Même si le film n’est pas dénué d’un aspect caricatural, il brille par sa sensibilité et son humanité. Vous devriez passer un très bon moment avec Rita et Frank.

Educating Rita

Educating Rita (1983)

(L’éducation de Rita)

Réalisé par Lewis Gilbert

Ecrit par Willy Russell d’après sa pièce

Avec Michael Caine, Julie Walters, Michael Williams, Maureen Lipman,…

Directeur de la photographie : Frank Watts / Direction artistique : Maurice Fowler / Montage : Garth Craven / Musique : David Hentschel

Produit par Lewis Gilbert, William P. Cartlidge, Herbert L. Oakes pour Acorn Pictures

Durée 110 mn

Comédie dramatique / Romance

UK

Rita (Julie Walters) est une jeune coiffeuse de 27 ans, issue d’un milieu simple, qui décide un jour de se créer une éducation. Elle s’inscrit à un cours du soir de littérature anglaise à l’université. Son tuteur est le Professeur Frank Bryant (Michael Caine), un professeur d’âge moyen las du milieu universitaire qui essaie d’oublier son quotidien et ses élèves en s’imbibant d’alcool.

Susan a décidé de se rebaptiser Rita en hommage à l’écrivain américain féministe et lesbienne Rita Mae Brown. Une réaction à un quotidien pas toujours facile, où son père et son mari n’attendent d’elle q’une chose, qu’elle ait enfin un enfant après six ans de mariage.

Mais Susan/Rita est bien décidée de se trouver elle même avant de donner la vie… même contre l’avis de son entourage et au prix de son mariage. Frank Bryant de son côté est séduit par ce personnage qui lui redonne espoir. Mais il sait bien que si il lui donne l’éducation qu’elle souhaite, elle risque d’être formatée, de devenir comme ses étudiants, et de finir comme lui, un poète et professeur ratés.

Le sujet du film n’est pas novateur. La problématique « Pygmalion » (le sculpteur qui tombe amoureux de sa création) a été traité sous de multiples formes au cinéma (notamment dans le film éponyme chroniqué sur ce site). Néanmoins, ici c’est justement l’inverse qui nous est proposé. Frank Bryant a peur de la Rita qu’il pourrait créer, trouvant finalement l’original si « rafraichissant ».

En fait Rita et Frank se trompent tous deux. Rita agit par complexe d’infériorité et pense qu’il y a une vérité dans la Culture. Frank lui est convaincu que la Culture est vaine, voire qu’elle peut gâcher une vie… comme la sienne. Mais la Culture n’est qu’une quête, non une garantie de bonheur, ou de Vérité. Les Universitaires ne sont pas des hommes meilleurs, juste des hommes… qui utilisent dans bien des cas la Culture pour obtenir un statut social, non pour s’améliorer ou même se trouver.

D’ailleurs Susan l’apprendra rapidement via ses rencontres (et notamment sa co-locataire fan de Malher et si cultivée – qui finira par tenter de se suicider). L’accès à la Culture lui aura permis d’ouvrir des possibilités mais est elle plus heureuse? Non elle y gagnera juste plus de questions. Et elle se retrouve le cul entre deux chaises dans l’inébranlable système de classes britannique.

Même si le film n’est pas dénué d’un aspect caricatural, il brille par sa sensibilité et son humanité. Et si vous parvenez à pardonner la musique très datée du film, vous devriez passer un très bon moment avec Susan/Rita et Frank.

Le réalisateur Lewis Gilbert (par ailleurs réalisateur de trois des James Bond les plus coûteux de la franchise !) aura signé deux de ses meilleurs films avec Michael Caine en acteur principal (qui obtiendra grâce à ces rôles deux nominations aux Oscars) et en partant dans les deux cas de deux pièces de théâtre adaptées pour l’écran par leurs auteurs respectifs (Willy Russel pour « Educating Rita », Bill Naughton pour « Alfie« ). On aurait aimé voir un troisième film basé sur la même recette, mais Lewis Gilbert, né quand même en 1920, a pris sa retraite depuis « Before you go » en 2002 (où il retrouvait Julie Walters).

DVD UK. ITV Studios (2003). Edition anglaise disponible avec les sous-titres anglais.