Un classique du film de guerre et d’aventures exotiques. Haut en couleurs, c’est un modèle du genre toujours spectaculaire malgré le poids des années.
The Four Feathers (1939)
(Les quatre plumes blanches)
Réalisé par Zoltan Korda
Ecrit par A.E.W. Mason et R.C. Sherriff
Avec John Clements, Ralph Richardson, C. Aubrey Smith, June Duprez, John Laurie,…
Directeur de la photographie : Georges Périnal et Osmond Borradaile (Soudan)
Musique : Miklós Rózsa
Produit par Alexander Korda pour London Films
Tourné aux studios de Denham et au Soudan
Guerre / Aventures
130mn
UK
En 1895, le régiment royal du North Surrey doit rejoindre les forces de Sir Herbert Kitchener au Soudan pour partir à l’assaut de Khartoum tombé dix ans plus tôt dans les mains du Khalifa. Parmi le régiment, Harry Faversham (John Clements) est issu d’une longue lignée de militaires mais préfère la poésie à la guerre. La veille du grand départ, il décide de quitter l’armée. Ses amis lui envoient trois plumes blanches, symbole de sa lâcheté. La quatrième, symbolique, lui est remise par sa fiancée, qui se sent trahie par sa lâcheté.
« The Four Feathers » fait partie de ses super productions en Technicolor produites par les frères Korda dans les années 30 jusqu’au tout début des années 40. On retrouve ici la participation des trois frères : Zoltan à la réalisation, Vincent à la direction artistique et Alexander à la production.
Le film est adapté d’un roman de A.E.W. Mason alors déjà adapté trois fois à l’écran et qui raconte l’un de ces faits d’arme qui ont fait la gloire de l’empire, la reprise de Khartoum par Sir Kitchener dix ans après la défaite terrible subie par les forces britanniques.
Sorti à l’orée de la seconde guerre mondiale, en avril 1939 à quelques mois de, « The Four Feathers » est une ode au courage. Si Harry Faversham refuse d’abord d’aller à la guerre par conviction et amour, les plumes de la honte qu’il reçoit de ses amis et la froideur de sa fiancée le font chanceler. Bientôt convaincu qu’il a agi par lâcheté, il décide de rejoindre sa garnison et ses amis par ses propres moyens pour leur rendre leurs plumes. Et quel chemin de croix, quel courage et quelle persévérance ! Harry va largement se racheter de sa lâcheté.
Comme l’explique Harry à un médecin indigène quand il arrive au Soudan :
– En Angleterre, les plumes blanches sont marques de lâcheté.
– Ne vous en faites pas. Soyez un lâche et soyez heureux.
– J’ai été un lâche et je ne suis pas heureux.
« The Four Feathers » anticipe les films de propagande qui vont bientôt dominer la production cinématographique britannique. Il met en scène des aventures exotiques et des batailles épiques. Pour autant, il n’est pas aveuglément pro-militaire. On sent un peu d’ironie dans le traitement des élites britanniques, notamment des vieux ploucs (ah, la guerre c’était mieux avant !), les portraits des officiers anglais au comportement surréaliste (un officier qui a perdu la vue mais fait comme si ça ne changeait rien et le cache à ses subalternes) et des déclarations d’amour père fils à couper le souffle (« Vous manquerez aux chiens » dit ainsi un père à son fils sur le point d’embarquer pour le Soudan).
Mais bon ce ne sont que des chiquenaudes. Les Korda, ces immigrés hongrois ne peuvent s’empêcher de brocarder l’establishment, et le film est forcément patriotique. Mais il le fait avec un sacré sens du spectacle ! « The Four Feathers » (largement tourné en décors naturels au Soudan) bénéficie d’images à couper le souffle. Les scènes de bataille restent encore aujourd’hui impressionnantes. Le Technicolor est juste superbe. « The Four Feathers » est un film à grand spectacle qui n’a pas à rougir des productions hollywoodiennes de l’époque.
Au niveau du casting, le rôle principal est tenu par John Clements. Acteur de théâtre avant tout, il a participé à une vingtaine de films surtout dans les années 30 et 40. Parmi les amis de Faversham, on reconnaîtra le grand Ralph Richardson, comme toujours excellent. La fiancée est quant à elle jouée par June Duprez qui deviendra une star l’année suivante grâce à une autre production Technicolor des frères Korda, « The Thief of Bagdad » (1940).
A noter que les événements relatés au début du film (la perte de Karthoum et le décès du général Gordon) ont été racontés dans un film également haut en couleurs et fort recommandable : « Khartoum » (1965) de Basil Dearden avec Laurence Olivier, Charlton Heston et… Ralph Richardson (mais dans un rôle différent !).
DVD zone 2 FR. Studio Elephant Films. Version originale sous titrée en français et version française.