Un film qui navigue avec aise entre le réalisme, l’horreur et la SF pour livrer un message écologique malheureusement encore d’actualité aujourd’hui
Doomwatch (1972)
Réalisé par Peter Sasdy
Ecrit par Clive Exton d’après la série de Kit Pedler et Gerry Davis
Avec Ian Bannen, Judy Geeson, Geoffrey Keen, George Sanders,…
Direction de la photographie : Kenneth Talbot / Direction artistique : Colin Grimes / Montage : Keith Palmer / Musique : John Scott
Produit par Tony Tenser pour Tigon British Film Productions
Thriller / SF
UK
Le Dr. Del Shaw (Ian Bannen) travaille pour l’agence gouvernementale contre la pollution, Doomwatch. Il débarque sur l’île de Balfe dans le sud de l’Angleterre pour prélever des échantillons afin d’étudier les conséquences d’une récente marrée noire. Une fois sur place il est surpris par l’hostilité des îliens. Quand il découvre le cadavre d’une enfant enterrée à la hâte, il décide de prolonger son séjour et d’enquêter.
« Doomwatch » s’inscrit dans la vague de films de SF écologique du début des années 70 qui comprend des films comme « Soylent Green » (Soleil vert, 1973) ou « No Blade of Grass » (Terre brûlée, 1970). Mais avant d’être un film, c’était une série de la BBC (3 saisons entre 1970 et 72).
On le sait, dans les années 70, les producteurs britanniques, fauchés, cherchent la sécurité et puisent un maximum dans les séries populaires. Nombre de sitcoms sont alors adaptées pour le grand écran. Mais « Doomwatch » est loin d’être une comédie. C’est une série de science fiction sombre et inquiétante comme savait en faire si bien la BBC à l’époque. Les créateurs de « Doomwatch » Kit Pedler et Gerry Davis se sont rencontrés sur la fameuse série « Doctor Who » pour laquelle ils ont créé les Cybermen. Avec « Doomwatch » ils s’intéressent aux effets néfastes du progrès sur la nature et la santé humaine. Un sujet qui ne s’est pas démodé… bien au contraire !
Le film est produit par la Tigon British Film Productions, une petite société de production spécialisée dans les films d’exploitation (principalement sexe et horreur), et qui, dans le lot, a sorti quelques films importants comme « Witchfinder General » (1968). Il est probable que Tigon aurait bien voulu appuyer sur le côté horrifique mais Peter Sasdy (qui avait auparavant travaillé pour la Hammer) livre un film sans effet horrifique facile, avec une touche parfois proche du documentaire qui démontre un souci de réalisme.
En fait, « Doomwatch » est à peine de la SF. Je ne vais pas trop m’étendre sur la nature de la contamination, mais le scénario est crédible du début à la fin, ce qui est déjà une belle réussite. Il est amusant toutefois de constater que ce qui posera ici problème n’est ni la marée noire, ni les futs de déchets nucléaires déposés par la marine anglaise près des rivages de l’île !
Le personnage principal de la série originale, le prix nobel Dr Quist (John Paul) est bien présent dans la version cinématographique, mais en second plan. Le protagoniste a été créé pour le film et est incarné par Ian Bannen, acteur écossais au jeu un peu statique mais relativement bankable, qu’on a vu notamment dans « The Sailor from Gibraltar » (1967) et « Fright » (1971). A ses côtés, dans le rôle de la jeune institutrice, Judy Geeson est une actrice déjà expérimentée avec une solide expérience à la télévision et qui s’est fait remarquer au cinéma en 1967 avec « To Sir, with love« .
Il faut noter également la présence au générique du célèbre acteur américain George Sanders dans le rôle d’un amiral un peu récalcitrant à aider Doomwatch. On le sent très fatigué, c’est l’un de ses touts derniers films avec « Endless Night » (1972) et « Psychomania » (1973). Il se suicidera en avril 1972.
« Doomwatch », inédit en France au cinéma, est aujourd’hui disponible en DVD grâce à Movinside, à l’unité ou dans le coffret « Les trésors du fantastique vol. 2 ». La qualité d’image est acceptable mais sans plus. En guise de bonus, on bénéficie d’une présentation éclairée du film par Marc Toullec.
DVD zone 2 FR. Studio Movinside (2017). Version originale sous-titrée en français. Bonus : présentation du film par Marc Toullec