Un film d’horreur efficace qui joue sur la lutte entre le rationalisme et le monde occulte. Le plaisir est un peu gâché par un monstre ridicule imposé par le producteur.

Night of the Demon (1957)

(Rendez-vous avec la peur)

Réalisé par Jacques Tourneur

Ecrit par Charles Bennett et Hal E. Chester d’après la nouvelle de M.R. James

Avec Dana Andrews, Peggy Cummins, Niall MacGinnis, Maurice Denham…

Directeur de la photographie : Edward Scaife / Musique : Clifton Parker / Montage : Michael Gordon / Décors : Ken Adam

Produit par Frank Bevis

UK

Le professeur Harrington (Maurice Denham) trouve la mort dans de mystérieuses circonstances après avoir publiquement accusé le docteur Karswell, spécialiste en sciences occultes, de charlatanisme. Un confrère de la victime, l’éminent savant américain John Holden (Dana Andrews), enquête sur sa disparition. Lorsqu’il rencontre Karswell, celui-ci tente de l’effrayer : il ne lui resterait que 3 jours à vivre…

Un psychiatre rationaliste John Holden (Dana Andrews) arrive à Londres pour faire une conférence où il dénonce le charlatanisme. Mais sitôt arrivé sur place, il apprend la mort de son confrère, le professeur Harringon, et doit faire face aux menaces du docteur Karswell, un spécialiste des sciences occultes. Heureusement, il va pourvoir compter sur l’aide de la nièce du professeur Harlington (Peggy Cummins).

« Night of the Demon » est surtout un duel entre deux hommes, le docteur Karswell, un adepte des forces occultes et John Holden, un fieffé rationaliste. Le spectateur est glissé dans la peau du rationaliste dont les doutes s’ébrèchent face aux événements.

L’idée du film vient du scénariste britannique Charles Bennett qui acquiert les droits d’une nouvelle de HR James. Bennett est un dramaturge et ancien collaborateur régulier d’Hitchcock (dans sa période anglaise) mais aussi de Cecil B. DeMille et Lewis Allen. Il pense d’abord réaliser le film, mais suite à des problèmes avec la censure et la défection d’un producteur, il signe avec un producteur de Brooklyn, Hally Chester et recrute au passage Jacques Tourneur qui de son côté fait signer son ami l’acteur américain Dana Andrews pour le rôle principal.

Sur le tournage, Hally Chester ne se fait pas que des amis. Chester intervient sur le scénario (avec probablement Cy Endfield en sous main) et, plus grave, veut régulièrement intervenir pendant le tournage pour limiter les frais ou s’assurer que sa vision du film est bien celle filmée par Tourneur. Après le tournage, Tourneur rentre aux USA et Chester s’occupe du montage. C’est lui qui fera fabriquer par le chef décorateur Ken Adams une figure du monstre et la rajoutera au début et à la fin du film.

« Night of the Demon » est un bon film fantastique qui bénéficie notamment d’une très belle direction artistique et d’une superbe photo. Tourneur sait distiller des effets qui nous mettent mal à l’aise. Mais l’ambiance est un peu gâchée par le monstre de carton pâte (largement représenté dans les affiches et documents publicitaires de l’époque). Ce monstre enlève toute ambiguïté au film. Ce dernier aurait été bien plus fort et convaincant si on avait pu se poser la question de la réalité du monstre. L’imposer de la sorte est contre-productif.

Le réalisateur français Jacques Tourneur est parti rapidement faire carrière à Hollywood où il fait des films de genre (policier, fantastique, aventures, western…). Il y réalise quelques classiques comme « Cat People » (La féline, 1942). Tourneur est passé par la Grande-Bretagne durant les années 50 où il réalise « Circle of Danger » (1951) et « Night of the Demon » (1957).

L’éditeur Wild Side nous propose le film en coffret collector avec un DVD/blu-ray de très belle qualité. Au niveau des bonus vidéos il faut se contenter de la version américaine du film (raccourcie de 9 minutes). Mais on a aussi droit à un très bon livre sur le film, richement illustré et signé Michael Henry Wilson. On peut toutefois regretter la mention rapide de Hammer (page 22) avec un dédain affiché pour le « gothique » qui au même moment triomphe sur les écrans britanniques. Selon Wilson, la Hammer aurait « pillé allègrement les classiques de James Whale, Todd Browning ou Karl Freund » avec notamment « Frankenstein s’est échappé », décrit ici comme le « premier triomphe de la Hammer ».  Au-delà du jugement aussi lapidaire que simpliste et idiot (on sent des relents auteuristes qu’on aurait pensé disparu dans la critique actuelle du cinéma), on précisera ici que le premier triomphe de la Hammer est en fait « The Quatermass Xperiment », un film de SF de 1955 (et qui n’a absolument pas à rougir par rapport à n’importe quel film de Tourneur !).

Blu-ray/DVD FR. Studio Wild Side Video. Version originale avec des sous titres français Coffret-livre contenant : le Blu-ray du film en version longue (95′) et version courte américaine (82′ – VOST), le DVD du film (91′), le livre « Le versant crépusculaire » écrit par Michael Henry Wilson, illustré de photos et documents d’archives rares (128 pages)