Une comédie criminelle classique mais à l’exécution sans faute. Un futur classique de la télévision britannique ?

Ludwig (2024)

Série créée et écrite par Mark Brotherhood

Réalisé par Robert McKillop (3 épisodes) et Jill Robertson (3 épisodes)

Avec David Mitchell, Anna Maxwell Martin, Dipo Ola, Sophie Willan, Gerran Howell, Izuka Hoyle, Dylan Hughes, Dorothy Atkinson,…

Direction de la photographie : Nick Martin (3 épisodes) et Annika Summerson (3 épisodes) / Production design : Melanie Allen / Montage : Nikki McChristie (3 épisodes) et Simon Reglar (3 épisodes) / Musique : Finn Keane et Nathan Klein

Produit par Georgie Fallon

Saison 1 (6 épisodes)

Crime / Comédie

UK

Il y a toute une tradition qui remonte à la littérature criminelle de personnages excentriques, voire asociaux, qui se révèlent être des détectives de génie grâce à leur intelligence suprême. Côté britannique, on pense évidemment à Sherlock Holmes de Conan Doyle, au père Brown de G.K Chesterton ou encore à Hercule Poirot et miss Marple d’Agatha Christie.

A vrai dire, le genre est tellement usé qu’on se demande comment innover encore à la matière et si le public ne va pas finir par se lasser d’une recette vieille comme le monde. Et pourtant, voici encore une fois la preuve que non avec le très bon accueil reçu par « Ludwig », série qui a été diffusée sur BBC One entre fin septembre et fin octobre 2024… et qui vient sans surprise d’être renouvelée pour une deuxième saison. Pour tout dire, on la voit bien durer une dizaine d’années, si l’acteur principal ,David Mitchell, n’y met pas fin de lui-même !

Le héros de la série est un archétype du genre, qui rentre tout à fait dans le spectre autistique : John Taylor (David Mitchel) est un vieux garçon qui quitte rarement son appartement et conçoit des livres de puzzles complexes sous le nom de plume de Ludwig.

John va être placé dans une situation improbable. Un jour, sa belle-soeur Lucy (Anna Maxwell Martin) lui demande de venir en urgence à Cambridge car son frère jumeau James a disparu. Pour en savoir plus, Lucy convainc John de se faire passer pour James, qui était inspecteur de police.

« Ludwig » est un whodunnit des plus classiques. Chaque épisode s’ouvre sur un meurtre. John/James étudie le crime, trouve la solution à un problème jugé impossible et révèle la solution et confronte le coupable lors d’une réunion avec tous les suspects. En fil rouge, l’enquête que mènent John et Lucy pour retrouver James.

Le succès de « Ludwig » vient de l’exécution. Depuis une dizaine d’années, le créateur de la série et scénariste des six épisodes Mark Brotherhood a participé aussi bien aux épisodes de sitcoms (Benidorm, Cold Feet,..), de soaps (Hollyoaks) ou de série policière dont un certain « Father Brown » basé sur le personnage cité plus haut et créé par G.K Chesterton.

Dans « Ludwig », on retrouve ce melting pot : l’interaction très travaillée entre les personnages. Par exemple, Lucy est à la fois la belle-soeur de John et sa seule amie féminine pour qui il cultive un amour pas si secret que ça. Et il y a toujours ces relations à double face entre les principaux personnages de la série, comme d’ailleurs entre John et James. Du coup les personnages sont intéressants et leurs interactions créent une dynamique.

Comme chez Agatha Christie ou GK Chesterton, on trouve ce mélange de crimes aux énigmes bien travaillées et cet humour très présent souvent provoqué par le comportement du détective, en décalage avec les comportements sociaux établis.

Enfin, et c’est très important dans les créations audiovisuelles de ce genre : il vous faut pas seulement le bon acteur mais celui qui sera parfait, qui habitera le rôle au point d’en devenir indissociable. Les cas sont légion : côté américain Peter Falk (Columbo) et Hugh Laurie (Dr House), côté britannique David Suchet (Poirot) et Jeremy Brett (Sherlock Holmes)…

Ici c’est donc David Mitchell qui incarne le personnage central. Ceux qui connaissent un peu la comédie britannique, connaissent forcément Michell pour son duo avec Robert Webb. Cette collaboration a donné naissance à un classique de la télévision britannique : « Peep Show » (2003-15). Autant dire qu’ici il fait des étincelles et si la série se poursuit dans le temps, ne manquera pas de lui aussi ne faire plus qu’un avec la création qu’il incarne. Le voudra-t-il vraiment ? C’est une autre histoire).

Rajoutez en bonus la ville de Cambridge et son histoire séculaire gravée dans son architecture et vous aurez une recette parfaite pour tenir en haleine devant leur écran un public ravi.