Le film d’horreur de la génération Zoom, c’est à dire de nous tous qui en 2020 avons été obligés de virtualiser nos relations sociales

Host (2020)

Réalisé par Rob Savage

Ecrit par Rob Savage, Gemma Hurley et Jed Shepherd

Avec Haley Bishop, Jemma Moore, Emma Louise Webb, Radina Drandova, Caroline Ward, Seylan Baxter, Edward Linard,…

Montage : Brenna Rangott / Superviseur des effets visuels : Steven Bray

Produit par Douglas Cox pour Shadowhouse Films

Horreur

57mn

UK

Juillet 2020. L’Angleterre est toujours en confinement. Pour passer une bonne soirée avec ses amis, Haley (Haley Bishop) décide d’organiser une séance de spiritisme et a recours aux services d’une spirite “professionnelle”, Seylan (Seylan Baxter). Parmi les cinq amis qu’Haley a invités, les sentiments sont partagés entre crainte et scepticisme. Jemma (Jemma Moore) décide de faire une blague pour rompre la nervosité ambiante. Elle prétend qu’elle a senti des mains sur son cou et que c’est Jack, un élève quand elle était à l’école, et qui s’est suicidé. Bien sûr, ce n’est qu’une blague, mais elle aura des répercussions néfastes. Car Seylan a bien averti les participants : il ne faut surtout pas se moquer des esprits !

“Host” est LE film d’horreur du confinement et donc de 2020. Cette année, nous avons tous participé à des téléconférences que ce soit pour le travail, pour se parler en famille ou encore organiser des apéritifs virtuels ! Du jour au lendemain, Zoom est devenu quasiment aussi connu que des géants 2.0 bien installés comme Amazon et Google.

Évidemment, il fallait bien qu’arrive un film d’horreur basé sur cette expérience de télépartage. Après tout pourquoi pas la télépeur ? Après tout, la technologie mal maîtrisée, avec ses coupures et ses bugs en a stressé plus d’un.

Et ça n’a pas tardé. Le projet est né dès le début du premier confinement outre-Manche dans l’esprit de Rob Savage et de quelques-uns de ses amis. Rob Savage est un jeune réalisateur anglais, qui a commencé à sortir des courts-métrages durant son adolescence et a signé son premier long à  dix-sept ans en 2012, le drame “Strings” réalisé avec un microbudget. Après quelques autres courts-métrages, il est passé à des plus gros budgets avec la réalisation pour des séries télé ou VOD (notamment “Britannia” pour Amazon).

L’ennui aidant donc, il a commencé à développer ce projet qui permettait de faire un film tout en respectant les règles du confinement. Même quand deux acteurs finissent par faire une scène ensemble.  Quand l’une des participantes sort pour se rendre chez une autre qui a perdu la connexion, elle met son masque et quand enfin elles se retrouvent, malgré la peur, elles  ont le réflexe de se saluer en se faisant une “bise du coude” !

Le film pousse le “réalisme” jusqu’à se terminer sur la fameuse coupure à l’issue des 40 minutes gratuites (bon, même si le film relativement court approche les 60min). Je ne suis pas un spécialiste, mais je ne sais pas pourquoi en bas de l’écran, l’option partage d’écran est toujours activée. Ça m’a perturbé pendant tout le film. L’organisatrice de la réunion est Haley. Elle partage sa caméra, elle ne partage pas son écran, voyons !

Bien sûr, engoncé dans ses 60 minutes, “Host” est forcé de rentrer trop vite dans le vif du sujet, et l’installation du sentiment d’horreur et d’inquiétude s’installe beaucoup plus rapidement sur le visage des acteurs participants que sur celui des spectateurs. A noter aussi que le concept n’est pas follement original malgré tout. Ce n’est qu’une variation des films d’horreur en “found footage” dont la mode a été popularisée dès 1980 avec “Canibal Holocaust” et remis au goût du jour par “The Blair Witch Project” (1999). Ce dernier a engendré toute une ribambelle de suiveurs… jusqu’à l’écoeurement. Même l’horreur en ligne n’est pas tout à fait nouvelle. On se rappelle (ou pas) de “Unfriended” (2014).

Mais voilà, malgré ses défauts évidents, “Host” est le premier film de la génération Zoom. Conçu sans prétention par ses auteurs, qui cherchaient surtout à occuper le temps, “Host” a connu un beau succès depuis sa sortie en juillet 2020 sur la plateforme américaine de VOD spécialisée dans l’horreur, “Shudder”. “Host” a été présentée en compétition lors de la 28e édition du Festival Gérardmer.