Un film atypique et brillant entre Beckett et Pinter sublimé par le génie visuel de Polanski

Cul De Sac 1966

Cul-de-sac (1966)

Réalisé par Roman Polanski

Ecrit par Gérard Brach et Roman Polanski

Avec Donald Pleasence, Françoise Dorléac, Lionel Stander, Jack MacGowran,…

Directeur de la photographie : Gilbert Taylor

Musique : Krzysztof Komeda

Produit par Gene Gutowski, Michael Klinger et Tony Tenser

Comédie / Crime

UK
Richard (Lionel Stander), gangster en cavale, et son acolyte Albert (Jack MacGowran), qui est mourant, trouvent refuge dans un château anglais isolé sur une presqu’ile. Richard ne tarde pas à semer le trouble au sein du couple étrange que forment la jeune et belle Teresa (Françoise Dorléac) et George (Donald Pleasence), un homme plus âgé qui vient de vendre son usine.

Cul_de_sac1966-affiche« Cul-de-sac » est le troisième film de Roman Polanski, son deuxième film anglais et sa deuxième collaboration avec Gérard Brach après « Répulsion ». Si ce dernier était un film d’horreur psychologique diablement réussi et atypique, « Cul-de-Sac » est encore plus surprenant.

Entre thriller, huis clos psychologique et comédie absurde, « Cul-de-sac » est à la limite de l’objet filmique non identifié. Il a été tourné comme « Repulsion » dans un très beau noir et blanc par le maitre Gilbert Taylor (A Hard Day’s Night,Dr. Strangelove,…) et bénéficie d’un décor naturel atypique sublime, l’île de Lindisfarne située en Angleterre, sur la côte de la Northumbrie.

Comme les deux précédents films de Polanski, la musique brillante est signée par le génial Krzysztof Komeda, qui collaborera avec Polanksi jusqu’à sa mort prématurée en 1969 à l’âge de 37 ans (leur dernière collaboration sera sur la B.O. de « Rosemary’s baby »).

Rajoutez à cela des acteurs de la trempe de Donald Pleasence, Françoise Dorléac, Lionel Stander et Jack MacGowran et vous avez un film qui a une sacré personnalité.

Le scénario fait penser aux pièces d’Harold Pinter (pour les jeux de domination entre les personnages et la conscience de classe) et Samuel Beckett (pour les dialogues et les situations absurdes). Le film aurait pu aussi bien garder son titre original « Si Katelbach arrive » (clin d’oeil à « En attendant Godot ») tant l’attente de cet individu est un élément clé du film mais dont l’arrivée est aussi improbable et sans intérêt in fine que celle de Godot dans la pièce de Beckett.

Grâce à tous ces éléments combinés réunis dans les mains aussi douées que celles de Polanski, et sa compréhension de l’absurdité, « Cul-de-Sac » dégage une belle poésie qui en fait toute sa valeur.

Selon Polanksi, le tournage de dix semaines sur une île isolée et battue par les vents fut loin d’être une sinécure. Mais le résultat est là. Si le film a été bien accueilli en Europe (il a eu le Lion d’Or à Berlin), notons que la sortie américaine a été catastrophique. Ça n’a pas empêché toutefois d’obtenir un co-financement américain pour sa prochaine aventure cinématographique : « Dance of the vampires » (Le bal des vampires, 1968).

DVD zone 2 FR. Studio M6 Video. Version originale sous-titrée en français.