Un film noir glacial sur la vengeance et la rédemption impossible. Mike Hodges est inspiré mais le scénario souffre de nombreuses faiblesses.

Seule la mort peut m'arrêter (2003)

I’ll Sleep When I’m Dead (2003)

(Seule la mort peut m’arrêter)

Réalisé par Mike Hodges

Ecrit par Trevor Preston

Avec Clive Owen, Malcolm McDowell, Charlotte Rampling, Jonathan Rhys Meyers, Jamie Foreman,…

Directeur de la photographie : Michael Garfath

Produit par Mike Caplan

Thriller

102 mn

UK / USA

i_ll_sleep_when_i_m_dead (affiche)Will Graham (Clive Owen) a quitté son ancienne vie de gangster londonien depuis 3 ans et sillonne désormais les routes britanniques dans un fourgon, incognito. Mais quand il n’a plus de nouvelles de son frère Davey (Jonathan Rhys Meyers) il décide de retourner dans la capitale.

Mike Hodges a eu une carrière déséquilibrée avec de nombreuses déceptions. Mais grâce au succès américain imprévu de « Croupier » en 2001 (trois ans après sa sortie ratée au UK), Mike Hodges est de retour sur grand écran avec une histoire de gangster qui rentre dans la ville où il a grandi pour retrouver son frère, puis expliquer et venger son suicide. Forcément on pense à « Get Carter » (La loi du milieu), son chef d’oeuvre inégalé de 1971.

Et les parallèles entre les deux films sont réels. Sauf que contrairement à Carter, Graham est un ex-gangster qui a tout quitté et vit sur la route, comme un SDF. Il revient à Londres où il a été un chef de clan et doit faire face à ses anciens démons, à ses ex-subordonnés qui ne comprennent pas son départ et à son ex-femme qui ne lui pardonne pas de l’avoir quittée.

Comme Carter, Graham est un homme de peu de mots. Mais si Carter est froid et sans pitié, Graham lui essaie de trouver la paix, cherche la rédemption, même s’il n’arrive pas à toujours à se contrôler. Et la grande question est : Graham peut-il revenir à Londres et venger son frère sans retomber dans ses anciens démons – sans (re)devenir un Carter ?

Comme dans « Get Carter », une terrible et glauque vérité se cache derrière la mort du frère. Mais ce n’est pas ici sujet à suspense car nous avons été témoin de la scène (contrairement à Graham) et nous connaissons donc la vérité bien avant lui. La raison du suicide du frère est d’ailleurs intéressante (et on n’avait pas besoin de l’explication longuette du psy pour comprendre les implications).

Malgré un héros a priori un brin plus positif, « I’ll Sleep When I’m Dead » est un pur film noir, pessimiste et dur. Le film est d’abord une ambiance. Lent, doté d’une superbe photo et d’une musique glaciale, il en pose. On a également droit à un casting intéressant.

Le problème à mon goût vient en fait essentiellement du scénario. Certains personnages sont clairement sous exploités – comme les anciens subordonnés de Graham ou encore son successeur, le nouveau boss dont la présence et les nombreuses apparitions n’apportent finalement pas grand chose à l’histoire. Pareil pour le personnage de Boad (interprété par Malcolm McDowell) qui reste très superficiel.

La fin, volontairement ambiguë, me semble assez maladroite. Et personnellement, je ne vois pas l’intérêt d’avoir répété la scène finale deux fois dans le film, au début et à la fin.

Si vous aimez les films noirs, vous apprécierez l’ambiance qui se dégage de ce long métrage, certes plombé par certaines faiblesses du scénario et de construction, mais qui reste une oeuvre intéressante sur la vengeance, le pouvoir et la masculinité.

DVD TF1 Vidéo. Version originale sous titrée en français et version française.