Un thriller convaincant mais adapté (trop ?) librement des mémoires d’un un jeune catholique de Belfast qui trahit sa communauté en travaillant pour les Anglais

Fifty Dead Men Walking (2008)

(La guerre de l’ombre)

Réalisé par Kari Skogland

Ecrit par Kari Skogland d’après le livre de Martin McGartland et Nicholas Davies

Avec Ben Kingsley, Jim Sturgess, Kevin Zegers, Natalie Press, Rose McGowan, Tom Collins, David Pearse,…

Direction de la photographie : Jonathan Freeman / Production design : Eve Stewart / Montage : Jim Munro / Musique : Ben Mink

Produit par Stephen Hegyes, Kari Skogland et Shawn Williamson

Thriller / Drame

UK / Canada / Irlande

« Tu n’es pas un homme si tu n’as pas une cause » lance Sean (Kevin Zegers) à son ami Martin McGartland (Jim Sturgess). Mais Martin est un catholique de Belfast sans convictions qui vit chez sa mère et survit et en vendant des babioles en porte à porte. Il attire l’attention d’un agent anglais Fergus (Ben Kingsley). De son côté, Sean le pousse à intégrer l’IRA et quand on est catholique, ce n’est pas une proposition qu’on peut refuser. Fergus est également content que son protégé prenne du galon !

« Fifty Dead Men Walking » est basé sur l’autobiographie de Martin McGartland (le titre fait référence au nombre de vies qu’il aurait sauvé). On sait dès l’ouverture du film qu’il a trahi sa communauté et, envoyé incognito en Angleterre, a été retrouvé par l’IRA s’est fait tiré dessus en représailles. Son histoire commence dix ans plus tôt en1988 à Belfast.

Entre l’IRA et les services anglais, Martin se retrouve pris entre deux feux, chaque camp accusant l’autre. Les combattants de la liberté contre les oppresseurs, les forces de l’ordre contre les terroristes. In fine, tu es toujours le traître de quelqu’un.

Le coeur de Martin balance entre les deux camps au rythme des exactions commises. Il apprend que tout n’est pas blanc ou noir, et ne sait plus comment il doit réagir. Jeune homme sans père, il s’attache à Fergus qui devient une figure paternelle. L’étau ne tarde pas à se resserrer. Lors de son intégration officielle comme membre de l’IRA, on lui dit simplement : « tu finiras mort ou en prison ».

« Fifty Dead Men Walking »  (La guerre de l’ombre) est un thriller prenant.  Comme tous les films « inspirés d’une histoire vraie », difficile de dire à quel point l’histoire est romancée. « Inspiré » ? C’est à dire ? D’après le Sunday Times, Martin McGartland aurait confié que le film est fondamentalement un mensonge qui ne représente pas fidèlement son parcours et ses motivations. C’est un peu ennuyeux mais il n’est pas trop dur de deviner qu’il y a une bonne part de scènes créées pour des effets dramatiques. Après tout, c’est un film, pas un documentaire. Mais l’avertissement de la production sur les libertés prises par rapport au livre de Martin McGartland et Nicholas Davies est glissé au milieu du générique de fin ! Puisque ça n’a pas l’air vraiment assumé par la production, n’aurait-il mieux valu partir sur un personnage fictif ?

En tout cas, la description du conflit en Irlande du Nord et du rôle de chacun des acteurs majeurs du conflit (IRA, services généraux, MI5) semble juste, même si l’histoire du film se concentre surtout sur l’impact que le conflit a sur les gens au quotidien à travers l’histoire de Martin.

La canadienne Kari Skogland a réalisé quelques longs métrages outre-atlantique mais c’est surtout à la télévision américaine qu’elle est désormais active, réalisant des épisodes de séries de prestige (Boardwalk Empire, The Walking Dead, House of Cards, The Handmaid’s Tale,..). Le casting principal n’est pas constitué de natifs d’Irlande du Nord. Les acteurs sont Anglais (Ben Kingsley, Jim Sturgess, Natalie Press), Américain (Rose McGowan), irlandais (David Pearse) ou encore Canadien (Kevin Zegers). Je n’ai pas l’impression que ça pose problème ceci dit, les acteurs font bien leur boulot et on y croit (un Irlandais du Nord aurait peut-être un autre avis !). Le tournage a lui bien eu lieu en Irlande du Nord et essentiellement à Belfast. Ouf.

Blu-ray FR. Studio Ico Films. Version originale avec des sous-titres en français et version française. Bonus : making-of