Un film de guerre patriotique un peu déséquilibré mais avec de belles scènes de bataille navale. L’un des premiers grands rôles de John Mills
Brown on Resolution / Forever England (1935)
Réalisé par Walter Forde
Ecrit par J.O.C. Orton d’après un roman de C.S. Forester
Avec Betty Balfour, John Mills, Barry MacKay, Jimmy Hanley, Howard Marion-Crawford,…
Direction de la photographie : Bernard Knowles / Montage : Otto Ludwig
Produit par Michael Balcon pour la Gaumont British Picture Corporation
Drame / Guerre
68mn
UK
En 1893, suite à un accident de calèche, une jeune femme Elizabeth Brown (Betty Balfour) fait la rencontre d’un jeune officier de marine, le débonnaire lieutenant Summerville (Barry MacKay). Ils passent quelques jours ensemble. Quand ce dernier repart en mer pour une longue mission, il ne sait pas qu’Elizabeth est enceinte. Celle-ci élève toute seule le fils, qu’elle inscrit dès son plus jeune âge à l’académie militaire navale. Albert Brown (John Mills) est encore un jeune matelot quand la Seconde Guerre mondiale éclate. Il se retrouve alors sur un petit navire de guerre, le HMS Rutland.
Les dix premières minutes du film qui racontent la romance entre Elizabeth et le lieutenant Summerville peuvent être trompeuses, d’autant que Betty Balfour, la star du muet (vue notamment dans la comédie « Champagne » pour Hitchcock en 1928), qui interprète Elizabeth, est en tête d’affiche. Néanmoins, il ne s’agit nullement d’un film sur leur histoire, mais sur le fruit inattendu de leur rencontre, un jeune matelot qui va devenir un héros de guerre.
Il est très possible que la romance ait duré plus longtemps dans la première version du film. Celle-ci durait 85 minutes mais la version qui a survécu ne dure elle que 68 minutes. 17 minutes de moins donc. Une coupe importante mais qui serait justifiée si les morceaux manquants étaient consacrés à cette partie du film qui semble vraiment provenir d’un autre film et qui n’a rien à voir avec le gros morceau de « Brown on Resolution / Forever England » avec ses scènes de bataille navale et l’acte héroïque d’Albert Brown, simple matelot mais vrai patriote !
Autre mystère du film, si celui-ci est signé par Walter Forde (auteur de plusieurs succès commerciaux comme « Rome Express » et « Jack’s the Boy »), le réalisateur de la seconde équipe n’est ni ni pus ni moins qu’Anthony Asquith qui était déjà un réalisateur confirmé (Underground, A Cottage in Dartmoor,…). Il réalisera lui-même en 1943 un film de guerre navale de haute volée ‘We Dive at Dawn » avec… John Mills. Vue la filmographie respective des deux réalisateurs, on aurait tendance à penser qu’Asquith est intervenu sur les scènes maritimes, mais ce n’est qu’une supposition.
Enfin, j’avoue avoir été étonné par le ton très patriotique de ce film de 1933. On pourrait presque croire à un film de propagande tourné pendant la Seconde Guerre mondiale. J’ai l’impression que la version écourtée, et re-titrée « Forever England », doit être une re-sortie des années 40, ce qui expliquerait l’accent mis sur le patriotisme et les coupes probablement effectuées dans la romance initiale (d’autant qu’entre-temps John Mills était devenu une star et que Betty Balfour avait pris sa retraite de l’écran depuis 1936 pour n’y revenir qu’une ultime fois en 1945). Je n’ai pas réussi à trouver de confirmation de mes suppositions en recherchant sur Internet ou dans ma collection de livres sur le cinéma britannique mais ça me semble la théorie la plus probable.
Le producteur Michael Balcon, qui travaillait alors pour Gaumont British Pictures Corporation, l’une des plus grosses maisons de production britanniques des années 30, a réussi à convaincre l’amirauté de prêter ses navires pour le film, et ça donne une pincée de réalisme en plus aux scènes navales, par ailleurs très bien réalisées.
C’est aussi l’occasion de voir John Mills dans l’une de ses premières têtes d’affiche et dans un film un peu plus conséquent que la comédie « Car of Dreams » sorti la même année.
Le film est disponible en DVD anglais sans sous-titres à l’unité ou dans le coffret « John Mills Centenary Collection II » avec des sous-titres optionnels en anglais.