Tant attendu, « No Time to Die » marque la fin de la période Daniel Craig dans le rôle de James Bond. Beaucoup de bruit mais pour quel résultat ?

No Time to Die (2021)

(Mourir peut attendre)

Réalisé par Cary Joji Fukunaga

Ecrit par Neal Purvis, Robert Wade, Cary Joji Fukunaga et Phoebe Waller-Bridge

Avec Daniel Craig, Léa Seydoux, Rami Malek, Lashana Lynch, Ralph Fiennes, Ben Whishaw, Naomie Harris, Rory Kinnear, Jeffrey Wright, Christoph Waltz, Ana de Armas,…

Direction de la photographie : Linus Sandgren / production design : Mark Tildesley / Montage : Tom Cross et Elliot Graham / Musique : Hans Zimmer

Produit par Barbara Broccoli et Michael G. Wilson pour Eon Productions, MGM et Universal Pictures

UK / USA

Ça y est, James Bond (Daniel Craig) est à la retraite et coule des jours paisibles en Jamaïque. Fin du film. Non bien sûr, c’est le début. Enfin pas tout à fait, car lors d’une scène pré-générique atypique pour un James Bond, on est replongé dans le passé d’un personnage de « Spectre » (2015), sa petite amie Madeleine (Léa Seydoux), avant de retrouver Madeleine et James amoureux en Italie. Mais quand Spectre rattrape James, ce dernier perd confiance en Madeleine et la fout dans le train. Adieu, c’est fini ! Cinq ans plus tard, le voilà seul en Jamaïque, occupé à pêcher le poisson exotique dans son petit cocon de luxe et de volupté. Mais un vieil ami Felix (Jeffrey Wright), agent pour la CIA, est de retour et le convainc de l’accompagner à Cuba pour une petite mission facile. Evidemment, tout ne va pas se passer comme prévu…

Enfin ! Le tant attendu « No Time to Die » est arrivé sur les écrans ! Et le moins qu’on puisse dire c’est qu’il s’est fait attendre. Prévu à l’origine pour une sortie dans les salles au printemps 2020, la sortie a été reculée pour cause de Covid à novembre 2020. Le semi échec du film réalisé par Christopher Nolan « Tenet » sorti à la fin de l’été 2020 n’a pu qu’encourager les producteurs a retarder à nouveau la sortie. S’en sont suivies des rumeurs comme quoi finalement il serait distribué sur Netflix ou Amazon Prime (pour une somme modique avoisinant 600 millions de $), avant qu’une sortie en salles soit finalement programmée à Octobre 2021.

Mais même sans cela, « No Time to Die » était déjà attendu de pied ferme après le triomphe de « Skyfall » (2012) et le très décevant « Spectre » (2015) tous deux réalisés par Sam Mendes. D’autant que Daniel Craig avait lâché une bombe en confiant à la sortie du dernier opus qu’il préférait se couper les veines que de tourner un nouveau James Bond. Deux ans plus tard, il confirme cependant qu’il tiendra bien le rôle une dernière fois ! Parallèlement, le réalisateur Danny Boyle (Trainspotting, Slumdog Millionnaire) qui devait signer ce 25e opus rend son tablier en 2018 à quelques semaines du début du tournage pour « différents artistiques » et il est remplacé par Cary Joji Fukunaga (découvert grâce à la saison 1 de « True Detective ») qui devient ainsi le premier réalisateur américain à prendre les rênes de la saga !

Ajoutez à cela que les bandes annonces diffusées depuis un an montraient le retour de deux personnages de l’épisode précédent – fait très rare dans la franchise -, la James Bond Girl Madeleine (Léa Seydoux) et le méchant Blofeld (Christoph Waltz), ainsi qu’un nouvel agent 007 incarné par une jeune femme noire (Lashana Lynch) – tout ça alors que les débats sur le genre et la toxicité du modèle masculin classique font rage -, et vous comprendrez pourquoi cet épisode était attendu avec fébrilité.

L’ambiance ne s’est pas calmée avec l’annonce de l’arrivée en fin de phase d’écriture de Phoebe Waller-Bridge, récemment multi-récompensée aux Emmys pour la sitcom Fleabag (2016-2019). Annonce qui a encore approfondit de quelques kilomètres le fossé entre ceux qui réclament un changement d’état d’esprit du dinosaure et ceux qui trouvent que Bond est forcément immuable et hors du temps. La présence de la jeune femme multi récompensée à l’écriture du scénario était-elle la promesse d’une psychologie plus fouillée des personnages, voire de l’ajout d’une bonne dose d’humour ? Forcément, ce James Bond allait être différent !

Et pourtant… Bon, je ne vais vous spoiler l’histoire, n’ayez crainte. Car tout l’intérêt de ce nouvel épisode, qui est aussi le plus long de la série (avec une durée de près de 3 heures !), est dans ses quelques twists et le final explosif. Oui, parce que sinon, on est face à du James Bond assez classique. Pas un mauvais épisode, loin s’en faut, mais pas non plus un James Bond digne de la hype qui l’a entouré (bien malgré lui, ceci dit).

Quant aux personnages féminins, ils sont un peu plus diversifiés et ont plus de répondant. Bond de son côté est nettement moins dragueur. Mais bon pour apparaitre au générique d’un James Bond, si vous êtes une dame, il vaut mieux être pas trop mal foutue (Ana de Armas est superbe, on va pas se mentir). Quant au personnage de Madeleine (incarné par Léa Seydoux), il est assez plat et cul-cul.

Sinon « No Time to Die » passe assez bien, même si on se serait passé d’une énième base secrète située sur une ile, si les scènes d’action n’ont vraiment rien de remarquable et que le film s’étire inutilement (ou pas – ça dépend si la romance avec Madeleine/Léa Seydoux vous convainc ou vous agace).

Les années Craig auront été marquées par quelques très bons opus (« Casino Royale » et « Skyfall ») et de très médiocres (« Quantum of Solace » et « Spectre »). « No Time to Die » est au moins une façon assez digne pour Craig de tirer sa révérence. Daniel Craig aura aussi incarné une évolution intéressante de James Bond – plus rugueux à l’extérieur mais plus fragile à l’intérieur.

Avec « No Time to Die », Eon Productions annonce clairement une volonté de faire évoluer la formule. Il y a bien sûr de nombreuses pistes, mais en tout cas, pour le meilleur ou pour le pire, le prochain 007 marquera un nouveau départ qui devrait « logiquement » être assez radical.

Dans les salles françaises depuis le mercredi 6 octobre