Une famille ordinaire confrontée à des petits drames ordinaires de leur époque, telle est la recette de ce deuxième épisode des aventures de la famille Hugget
Here Come the Huggetts (1948)
Réalisé par Ken Annakin
Ecrit par Mabel Constanduros, Denis Constanduros et Peter Rogers
Avec Jack Warner, Kathleen Harrison, Jane Hylton, Susan Shaw, Petula Clark, Diana Dors, Jimmy Hanley, Peter Hammond, David Tomlinson,…
Direction de la photographie : Reginald H. Wyer / Direction artistique : Norman G. Arnold / Montage : Gordon Hales / Musique : Antony Hopkins
Produit par Betty E. Box pour Gainsborough Pictures
Comédie dramatique
UK
Après des vacances d’été mémorables (voir « Holiday Camp« ), les Huggets sont de retour chez eux à Londres et sont sur le point de voir les nouvelles technologies débarquées chez eux : on leur installe un téléphone. La mère Ethel (Kathleen Harrison) est inquiète car cette invention diabolique a rendu fou un cousin, le père Joe (Jack Warner) souhaite que le téléphone lui soit réservé au cas où son patron souhaite le joindre et leurs trois filles sont aux anges. Au même moment, une nouvelle tête débarque dans la famille. Ethel a en effet accepté de s’occuper de Diana (Diana Dors), la fille de sa cousine, le temps de son hospitalisation. Mais Diana a bien changé depuis la dernière fois qu’ils l’ont vue. C’est aujourd’hui une jeune femme sophistiquée et qui pense plus aux hommes qu’à se trouver un travail. Et la petite dernière des Haggets, Pet (Petulia Clark) est persuadée que son père a une liaison avec Diana. Quant à la fille ainée Jane (Jane Hylton), elle doit se marier mais commence à avoir des doutes, d’autant qu’elle a recontré un jeune intellectuel Harold (David Tomlinson) qui ne croit pas au mariage.
Après le triomphe au box-office d' »Holiday Camp » (1947), le studio Gainsborough Pictures se dépêche de mettre en chantier une suite des aventures de la famille Huggets qui sortira fin novembre 1948 soit juste quatorze mois après le premier ! Mais en un an la famille Hugget a bien changé. Auparavant parents d’une jeune femme veuve avec un petit garçon et d’un jeune homme, Joe et Ethel ont désormais trois filles et plus de petit fils !
Adieu Joan (Hazel Court) et Harry (Peter Hammond), voici donc Jane (Jane Hylton), Susan ( Susan Shaw) et Pet (Petulia Clark). Enfin, non pas tout à fait. Peter Hammond (qui jouait Harry) est toujours là, mais cette fois-ci il joue le rôle de Peter, mécanicien auto, ami d’enfance et amoureux de Susan ! Ça frôle l’inceste ! Autre cas, cette fois-ci un retour d’un personnage mais mis dans une situation différente, notre brave militaire Jimmy (Jimmy Hanley), l’amoureux de Joan dans le premier film est désormais le fiancé de Jane qu’elle n’a pas vu depuis des années (au point de pas se souvenir de son visage) ! Je sens que je vous ai perdu. Apparemment, le studio pariait sur le fait que le spectateur avait la mémoire très courte ou s’en fichait tout bonnement.
Les principales qualités de « Holiday Camp » étaient de nous montrer le fonctionnement camps de vacances très populaires après la Seconde Guerre mondiale, mais également d’ajouter un peu de piment dramatique avec la présence d’un tueur (inspiré d’un fait divers de l’époque). Ici, les événements perturbateurs dans le quotidien de la vie des Hugguets sont l’arrivée du téléphone et celle de la pin-up Diana Dors, leur camping dans la rue avec l’irascible grand mère pour assister au défilé du mariage d’Elizabeth II (qui a eu lieu le 20 novembre 1947) et le questionnement existentiel de leur fille ainée sur le bien fondé de son mariage. Les Huggets sont toujours bien ancrés dans leur époque donc, mais l’ensemble donne une comédie dramatique nettement plus classique que le premier épisode.
Dans cet épisode, encore plus que dans le précédent, on devine les racines du soap opera, futur genre star de la télévision britannique qui fera son apparition en 1954 avec « The Grove Family ». Une famille ordinaire qui a une vie ordinaire, de la comédie et du drame,…
Niveau casting, les deux principales nouvelles têtes sont donc Petula Clark, seize ans à l’époque mais qui était déjà une star de la chanson (elle pousse d’ailleurs ici deux fois la chansonnette) et qui a fait sa première apparition au cinéma quatre ans plus tôt. Et bien sûr Diana Dors dans son premier rôle important (elle a aussi participé au premier épisode mais en tant que figurante)…
DVD zone 2 UK. Inclus dans le coffret “The Huggets Collection”. Studio ITV DVD. Version originale avec sous-titres en anglais optionnels. Aucun bonus
Cette critique met en exergue un pan du cinéma familial et populaire britannique très en vogue dans les années 4O-50, que le public français ignore complètement. Les Britanniques sont les champions de la comédie dramatique où se multiplient les personnages et les situations souvent cocasses. Leur besoin de divertissement est à la mesure des sacrifices et des privations qu’ils ont consentis pendant la 2e Guerre Mondiale dans un pays ravagé par les bombardements. La British comedy pleine de péripétie et d’humour répondait parfaitement à cette demande. La BBC pmrendra la suite dans les années 50 en produisant ses “serials” comiques centrées sur la vie des ordinaires, qui vont faire un tabac outre-Manche.
En ce qui concerne “Here come the Huggets”, le public retrouve cette famille après le succès du film précédent ”Holiday Camp”. L’un comme l’autre ancrés dans les réalités du moment. Ici l’introduction du téléphone chez les Huggets va donner lieu à des péripéties, des confrontations entre les intérêts contradictoires de chacun des membres de la famille.
Le film vaut aussi pour son casting: en vedettes, deux futures stars La très jeune Petula Clark et celle qui deviendra un sex-symbol, Diana Dors.
Avec ce film rafraîchissant, le public est assuré de passer un bon moment en famille ou pas.