Un film d’horreur bien fichu, l’une des oeuvres les plus réussies de Pete Walker qui a participé au renouveau de l’horreur made in Britain dans les années 70

House of Whipcord (1974)

(Flagellations)

Réalisé par Pete Walker

Ecrit par David McGillivray d’après une histoire de Pete Walker

Avec Barbara Markham, Ann Michelle, Penny Irving, Ray Brooks, Patrick Barr, Sheila Keith, Robert Tayman,…

Direction de la photographie : Peter Jessop / Direction artistique : Michael Pickwoad / Montage : John Black / Musique : Stanley Myers

Produit par Pete Walker pour Peter Walker (Heritage) Ltd.

Horreur

102mn

UK

Un jeune manequin français Anne-Marie (Penny Irving) installé à Londres rencontre un jeune homme séduisant et sombre Mark E. Desade (Robert Tayman). Ce denier invite la jeune femme à la campagne chez ses parents. Mais elle se retrouve en fait enfermée dans une prison ! 

Flagellations - afficheUne jeune femme, vêtue d’une simple blouse, erre dans la nuit sous la pluie battante et frappe à la vitre de la cabine d’un camion garé sur une aire de repos. Le camionneur prend la jeune femme mais celle-ci est sous le choc et est à peine capable de parler.

Par la suite nous suivons en flashback l’histoire de le jeune femme Anne-Marie (Penny Irving), un top model français habitant à Londres qui va se retrouver piéger par un jeune homme, au charme inquiétant et au pseudo à l’unisson, Mark E. De Sade. Elle se retrouve bientôt enfermée dans une prison privée où des jeunes pécheresses sont jugées, humiliées, torturées et condamnées à mort ! Ici, il n’y a qu’une seule voie pour la rédemption ! Trois femmes sadiques (superbement interprétées par  font régner une justice expéditive, en utilisant un vieux juge gâteux comme pantin.

« House of Whipcard » met en scène des représentants de l’autorité, âgés et acariâtres, qui ne supportent plus la jeunesse hédoniste et la décadence des moeurs. Le mari et la femme, ex représentants du système judiciaire officiel (lui était juge et elle directrice d’une prison), montent leur propre centre de détention, secret, pour prendre le relais d’une justice incompétente à leurs yeux.

Le film adopte le sous-genre des films de prison pour femmes, mais s’il y a des scènes de cruauté qui impliquent de belles jeunes femmes peu habillées, voire dénudées, on ne peut réduire « House of Whipcord » à un film jouant sur le côté voyeur du spectateur. Le film ne cherche pas à exciter les sens et beaucoup de situations choquantes sont filmées hors champs. Le scénario de David McGillivray (qui collabore ici pour la première fois avec Pete Walker) est bien construit, la réalisation solide et les prestations des trois matrones (Barbara Markham, Sheila Keith et Dorothy Gordon) mémorables.

La lecture du scénario peut se faire à double sens : « House of Whipcord » semble à la fois alerter sur les risques d’une justice privée expéditive et hypocrite (ici la justice est rendue plus au nom de la folie et la rancoeur de la directrice de l’institution pénitentiaire qu’au nom du Christ dont le nom figure de manière proéminente dans la salle du « tribunal »), mais également se moquer de la futilité d’une jeunesse en perdition, naïve et inconséquente. Des victimes désignées (comme dans le genre du slasher dont les prémices remontent au tout début des années 60 avec des oeuvres comme « Psycho » d’Hitchcock ou « Peeping Tom » de Powell).

A la fin des années 60, Pete Walker est surtout connu pour ses comédies érotiques. Il est passé au début des années 70 à des styles différents, le thriller (« Man of Violence » et « Die Screaming Marianne » en 1971) et le film d’horreur « The Flesh and Blood Show », (1972). Tourné après la comédie sexuelle « Tiffany Jones » (1973) avec Ray Brooks (le héros de la comédie swinging sixites « The Knack…« , aussi présent au générique ici dans un rôle secondaire). « House of Whipcard » continue avec la veine horrifique inaugurée en 1972 qui constitue la grande période de ce réalisateur indépendant anglais né à Brighton. Suivront notamment « Frightmare » sorti la même année, ou encore « House of Mortal Sin » (1976).

Le combo Blu-ray/DVD chez Artus Films nous livre une très belle copie de « House of Whipcord ». C’est un bonheur en blu-ray. On pourrait regretter le peu de bonus mais il faut bien avouer que l’entretien, très riche et marathon (il dure une heure), de David Didelot, vaut son pesant de cacahuètes !

Combo blu-ray/DVD Fr. Studio Artus Films (2018). Version originale sous-titrée en français et version française. Bonus : « La maison des sévices » par David Didelot (60mn).