S’il peut sembler parfois opaque à force d’entretenir le mystère, « Harvest » bénéficie d’une ambiance bien particulière, non dénuée d’humour, qui fait tout son charme

Harvest (2024)

Réalisé par Athina Rachel Tsangari

Ecrit par Joslyn Barnes et Athina Rachel Tsangari d’après le roman de Jim Crace

Avec Caleb Landry Jones, Harry Melling, Rosy McEwen, Frank Dillane, Arinzé Kene, Thalissa Teixeira, Neil Leiper,…

Direction de la photographie : Sean Price Williams / Production designer : Nathan Parker / Montage : Matthew Johnson et Nico Leunen / Musique : The Harvest Family Band

Produit par Joslyn Barnes, Marie-Elena Dyche, Viola Fügen, Rebecca O’Brien, Athina Rachel Tsangari et Michael Weber

Drame

131mn

UK / Allemagne / USA / France / Grèce

Dès les premières scènes, « Harvest » prend plaisir à vous déstabiliser. On suit un personnage étrange, Wlater Thirsk (Caleb Landry Jones) avec une fausse allure de druide, qui parcourt la campagne et ne semble faire qu’un avec elle. Il fait partie d’un petit village sans nom d’une cinquantaine d’âmes à une époque et dans un lieu indéterminés.

La vie du village, qui célèbre les récoltes à grand coup de fête païenne, est déstabilisée quand débarque un cartographe qui tente tant bien que mal de délimiter et de donner des noms au village et à ses alentours. Cela marquera le début de la fin pour le village qui disparaitra sept jours plus tard !

« Harvest » est adapté du roman éponyme de l’écrivain anglais Jim Crace, publié en 2013 et disponible en français sous le titre « La moisson » (Éditions Payot et Rivages, coll. Littérature étrangère).

Tourné en Ecosse, « Harvest » bénéficie d’une ambiance bien particulière qui fait tout son charme, avec une pointe d’humour cruel et absurde bien maitrisée. Mais la perte totale de repères due au fait qu’on ne peut situer le film dans le temps et l’espace peut également se retourner contre le film si le spectateur ne se laisse pas aller et tente à tout pris de trouver un point d’ancrage dans cette histoire dont le personnage principal, nonchalant et passif, peut sembler également rebutant. Il lui faudra au contraire faire preuve de patience, accepter les prémices et les personnages étranges, et se laisser flotter au fil de l’histoire pour que le mystère peu à peu se dissipe.

« Harvest » propose une drôle de réflexion sur la cohérence d’une petite communauté hermétique et autosuffisante, mais dont la fragilité intrinsèque est disloquée par une intervention extérieure qui implique de lui donner un nom et de lui trouver une utilité. La définir engendre sa destruction.

Le film est réalisé par la Athina Rachel Tsangari, qui a signé un certain nombre de cours métrages et documentaires plus trois longs de fiction : « The Slow Business of Going » (2000), « Attenberg » (2010) et « Chevalier » (2016). Côté britannique, on lui doit la réalisation de cinq épisodes de la mini série de la BBC « Trigonometry » (2020).

« Harvest » sortira dans les salles françaises le 2 avril 2025