Un film sombre sur les dessous du business du rock. Les rock stars ne sont-elles que des pantins au service de l’argent ?

Flame1975

Flame (1975)

Réalisé par Richard Loncraine

Ecrit par Andrew Birkin

Avec Don Powell, Jim Lea, Noddy Holder, Dave Hill, Tom Conti, Johnny Shannon,…

Direction de la photographie : Peter Hannan

Produit par Gavrik Losey pour Goodtimes Enterprises

Musique / drame

91mn

UK

SladeInFlameFlame raconte l’histoire de la gloire et de la décadence du groupe pop éponyme. Flame n’existe pas mais est interprété par un vrai groupe britannique alors au pic de sa gloire, Slade. Le film reprend les personnalités des différents membres du vrai groupe, mais la sombre histoire de Flame n’est pas celle de Slade (qui avait une réputation d’un groupe fun et pas prise de tête), et la musique composée pour le film est originale et différente du répertoire habituel du groupe.

Voilà. En un paragraphe, vous aurez compris,la raison pour laquelle « Flame » a désarçonné les nombreux fans de Slade, et pourquoi le film à l’époque a été un échec retentissant, amorçant le déclin du groupe.

Le film est produit par des gens qui avaient l’habitude de travailler avec des rock stars et qui s’étaient déjà intéressé au monde de la musique. Gavrik Losey, le fils de Joseph, travaillait alors pour Goodtimes Enterprises, société de production co-fondée par David Puttnam et qui avait notamment déjà produit « Performance « (1970) de Nicolas Roeg avec Mick Jagger, et un duo de très bons films qui racontait la montée et la décadence d’une star du rock interprétée par David Essex « That’ll be the Day » (1973) et « Stardust » (1974).

Pour leur part, les membres de Slade ne voulaient pas faire un film parodique ou fun (comme l’ont fait les Beatles par exemple) même s’il a été un temps question de faire une parodie de Quatermass intitulée « The Quite-A-Mess Experiment » (ahem). Rapidement, la décision a été prise de faire un film « sérieux » et de traiter de l’envers du décor du rock’n’roll, du business derrière les paillettes.

Afin de donner plus de réalisme au film, le scénariste Andrew Birkin (le frère de Jane) et le réalisateur Richard Loncraine (qui signait ici son premier long) ont rejoint Slade sur leur tournée pour s’imbiber de l’ambiance et de l’envers du décor des tournées, et apprendre à connaitre les membres du groupe et leurs personnalités.

Le film est particulièrement dur avec le business de la musique. Leur agent est un mafieux (interprété par un excellent Johnny Shannon) qui a fait fortune dans les machines à sou et exploite quelques artistes pour donner une apparence légale à son affaire. Le directeur de la compagnie de disque, Robert Seymour (un non moins excellent Tom Conti), fils de bonne famille, se comporte comme un industriel et se montre capable d’organiser une pseudo attaque de la radio pirate où ses poulains étaient interviewés pour qu’ils fassent la une des journaux !

Mais quand l’un des membres du groupe lui demande lors de leur première rencontre s’il aime leur musique, la réponse est sans ambiguïté.

– Est-ce que vous aimez ce qu’on fait ?

– Mes préférences personnelles n’ont aucune importance. Laissez moi le formuler différemment. Je ne fume pas de cigarettes pourtant j’en vends un tas.

Son bras droit enfonce le clou une fois que le boss est parti :

– Ce n’est qu’une question de packaging.

Le résultat est sombre, cru et se veut socialement réaliste (avec en toile de fond le Nottingham ouvrier des années 70). Sûrement à des années lumières à de ce qu’attendaient les fans. En dépit de l’échec et de la chute de popularité du groupe, les membres interviewés en 2007 pour la sortie du DVD ne montrent aucun regret et se déclarent fiers du film.

Pour être honnête, le scénario n’est pas parfait ou plutôt on a l’impression qu’il manque des scènes (en comparaison, les deux films avec David Essex étaient mieux construits et donnaient plus de respiration aux personnages), et le portrait de l’agent mafieux est un peu too much pour être crédible (mais bon je ne connais pas trop le milieu du rock de l’époque !). Néanmoins le film dégage une vraie volonté de montrer les dessous du business musical, et de désacraliser le vie fantasmée des stars du rock’n’roll. Même s’il le fait avec parfois un peu de maladresse, l’implication des quatre membres du groupe (qui faisaient ici leurs débuts en tant qu’acteurs) et l’ambiance générale qui se dégage du film jouent en sa faveur. « Flame » a aujourd’hui gagné un statut de film culte, pas démérité.

« Flame » (souvent re-baptisé « Slade in Flame ») a été édité en DVD dézonné dans une très belle copie (la photo de Peter Hannan est par ailleurs très belle). On a droit en plus à de nombreux bonus comprenant de longs interviews avec les acteurs et le réalisateur, au CD de la bande son et à un livret d’une dizaine de pages.

Bref, si vous aimez le rock’n’roll, vous savez ce qu’il vous reste à faire.

DVD Zone 0. Studio Union Square Pictures. Edition spéciale avec un DVD, un CD et un livret. Film et bonus non sous-titrés.