Un biopic sur les dernières années tragiques d’Oscar Wilde mais l’homme de lettres flamboyant y est étonnement sobre, voire un peu terne. 

Oscar Wilde (1960)

Réalisé par Gregory Ratoff

Ecrit par Jo Eisinger d’après les pièces de Leslie Stokes et Sewell Stokes ainsi que du travail littéraire de Frank Harris

Avec Robert Morley, Ralph Richardson, Phyllis Calvert, John Neville, Dennis Price, Edward Chapman,…

Direction de la photographie : Georges Périnal / Direction artistique : Scott MacGregor / Montage : Antony Gibbs / Musique : Kenneth V. Jones

Produit par Jo Eisinger et Gregory Ratoff pour Vantage Films

Drame / Biographie / histoire

98mn

UK

Lors de la première de « Lady Windermere’s fan » le 3 février 1892 au théâtre St James à Londres, Oscar Wilde (Robert Morley) fait la connaissance du jeune Lord Alfred (John Neville). Les deux hommes deviennent intimes, causant des rumeurs sur la nature exacte de leur relation. Le père d’Alfred, Lord Queensberry (Edward Chapman) les menace alors de trainer en justice Wilde s’ils continuent à se voir.

« Oscar Wilde » est l’un des deux films sortis en mai 1960 et traitant du scandale causé par les procès de l’un des hommes de lettre les plus importants du XIXe siècle qui le conduira en prison pour deux ans et à sa mort prématurée en exil dans un hôtel parisien en 1900 à l’âge de 46 ans.

Sorti une semaine plus tard que cet « Oscar Wilde », « The Trials of Oscar Wilde » est un film comparativement à gros budget et en couleur. Le film que je chronique actuellement est un film beaucoup plus modeste, tourné en noir et blanc.

Ici, c’est Robert Morley qui décroche le rôle principal. Excellent acteur anglais mais souvent confiné à l’écran aux seconds rôles, il avait déjà incarné Oscar Wilde sur les planches à la fin des années 30 à Londres mais également à Broadway. En 1960, passé la cinquantaine, il paraît déjà un peu vieux pour le rôle. Et surtout il livre une interprétation assez surprenante, très retenue, un peu terne, qui parait bien différente de l’image de flamboyance que renvoyait Oscar Wilde… et qui choque par rapport à la composition plus aboutie de Peter Finch dans « The Trials of Oscar Wilde ».

Il faut dire que voir les deux films à la suite comme je viens de le faire est une expérience assez surprenante… et pas seulement pour la représentation du personnage d’Oscar Wilde. Se basant sur des auteurs différents, on arrive à deux lectures différentes de l’histoire.

Si les deux films s’ouvrent par exemple sur la première de « Lady Windermere’s fan », dans un cas Oscar Wilde et Lord Alfred se connaissent déjà (« The Trials… ») et dans l’autre (« Oscar Wilde ») ils y font connaissance. A plusieurs occasions, des rencontres ou faits semblent être déplacés dans le temps. Les personnages comme Alfred et son père sont très différents dans les deux films. Dans « Oscar Wilde », ils sont bien moins hystériques et ne sont pas représentés comme le mal absolu. Les problèmes d’argent de Wilde, représentés dans « The Trials… » sont ici à peine mentionnés. Je ne suis pas un spécialiste d’Oscar Wilde pour dire qui a tord et à raison mais c’est intéressant en tout cas de voir une si grande disparité d’interprétation dans deux films contemporains (et même sortis à une semaine d’intervalle).

Notamment du fait qu’il dure plus de 20mn de moins que « The Trials… » et peut-être de son origine théâtrale, les passages hors tribunal sont assez courts. Sa période en prison est expédiée en quelques secondes, mais on voit quelques brefs instants de sa vie d’exilé à Paris.

Le casting d’ « Oscar Wilde » est moins brillant et surtout plus vieillissant que celui de « The Trials… » mais on a quand même droit à Ralph Richardson dans le rôle de l’avocat de Lord Queensberry (contre James Mason dans « Trials »), l’ex star des productions Gainsborough Phyllis Calvert dans le rôle de la femme de Wilde (contre Yvonne Mitchell) ou encore Dennis Price (contre Nigel Patrick) dans le rôle de l’ami de Wilde, Robert Ross.

A la réalisation et à la co-production, on trouve Gregory Ratoff, acteur, réalisateur et producteur d’origine russe, qui a fuit la révolution de 1917, et qui après un passage par Paris est allé faire carrière à Hollywood. Son film le plus connu en tant que réalisateur est « Intermezzo » (1939), un mélo qui a permis à Ingrid Bergman de faire sa première apparition en Amérique. Il est mort de leucémie en 1960, quelques mois après la sortie de « Oscar Wilde ».

Le scénariste américain Jo Eisinger, scénariste et co-producteur, n’est pas un inconnu. On lui doit notamment le scénario de l’excellent « Night and the City » (1950). Il a travaillé aussi bien aux USA qu’en Europe, et il travaillera plusieurs fois avec le réalisateur irlandais Terence Young (le réalisateur des premiers James Bond).

A ma connaissance, « Oscar Wilde » n’est pas disponible à ce jour (juillet 2021) sur support physique.