Une belle scène ne suffit pas à sauver le premier film en tant que réalisatrice de Kristin Scott Thomas qui s’enfonce dans la caricature

My Mother’s Wedding (2023)
(North Star)
Réalisé par Kristin Scott Thomas
Ecrit par Kristin Scott Thomas et John Micklethwait
Avec Scarlett Johansson, Sienna Miller, Emily Beecham, Kristin Scott Thomas, Michael Spicer,…
Direction de la photographie : Yves Bélanger / Direction artistique : Kevin Woodhouse / Montage : Joan Sobel / Musique : Rolfe Kent
Produit par Finola Dwyer et Steven Rales
Comédie dramatique
95mn
UK
Kristin Scott Thomas, la plus française des actrices anglaises (elle a acquis la nationalité française en 2017), est incontestablement une grande actrice. Elle a démontré son talent dans une carrière débutée dans le cinéma français mais qui s’est poursuivie aux USA et dans son Angleterre natale (on l’a vu récemment dans « Slow Horses » où elle est géniale face à Gary Oldman).
Il n’est pas rare qu’un acteur fasse le grand saut et décide de réaliser un film. Plutôt deux fois qu’une, celui-ci est inspiré de son vécu. Gary Oldman justement avait tourné « Nil by Mouth » (1996), un drame fort sur un père violent. On est ici dans un genre de film très différent mais inspiré également par la figure paternelle.
Kristin Scott Thomas qui a co-écrit le film dresse le portrait de trois soeurs qui font un retour difficile dans la maison familiale pour le troisième mariage de leur mère. L’histoire de la famille est originale. Le père des deux ainées, un aviateur dans l’armée, est mort en mission quand elles étaient jeunes. Leur mère s’est alors remariée avec le meilleur l’ami de leur père mais ce dernier est mort à son tour en mission, leur laissant une jeune soeur.
Bien que les trois soeurs soient adultes et qu’elles aient chacune une vie bien occupée (l’une est officier de la marine, l’autre star de cinéma et la petite dernière médecin), elles n’ont pas réglé leur histoire brisée avec deux pères idéalisés et une mère avec laquelle elles entretiennent une relation compliquée. Ceci expliquant leurs propres problèmes de parentalité ou encore d’instabilité affective.
L’histoire rocambolesque de cette famille est inspirée de la propre histoire de Kristin Scott Thomas. Elle dédie d’ailleurs le film à ces deux pères et joue elle-même le rôle de la mère. Pour les filles ainées, elle a recruté deux actrices hollywoodiennes (Scarlett Johansson et Sienna Miller) et pour la petite dernière l’actrice anglaise Emily Beecham (Hail, Caesar!, Daphne, Sulphur and White,…).
Pourtant, même si le projet est sympathique, Kristin Scott Thomas n’arrive pas à se dépatouiller de situations familiales attendues et caricaturales, et de surcroît vues mille fois. Les anecdotes de vie de cette famille recomposée réunie à l’occasion d’un mariage n’ont guère d’intérêt et la scène finale sur le porte avion dont le personnage incarné par Johansson est nommée capitaine (une première pour une femme) ne semble jamais vouloir finir !
En fait la seule scène qui m’a vraiment marqué dans le film est celle où la mère (interprétée par Thomas donc) remet les pendues à l’heure avec ses trois filles, devant les tombes de ses ex maris, et les confronte sur l’idéalisation puérile non résolue de ces figures paternelles trop fugaces. J’ai beaucoup aimé cette scène mais ça ne suffit pas à justifier tout ce qu’il y a autour….
« North Star » a été présenté au festival de Toronto mais depuis n’a eu que des sorties limitées dans certains pays. j’ai pu voir le film à Dinard en octobre 2025 mais à ma connaissance il s’agit de la première projection française et rien d’autre n’est prévu dans l’immédiat. « My Mother’s Wedding’ (le titre français !) ne devrait néanmoins plus tarder à débarquer sur une plateforme de streaming.

