-t-il une victime… euh je veux dire une bonne âme ?
Dans un pub où Otley s’arrête (et tente de vendre ses charmes à une jeune femme attablée), on entend deux hommes négocier. L’un des deux, Lambert ( Edward Hardwicke) veut 10.000 livres. On comprend qu’il s’agit d’une affaire louche et qu’une odeur de trahison flotte dans lair. En sortant, Otley tombe sur Lambert et lui demande s’il peut loger chez lui. C’est un non catégorique.
A la soirée, Otley tente notamment sa chance auprès d’une jeune femme qui semble un peu perdue, Imogen (Romy Schneider), mais sans succès. Il finit par décrocher le canapé de Lambert. Mais alors qu’il s’endort, Lambert est assassiné. Quand enfin Otley se réveille, c’est deux jours plus tard et sur une piste d’aéroport ! Que lui est-il arrivé ?
Comédie d’espionnage, « Otley » est bien plus frais que n’aurait pu le faire craindre un sous-genre déjà usé à la fin des années 60. Heureusement, et contrairement à la plupart des autres tentatives avant lui, il ne se base pas ni de près, ni de loin sur James Bond. Toute l’action se déroule à Londres, en décors réels, avec quelques séquences dans la campagne environnante. Pas d’exotisme cheap, pas de jeunes femmes en bikini (mais on a une Romy Schneider délicieuse !). « Otley » s’inscrit étonnamment dans un certain réalisme social, et livre une vision de Londres bien plus terre à terre et vraisemblable que la plupart des comédies « swinging London » du milieu des années 60 (mais bon il est vrai qu’on est déjà en 1969).
Du film d’espionnage, « Otley » reprend les codes principaux (intrigue complexe, personnages à l’identité trouble, alliances temporaires et trahisons assurées,…). Au lieu de se moquer du genre, « Otley » glisse des éléments comiques et un individu improbable dans ce micmac. De bonnes idées de personnage (l’assassin fermier incarné par Leonard Rossiter), ou de situations (Otley se balade une partie du film avec le visage à moitié rasé, une coure poursuite en mode examen de permis de conduire) font le reste.
Otley est un petit truand sympathique avec beaucoup d’imagination, de l’humour mais pas tout à fait stupide. On pense parfois au rôle emblématique de Courtenay dans « Billy Liar » (1962).
Le scénario est écrit par le tandem mythique Dick Clement et Ian La Frenais. Les deux amis n’avaient pas encore la trentaine mais avaient déjà un joli CV à la télé avec des séries comme « The Likely Lads » ou encore une première incursion réussie au cinéma avec « The Jokers » de Michael Winner. Ils se sont basés, assez librement, sur les romans de l’écrivain nord irlandais Martin Waddell.
C’est le producteur américain Bruce Cohn Curtis qui à l’origine du film. Pas vraiment le premier quidam venu, car il s’agit du petit fils et petit neveu des fondateurs des studios Columbia Pictures, les frères Jack et Harry Cohn. Bruce fit ses dents sur « Otley » et produisit encore en Angleterre « The Raging Moon » (1971) de Bryan Forbes avant de retourner aux USA où il produira surtout des films de série B. Son projet le plus ambitieux restera le film d’aventures SF « Dreamscape » (1984)… mais qui ne remporta pas le succès attendu.
Le film est réalisé par Dick Clement qui faisait ainsi ses débuts en tant que réalisateur au cinéma. Il mettra en scène essentiellement des comédies, globalement réussies, mais le flop monumental de « Water » (1985) mettra fin à ses ambitions en tant que réalisateur… Par contre son duo avec La Frenais restera à jamais dans les annales du cinéma et de la télévision britanniques.
Blu-ray UK. Studio Powerhouse Films, label Indicator (2018). Edition limité à 3000 exemplaires. Version anglaise avec des sous-titres anglais. Bonus : livret de 40 pages, interview audio avec Dick Clement et Ian La Fenais, interview avec Tom Courtenay, interview avec Ian La Frenais, commentaire audio de Dick Clement et de Sam Dunn,…