Les rois britanniques de l’humour trash et du slapstick gore débarquent sur grand écran. Vont-ils s’assagir ? Non, pas vraiment !

Guest House Paradiso (1999)

(Hôtel Paradiso, une maison sérieuse)

Réalisé par Adrian Edmondson

Ecrit par Adrian Edmondson et Rik Mayall

Avec Adrian Edmondson, Rik Mayall, Bill Nighy, Kate Ashfield, Steven O’Donnell, Vincent Cassel, Fenella Fielding, Simon Pegg, Hélène Mahieu,…

Direction de la photographie : Alan Almond / Production design : Tom Brown / Montage : Sean Barton / Musique : Colin Towns

Produit par Phil McIntyre

Comédie

89mn

UK

Pour les aficionados d’humour anglais, Adrian Edmondson et Rik Mayall sont un duo bien connu à la stature quasi légendaire. Ensemble, ils ont commencé dans la nouvelle vague humoristique des années 80, baptisée comédie alternative, et participent aux séries cultissimes « The Young Ones » (1982–1984) et « The Comic Strip Presents… » (1983–2012). Mais c’est surtout à travers l’unique « Bottom » (1991-95) que leur duo explose. Jamais on n’avait vu quelque chose d’aussi trash à la télévision, britannique ou ailleurs. Edmonson et Mayall y incarnent deux vieux garçons, pervers, violents et dégoutants qui passent leur temps à raconter des insanités et à se taper dessus. La violence verbale et physique, véritable slapstick gore, y est à son paroxysme !

Ils vont faire tourner leur duo trash à travers plusieurs spectacles et comme toutes les sitcoms britanniques qui fonctionnent depuis les années 70, ils vont avoir l’opportunité de franchir le pas du grand écran. On le sait, généralement, ce n’est pas pour le meilleur, à quelques exceptions près, comme les Monty Python. Sur grand écran, on obtient trop souvent des versions aseptisées. Pas facile de passer de la scène ou/et du petit écran (avec des sitcoms d’une vingtaine de minutes) à un film d’une heure trente.

Pour « Bottom », on pouvait donc logiquement s’attendre au pire, car une version aseptisée de « Bottom » ferait perdre tout sel à un duo qui se sublime dans l’humour trash. Avec « Guest House Paradisio », Edmonson qui co-scénariste le film avec Mayall et le réalise, se sont inspirés un peu de « Fawtty Towers » pour le cadre (l’hôtel où tout part en vrille) et de Caro et Jeunet (Delicatessen, 1991) pour le style visuel. Sinon pour le reste, c’est bien du Edmonson/Mayall tout craché.

On aurait pu croire qu’ils allaient s’assagir pour ce passage sur grand écran mais pas vraiment. Le slapstick gore carbure à fond les manettes et en roue libre et c’est pas du diésel ! Le duo s’inflige les pires sévices cartoonesques possibles tout en rivalisant de roublardise et de mesquinerie grimaçante envers leurs « clients ». Parmi eux, le duo a invité du beau monde : Bill Nighy, Simon Pegg et Kate Ashfield (qu’on retrouvera tous les trois dans « Shaun of the Dead« ), Fenella Fielding (« Carry on Screaming« ) ou encore Vincent Cassel en latino lover d’une star italienne (interprétée par Hélène Mahieu en starlette 100% glamour et éclairée en conséquence !) venue se réfugier dans cet hôtel perdu (et situé entre une falaise et une usine nucléaire) pour échapper à son cuistre de fiancé.

Alors évidemment le scénario n’est qu’un prétexte à des blagues scabreuses et un déluge de violence (même si, dans un pur esprit cartoonesque, les pires sévices ne font couler aucune goutte de sang et ne sont jamais fatals). Autant dire que si vous n’êtes pas sensible à l’humour « over the top » de Mayall et Edmonson vous allez vous ennuyer ferme. Ce n’est pas le genre de film à se laisser apprécier tièdement. Comme le dit le célèbre critique Alexander Walker : « C’est le pire film britannique que j’ai vu en 1999. Je sais que je donne l’impression de le répéter chaque semaine cette année. Mais je vous garantis que ce prix là ne sera plus remis en question. » A-t-il été choqué par la scène de vomis qui ferait passer la fameuse scène de « Monty Python’s Meaning of Life » (1983) où Terry Jones explose à force de manger pour une scène tout droit sortie d’un Disney ?

Le film a été tourné dans les studios Ealing (mais on est loin de l’esprit des comédies produites par Michael Balcon) et sur l’ile de Wright (apparemment pour des raisons fiscales). Adrian Edmondson et Rik Mayall continueront à interpréter leurs personnages jusqu’en 2003, avec un dernier spectacle, et si le duo a pensé se reformer et notamment tourner un autre film, tout projet a été interrompu par la mort (bien réelle cette fois-ci) de Mayall en 2014.

Blu-ray UK. Studio Powerhouse Indicator (2024). Version originale avec des sous titres optionnels en anglais. Bonus : livret (pour l’édition limitée), makging of, interviews, scènes coupées et bêtisier