Une satire taillée à la hache des élites économiques et intellectuelles des années 60. Un film méconnu à (re)découvrir.
I’ll Never Forget What’s’isname (1967)
(Qu’arrivera-t-il après ?)
Réalisé par Michael Winner
Ecrit par Peter Draper
Avec Oliver Reed, Orson Welles, Carol White, Harry Andrews, Edward Fox, Marianne Faithfull, Wendy Craig, Frank Finlay…
Directeur de la photographie : Otto Heller
Musique : Francis Lai
Produit par Michael Winner pour Scimitar Productions et Universal Pictures
Comédie dramatique / Satire
UK
Ecoeuré par la malhonnêteté de son patron Jonathan Lute (Orson Welles) et de son travail au sein d’une grande agence de publicité, Andrew Quint (Oliver Reed) fait une croix sur sa brillante carrière pour co-diriger une petite revue littéraire. Son changement de vie inclus également de se séparer de sa femme et ses maîtresses. Mais les choses se compliquent…
Au milieu des années 60, Michael Winner (futur réalisateur de « Death Wish » avec Bronson) tournait depuis déjà dix ans. Il est passé par le documentaire, le film musical, la comédie,… Parmi pas mal de déchets, on retrouve quelques films notables qu’il serait idiot d’ignorer. « The System » (1964) et « I’ll Never Forget What’s’isname » (1967), tous deux scénarisés par le gallois Peter Draper et avec Oliver Reed dans le rôle principal, font partie de ceux-là.
« I’ll Never Forget What’s’isname » débute avec Andrew Quint (interprété par Oliver Reed) qui se promène dans la rue avec une hache sur l’épaule. Arrivé dans son bureau, il détruit tout. C’est la méthode choisie par ce petit génie de la pub pour poser sa démission, et faire comprendre à son boss (Orson Welles) qu’il ne compte pas revenir en arrière ! En effet Quint en a marre de sa vie vide de sens, faite d’argent et de filles faciles, et décide de retourner à ses premiers amours : la littérature. Sauf que bien sûr rien ne sera simple.
Voici un film à forte dose d’ironie et satire qui tape de tous les côtés. Les années 60 sont passées à la moulinette. Si le monde de la publicité n’est pas épargné, celui du monde universitaire et de la littérature non plus. Car dans tous les domaines, parmi ces élites économiques et intellectuelles, on retrouve des hommes, ces créatures imparfaites, faibles, continuellement tentées par la chair et l’argent faciles. Ces hommes, quelques soient leurs ambitions, sont des monstres d’égoïsme et son pris dans un système fermé. La fuite de Quint dans l’espoir de devenir quelqu’un de bien et de donner un sens à sa vie est vaine et on le comprend rapidement, il a de fortes chances de se précipiter à toute allure… vers la case départ.
Le film n’est pas sans défauts, quelques scènes semblent inutiles et cassent le rythme. Par ailleurs, le thème n’est pas d’une originalité folle. Mais l’énergie malsaine d’Oliver Reed fait merveille. Les contradictions et défauts de son personnage sont exposés en plein jour. Finalement les seules êtres libres de ce « I’ll Never Forget What’s’isname » pourraient être les femmes, en marge de ce système de fabrication des élites, mais leur liberté semble se limiter au choix de leur partenaire masculin.
Le casting est exceptionnel. Aux côtés d’Oliver Reed on retrouve Carol White révélée par Ken Loach d’abord à la télévision (Cathy Come Home, Up the Junction) puis au cinéma (Poor Cow) et Wendy Craig (qui s’était fait remarquée quelques années plus tôt dans « The Servant » de Losey). Orson Welles joue comme d’habitude à la perfection les rôles d’homme puissant, manipulateur et odieux. A noter également une apparition rapide de Marianne Faithful et la présence dans des rôles secondaires de Frank Finlay et Harry Andrews.
Enfin, signalons que la musique est l’un des premières compositions du prolifique Francis Lai et la direction de la photo est l’une des dernières du légendaire Otto Heller.
Si tout ça ne titille pas au moins votre curiosité, je ne sais plus qu’ajouter !
[xrr rating=7/10]
DVD zone 2 FR. Studio Bach Films (2007). Version originale sous-titrée en français.