Review of: Leo The Last
Comédie dramatique:
John Boorman

Reviewed by:
Rating:
4
On 13 septembre 2018
Last modified:24 mars 2021

Summary:

Quatrième film de John Boorman, "Leo The Last" est le portrait ironique, mais parfois aussi pathétique et tendre, d'un riche idéaliste qui retrouve la raison de vivre en aidant une famille pauvre de sa rue.

Quatrième film de John Boorman, « Leo The Last » est le portrait ironique, mais parfois aussi pathétique et tendre, d’un riche idéaliste qui retrouve la raison de vivre en aidant une famille pauvre de sa rue.

Leo The Last (1970)

(Leo le dernier)

Réalisé par John Boorman

Ecrit par William Stair et John Boorman

Avec Marcello Mastroianni, Glenna Forster-Jones, Billie Whitelaw, Calvin Lockhart, Vladek Sheybal,…

Direction de la photographie : Peter Suschitzky / Montage : Tom Priestley / Musique : Fred Myrow

Produit par Robert Chartoff et Irwin Winkler

Comédie dramatique

UK

Leo (Marcello Mastroianni) est l’héritier du trône d’un pays européen devenu république. Il retourne à Londres dans la maison familiale, une superbe bâtisse située dans le quartier pauvre de Notting Hill. Alors que des partisans menés par son majordome (Vladek Sheybal) se préparent à prendre les armes contre la république, Leo épie ses voisins, une famille noire qui le fascine.

Leo est héritier d’un trône qui n’existe plus. En exil, débarqué dans la maison familiale luxueuse perdue dans le quartier pauvre de Notting Hill, il souffre d’ennui. Il n’est pas très à l’aise avec ses congénères humains et notamment son entourage : le majordome fanatique qui souhaite le retour de la royauté et rêve de Leo en leader, Margaret (Billie Whitelaw), une arriviste qui rêve de mettre la main sur sa fortune ou encore son médecin new age.

A l’encontre des attentes des vautours qui le cernent, Leo passe son temps à regarder les oiseaux avec sa longue vue. Mais il s’aperçoit bientôt que la population de sa rue, constituée essentiellement de noirs sans le sou, est passionnant.

Il se prend d’amitié (virtuelle) pour une famille noire et la jeune femme Salambo (Glenna Forster-Jones). Celle-ci vit chez ses parents, très pauvres, qui ont de la difficulté à payer le loyer. Son petit ami Roscoe (Calvin Lockhart) vole pour que la famille de Salambo puisse se nourrir, mais se fait arrêter par les policiers. Salambo décide alors de se prostituer.

Leo, jusqu’alors passif et voyeur de leur intimité, n’osant même pas intervenir quand Salambo se fait agresser sexuellement, fait livrer des courses auprès de la famille, mais le père de Salambo meurt juste après le repas, et Leo se sent coupable. Comment va-t-il pouvoir se racheter ? Et si il leur offrait sa maison ?

Leo est anesthésié par son entourage aristocratique décadent (la scène de fête où les invités se goinfrent et baisent – ou alors de la séance de médecine new age dans la piscine). L’authenticité de son voisinage lui permet de ressentir à nouveau quelque chose. Il croit alors qu’il peut les aider – quitte à tout perdre.

Boorman se moque avec ironie, mais aussi une dose de tendresse, du personnage du riche qui souhaite se payer une virginité en se mettant du côté des plus faibles.

In fine, à défaut d’avoir sauvé le monde, Leo aura sauvé son âme.

– “Tu as réussi à changer le monde ?”
– “Non, mais j’ai changé la rue.”

« Leo The Last » est le quatrième film de John Boorman, qui revient au Royaume-Uni après deux films américains « Point Blank » (1967) et « Hell in the Pacific » (1968). Il en co-signe le scénario avec William Stair.

Il s’agit de son film le plus personnel et le plus risqué de son début de carrière. Une partie du film consiste en des scènes montrées à travers la longue vue de Leo tandis qu’un brouhaha de voix résonnent dans sa tête et commentent son état de santé mentale.

C’est aussi un portrait sans fard de la misère régnant des quartiers populaires de Londres. Les rues sont noires et suintent la pauvreté, jurant avec la façade blanche de la maison de Leo. C’est aussi l’un des très rares films de l’époque qui donne un temps d’écran à la Communauté afro-caribéenne de Londres.

A défaut d’un succès public, la réalisation inventive de Boorman lui vaudra le prix de la mise en scène au festival de Cannes. Pour son prochain film, Boorman retournera aux USA et y tournera l’un de ses plus grand succès : « Deliverance » (1972).

Marcello Mastroianni est excellent comme à son habitude dans ce personnage décalé. On appréciera aussi les prestations du couple formé par Calvin Lockhart et Glenna Forster-Jones. Les deux acteurs s’étaient déjà croisé sur le film « Joanna » (1968), mais il est dommage que Glenna n’ait pas eu une carrière plus substantielle sur grand écran.

« Leo The Last » est étrangement difficile à trouver aujourd’hui (pas d’édition anglaise ni française et une édition américaine étriquée !). Il serait temps qu’un éditeur sérieux se penche à nouveau sur ce film injustement oublié.

DVD zone 1 USA. Studio MGM. Version originale sans sous-titres.