Une magnifique adaptation d’un roman dramatico-fantastique à priori inadaptable de Virginia Woolf. L’un des meilleurs rôles de Tilda Swinton
Orlando (1992)
Réalisé par Sally Potter
Ecrit par Sally Potter d’après le roman de Virginia Woolf
Avec Tilda Swinton, Billy Zane, Quentin Crisp, Charlotte Valandrey,…
Direction de la photographie : Aleksei Rodionov / Direction artistique : Michael Buchanan et Michael Howells / Montage : Hervé Schneid / Musique : David Motion et Sally Potter
Produit par Christopher Sheppard
Comédie dramatique /fantastique
90mn
UK / Russie / Italie / France / Pays-Bas
Orlando (Tilda Swinton) est un jeune noble qui devient le favori de Élisabeth Ire (Quentin Crisp) au XVIe siècle. La reine lui accorde terrain et richesses mais lui ordonne de ne jamais vieillir. Orlando va obéir à sa reine en vivant plus de 400 ans sans prendre une ride… mais en changeant de sexe !
Le moins qu’on puisse dire c’est que le roman de Virigina Woolf a un pitch original et a priori compliqué à traduire sur grand écran. Ca n’a pas ralenti la réalisatrice Sally Potter, déjà à l’origine de plusieurs courts, de courts métrages et d’un long « The Gold Diggers » (1983).
Sally Potter travaillera étroitement pendant cinq ans sur le projet avec l’actrice anglaise Tilda Swinton dont le physique androgyne a déjà séduit Derek Jarman (Swinton deviendra sa muse à partir de « Caravaggio » en 1986 jusqu’à sa mort du sida en 1994). Elle est ici l’actrice parfaite pour ce projet, donnant chair et esprit à ce personnage étonnant.
Il y a beaucoup d’ironie dans ce roman de Viriginia Woolf, paru en 1928 et inspiré de son histoire d’amour à la fin des années 20 avec l’écrivaine et aristocrate Vita Sackville West. Une passion racontée au cinéma dans le récent « Vita & Virginia » (2018).
Fidèle à l’esprit du roman même s’il prend de grandes libertés par rapport à l’intrigue, l’adaptation de Potter ne manque pas de fantaisie. Le quatrième mur est souvent brisé que ça soit à travers la narration qui s’adresse aux spectateurs ou quand Orlando jette des regards fréquents vers la caméra.
Elle a vécu 400 ans et a à peine vieilli, mais parce que cette histoire se déroule en Angleterre, tout le monde a prétendu n’avoir rien remarqué.
Même si on peut regretter que la fin soit un peu précipitée, l’originalité du personnage, la fluidité de la réalisation ainsi que la qualité irréprochable des interprètes et de la direction artistique (nominée aux Oscars) ne peuvent que séduire.
D’ailleurs puisqu’on parle des interprètes, notons particulièrement la présence au générique de Quentin Crisp, homosexuel célèbre du Londres des années 60-70, dans le rôle d’Élisabeth Ire. Son autobiographie « The Naked Civil Servant » sera transposée sur petit écran dans un téléfilm mythique en 1975.
DVD zone 2 FR. Studio Editions Montparnasse (2017). Version originale sous-titrée en français et version française