Review of: Last Orders
Drame:
Fred Schepisi

Reviewed by:
Rating:
4
On 5 avril 2016
Last modified:7 juillet 2018

Summary:

Un drame sensible sur la mort et la vie qui passe, porté par un quatuor mémorable. Un film d'ensemble étonnamment réussi malgré un sujet qui aurait pu tomber dans le mélo le plus outrancier

Un film d’ensemble étonnamment réussi malgré un sujet qui aurait pu le faire sombrer dans le mélo le plus outrancier.

LastOrders2001

Last Orders (2001)

Réalisé par Fred Schepisi

Ecrit par Fred Schepisi d’après le roman de Graham Swift

Avec Michael Caine, Bob Hoskins, Tom Courtenay, David Hemmings, Helen Mirren, Ray Winstone,…

Directeur de la photographie : Brian Tufano

Musique : Paul Grabowsky

Produit par Fred Schepisi et Elisabeth Robinson

Drame

109 mn

UK / Allemagne

Trois vieux amis Ray (Bob Hoskins), Vic (Tom Courtenay) et Lenny (David Hemmings) se réunissent préparent le dernier voyage de leur ami Jack (Michael Caine) dont la dernière volonté est de voir ses cendres dispersées à Margate. Ils se remémorent leurs souvenirs de leur ami de cinquante ans.

LastOrders2001« Last Orders » s’attaque à un sujet casse-gueule qui peut donner lieu au pire des mélos : la disparition d’un proche. D’autant que le film se déroule après la mort de celui-ci et que l’histoire qui lie les quatre amis, sa relation avec sa femme et son fils nous seront racontées en flashbacks.

« Last Orders » s’insère de plus dans un genre foutraque qu’on appelle les films à distribution d’ensemble (ensemble movies) : beaucoup de personnages qui sont censés avoir la même importance à l’écran et qui du coup souvent se retrouvent à l’étroit dans un film dont la durée est trop limitée pour leur donner de la respiration (ici six personnages principaux doivent se partager moins de deux heures de temps à l’écran).

Bref on peut logiquement craindre le pire. Et pourtant…

Le début du film est un peu déstabilisant. On se demande où il va. Trois amis se réunissent dans leur pub favori avec une urne contenant les cendres de leur ami, Jack, un boucher du East End. Ses amis, soixantenaires, sont des gens de la même classe : un propriétaire d’une entreprise de pompes funèbres, un marchand de fruits et légumes et un adepte des courses. Des gens tout à fait normaux. Trop ?

Mais la magie opère rapidement du fait d’un scénario et de personnages qui finissent par attirer l’intérêt. Via les flashbacks et en découvrant sa famille (sa femme et ses enfants), les souvenirs de ses amis, on en apprend plus sur Jake, ses qualités et ses défauts qui font de lui ce qu’il est.

« Last Orders » nous dresse des portraits convaincants de cette génération qui a connu la seconde guerre mondiale et s’est ensuite attelée à la reconstruction. Des portraits d’Anglais ordinaires issus des classes populaires. Le matériau de base pour le film est dû à la plume de Graham Swift, écrivain londonien rendu célébré dès son troisième roman en 1983 pour « Waterland ». « Last Orders » est son sixième roman et a remporté le fameux Booker Prize en 1996.

Et pour interpréter ces héros très normaux, le réalisateur australien Fred Schepisi (Evil Angels, Roxanne,…) réunit trois des acteurs les plus emblématiques du cinéma britannique des années 60 : Michael Caine (Alfie), David Hemmings (Blow Up) et Tom Courtenay (Billy Liar). Auxquels il ajoute trois acteurs de la décennie suivante : Bob Hoskins et Helen Mirren (qui ont formé un duo inoubliable dans « The Long Good Friday » en 1980). Quant à Ray Winstone (qui joue ici le fils de Jack), il a eu son premier grand rôle en 1979 dans « Scum » d’Alan Clarke. Tous ces acteurs, si familiers pour les spectateurs, permettent une identification et un sentiment de familiarité quasi immédiats.

Avec un tel casting, difficile de livrer un film sans le moindre intérêt, même si autant d’acteurs renommés peuvent finir par desservir le film. Et c’est ce qu’il se passe d’une certaine façon car les flashbacks font très ternes en comparaison (pas seulement pour le jeu d’acteur mais ça y participe).

En dépit de toute raison, « Last Orders » est une réussite, pleine de sensibilité. Et ça c’est un miracle.

DVD Zone 1 US. Studio Sony Pictures Classics. Version originale avec sous-titres français.