Deuxième et dernier Bond de Timothy Dalton, « Licence to Kill » enfonce le clou du 007 sombre et « réaliste » avec plus de violence (mais aussi quelques concessions)
Licence to Kill (1989)
(Permis de tuer)
Réalisé par John Glen
Ecrit par Michael G. Wilson et Richard Maibaum d’après Ian Fleming
Avec Timothy Dalton, Carey Lowell, Robert Davi, Talisa Soto, Benicio Del Toro, Everett McGill, Robert Brown, Desmond Llewelyn, Caroline Bliss,…
Direction de la photographie : Alec Mills / Production design : Peter Lamont / Montage : John Grover / Musique : Michael Kamen
Produit par Albert R. Broccoli et Michael G. Wilson
Aventures / Thriller
133mn
UK / USA / Mexique
Il est fort probable que malgré le succès de « The Living Daylights« , le premier Bond de Timothy Dalton, qui paraissait quasi austère par rapport aux épisodes menés par Roger Moore, les producteurs aient décidé qu’ils étaient allés un peu trop loin dans la déconstruction. C’est visible dès la scène d’ouverture où un Bond souriant est témoin du mariage d’un couple d’amis sous le soleil de Miami (même si le marié et le témoin ont été obligés de faire un petit détour pour arrêter un baron de la drogue dans la séquence d’ouverture).
Evidemment le fun ne dure qu’un temps jusqu’à la fuite du baron en question, un certain Sanchez (Robert Davi) qui, après une revanche bien sentie contre le couple d’amis de Bond, retourne fissa dans son propre Etat d’Amérique Latine qu’il gouverne officieusement et dans lequel il a construit une immense usine ultra moderne pour produire de la drogue (usine cachée derrière un temple religieux grâce à l’aide d’un évangéliste / homme de paille).
Avec Sanchez qui s’en est pris à ses amis, cette fois-ci, c’est personnel ! D’autant que ça ravive les souvenirs dramatiques de son propre mariage (voir « On Her Majesty’s Secret Service », 1969).
Bond range son sourire pour envoyer valser sa hiérarchie (ce qui lui vaut de perdre son permis de tuer). Direction l’Amérique du sud mais pas seul car il est accompagné par la belle Pam Bouvier (Carey Lowell). Et ils seront rejoints sur place par Q (Desmond Llewelyn) envoyé officieusement sur le terrain par Miss Moneypenny, inquiète pour son espion adoré.
Ce sera l’occasion pour le Bond de Timothy Dalton de goûter enfin au luxe (ce qui lui manquait clairement dans le précédent opus). Bond est plein aux as après avoir récupéré l’argent de Sanchez, et le disperse aux quatre vents (parfois littéralement). Direction donc un hôtel de luxe, le casino puis le palais mégalo construit par Sanchez quand il a réussit à gagner la confiance de celui-ci.
Oui parce que « Licence to Kill » est aussi un retour au grand méchant mégalo. En la matière, Sanchez vaut son pesant de cacahuètes. De même pour son second Dario, joué par un tout jeune Benicio Del Toro, vicieux à souhait. qui trouve ici son premier rôle important au cinéma (il avait inauguré sa carrière cinématographique l’année précédente dans la comédie familiale « Big Top Pee-wee » !).
Tout en restant ancré dans une approche réaliste, « Licence to Kill » retrouve un peu du divertissement over the top (ah la course de camion finale !) et de l’humour qu’il semblait avoir mis de côté. Il a même DEUX très belles donzelles qui aimeraient bien le mettre dans leur lit. Mais attention, pas de révolution pour autant, Dalton est bien décidé à rester le plus sérieux des James Bond, une lecture d’après lui bien plus fidèle du personnage créé par Ian Fleming. Et « Licence to Kill » reste l’un des épisodes les plus sombres et des plus violents de la saga.
Pour la petite histoire, ce 16e James Bond est le premier a être filmé entièrement en dehors de la Grande-Bretagne. Les séquences de studio ont été tournées non pas aux Studios Pinewood près de Londres mais aux Estudios Churubusco dans la banlieue de Mexico. Pour remplacer John Barry qui avait des problèmes de santé, les producteurs ont appelé à la rescousse le new yorkais Michael Kamen, qui avait notamment signé les bandes originales de « Die Hard » (1988) et « Lethal Weapon » (L’arme fatale, 1987).
« Licence to Kill » ne sera pas le succès escompté au box office, surtout après les promesses de renouveau apportées par « The Living Daylights ». Trop sombre, trop éloigné des codes James Bondiens, ou trop entre deux eaux (je continue à trouver que « The Living Daylights » allait plus loin dans la décontruction post-Moore) ? En tout cas, le public ne s’y retrouve pas. Suite à un conflit juridique, il faudra attendre six ans (une éternité pour la saga James Bond) pour retrouver 007 dans « Goldeneye »…. et sans Timothy Dalton, lassé d’attendre et libéré de ses obligations contractuelles par le retard pris.