Cette sitcom culte centrée autour de la communauté caribéenne de Londres est l’un des plus gros succès de Channel 4 du début des années 90
Desmond’s (1989-94)
Série créée par Trix Worrell
Avec Norman Beaton, Carmen Munroe, Ram John Holder, Gyearbuor Asante, Kim Walker, Geff Francis, Robbie Gee, Justin Pickett, Dominic Keating,…
Musique : John Collins
Produit par Humphrey Barclay, Paulette Randall et Charlie Hanson pour Channel 4
71 épisodes diffusés entre 1989 et 1994
Comédie
UK
Immigrés originaires de la Guyane britannique, Desmond Ambrose (Norman Beaton) et sa femme Shirley (Carmen Munroe) sont arrivés à Londres dans les années 60. Depuis une vingtaine d’années, ils tiennent un salon de coiffure dans le quartier populaire de Peckham. Si Desmond rêve de prendre sa retraite dans les Caraïbes, Shirley elle tient à rester à Londres avec leurs trois grands enfants Michael, Gloria et Sean. Dans leur salon défraichi, leurs amis viennent prendre un café ou du rhum, tandis que les clients viennent se faire couper les cheveux par un Desmond, pas vraiment au fait des nouvelles tendances. Heureusement, le fils ainé Michael, devenu assistant manager dans une banque, investit dans le salon et convainc son père d’embaucher un jeune styliste Tony (Dominic Keating).
« Desmond’s » a été créée par Trix Worrell né à Sainte-Lucie dans les Caraïbes. Diplômé de la National Film and Television School, il avait préalablement co-signé le scénario de « For Queen and Country » (1989). Récompensé par Channel 4 dans le cadre d’une compétition de découverte de nouveaux talents, il a créé pour la chaine britannique « Desmond’s » et son spin off « Porkpie » autour du personnage éponyme porté par Ram John Holder.
Avec son casting (et son équipe de tournage) majoritairement issu des Caraïbes, « Desmond’s » n’était pas tout à fait une première à la télévision britannique. La première sitcom avec un casting principal noir est « The Fosters » (ITV, 1976-77), adapté d’une série américaine, suivi par « No Problem! » (Channel 4, 1983-85) conçu avec la Black Theatre Co-operative. Mais avec ses 71 épisodes, plus un spin off, « Desmond’s » est l’un des plus gros succès de Channel 4 au début des années 90 et a joué un rôle important dans la visibilité des britanniques d’origine caribéenne sur le petit écran.
La raison de ce succès ? Les personnages très attachants bien sûr. C’est la fondation même d’un bon sitcom. Et son pendant, des acteurs au talent comique certain pour les incarner. Et là on est servi. Présent sur les écrans britanniques depuis la fin des années 60 (principalement à la télévision – il a d’ailleurs également joué dans la sitcom « The Fosters »), même si sous-utilisé (exception notable chez Horace Ové pour lequel il tient le rôle principal dans « Playing Away » en 1987), Norman Beaton (1934-94) est parfait dans le rôle du bougon Desmond.
Autre condition sine qua non pour un bon sitcom, l’écriture. Plus réaliste que d’autres sitcoms mettant en scène les minorités ethniques de la Grande Bretagne comme « Curry and Chips » en 1969, « Love Thy Neighbour » en1972 ou encore « Mixed Blessings » en 1978, « Desmond’s » dresse un portrait sensible et touchant de la communauté caribéenne où l’espoir de progression sociale est possible en dépit du racisme, où les contradictions et défauts communautaires ne sont pas effacés (notamment dans leur relation à leurs origines qu’elles soient caribéennes ou africaines). Sur ce dernier point, le personnage récurrent de Matthew, l’étudiant africain, apporte un regard parfois grinçant sur les relations entre les deux communautés.