Un petit thriller typique de la guerre froide mais qui nous donne l’occasion de voir le New Yorkais George Raft marcher parmi les ruines encore fumantes du Londres d’après-guerre.

Escape Route (1952)

(La route de la mort)

Réalisé par Seymour Friedman et Peter Graham Scott

Ecrit par John Baines

Avec George Raft, Sally Gray, Clifford Evans, Reginald Tate, Patricia Laffan,…

Direction de la photographie : Eric Cross / Direction artistique : George Paterson / Musique : Hans May

Produit par Bernard Luber pour Banner Films

Thriller

78mn

UK

Il y a des acteurs dont l’image colle tellement aux Etats-Unis que c’est avec grande surprise qu’on apprend qu’ils ont traversé l’Atlantique pour une poignée de films. Mais après tout, même John Wayne est venu jouer au flic dans les rues londoniennes (Brannigan, 1975). Le New-Yorkais George Raft s’est fait un nom en jouant les gangsters sur le grand écran que ce soit dans « Scarface » (1932), « Each Dawn I Die » (1939) ou « Some Like It Hot » (1959). A tel point que la fiction a parfois ressurgi sur la réalité…. au point om ses liens supposés avec le crime organisé lui ferme les portes de la Grande-Bretagne en mars 1967 (après qu’il y soit venu pour ouvrir un club de jeu).

Au début des années 50, George Raft pouvait encore venir tourner une poignée de films à petit budget de ce côté de l’Atlantique… où il joue un joueur de casino américain qui débarque en Italie comme dans « I’ll Get You for This » (1951) ou un agent du FBI infiltré dans ce « Escape Route » (1952) – à noter que ce dernier est sorti aux USA sous le nom de « I’ll Get You » tandis que ‘I’ll Get you for This » est sorti aux USA sous le titre de « Luck Nick Cain » – oui c’est un peu alambiqué !

Dans « Escape Route », un scientifique nucléaire Américain Steve Rossi (George Raft) débarque par avion à Heathrow et se faufile pour éviter les douanes anglaises, provoquant une chasse à l’homme. Mais Rossi n’est pas celui qu’il prétend. C’est un agent du FBI qui a pour mission d’infiltrer une organisation criminelle spécialisée dans l’enlèvement de savants occidentaux pour le compte de l’URSS. Les services secrets britanniques l’encourageront à coopérer avec eux, ce qui lui vaudra la compagnie de la belle Joan (Sally Gray), agent du MI5.

« Escape Route » ne brille pas, ni par son originalité, ni par son exécution (on aurait aimé un peu plus de nervosité). Mais les décors du Londres d’après guerre sont bien utilisés par les réalisateurs et le duo formé par George Raft et Sally Gray fonctionne bien, le personnage de Joan Miller se laissant embrasser mais pas marcher sur les pieds par Steve Rossi (on voit d’ailleurs George Raft dans la cuisine occupé à faire cuire des oeufs avec un joli tablier – une opération culinaire de haute volée qui lui vaut un compliment de la belle, impressionnée par tant de dextérité !). Ce sera malheureusement (pour nous) la dernière apparition à l’écran de Sally Gray (qui se marrie la même année) et qui avait notamment tourné dans des adaptations de « The Saint » mais reste dans les mémoires surtout pour avoir joué le rôle principal féminin dans « Obsession » (1949) réalisé par Edward Dmytryk.

Derrière « Escape Route », on retrouve le producteur américain Robert L. Lippert qui est alors en train de co-produire des films noirs à la sauce britannique avec Executive Films (qui rencontrera la gloire quelques années plus tard sous le nom de Hammer Film Productions). La réalisation est partagée entre un spécialiste Américain de séries B, Seymour Friedman, et l’Anglais Peter Graham Scott (à qui on doit quand même le montage de « Brighton Rock » (1947) et plusieurs réalisations pour le cinéma (notablement « Captain Clegg » pour la Hammer) et surtout pour la télévision où il a largement participé à la professionnalisation des fictions produites pour le petit écran.

« Escape Route » est sorti outre-manche en DVD en 2014 mais la restauration fait le minimum (et c’est dans cet état que j’ai pu finalement le voir en 2025 sur Amazon Prime UK).