Un film de guerre cruel et spectaculaire signé Peckinpah où l’on suit un soldat allemand pour qui la guerre se résume à la survie de son bataillon.
Cross of Iron (1977)
(Croix de fer)
Réalisé par Sam Peckinpah
Ecrit par Julius J. Epstein, Walter Kelley et James Hamilton d’après le roman de Willi Heinrich
Avec James Coburn, Maximilian Schell, James Mason, David Warner, Klaus Löwitsch, Dieter Schidor, Véronique Vendell,…
Direction de la photographie : John Coquillon / Production design : Brian Ackland-Snow et Ted Haworth / Montage : Michael Ellis et Tony Lawson / Musique : Ernest Gold
Produit par Wolf C. Hartwig, Arlene Sellers et Alex Winitsky pour Anglo-EMI Film, ITC Entertainment, Rapid Film et Terra-Filmkunst
Guerre
119mn
UK / Allemagne de l’Ouest
Ce n’est pas si courant dans les films de guerre de suivre l’action à travers le regard des Allemands. Dans le cas présent, le héros du film est le caporal allemand Rolf Steiner, incarné à l’écran par l’Américain James Coburn. Le fait que ce soit un soldat comme les autres, qu’il haisse les nazis et que les adversaires soient russes a probablement rendu possible cet inversement dans l’ordre des choses.
On est projeté sur le front est en 1943. Les Russes ont contre-attaqué après l’échec de l’opération Barbarossa déclenchée par Hitler en juin 1941 visant à conquérir Moscou. Les Russes affrontent désormais les Allemands dans le Caucase et gagnent du terrain.
Le sous-officier Rolf Steiner est une tête dure nihiliste qui dirige son bataillon à sa façon et hait les officiers sans distinction. Quand le capitaine Stransky (Maximilian Schell), aristocrate prussien, débarque en volontaire, guidé par l’envie de décrocher la croix de fer, la plus haute récompense pour les militaires allemands, les deux hommes s’affrontent. Leur seul point commun ? Leur antipathie pour les Nazis.
Mais quand le colonel Brandt (James Mason) demande la vérité sur le rôle de Stransky dans une offensive qui lui vaudrait une croix de fer, Steiner s’abstient.
Sam Peckinpah, qui pendant le tournage carburait apparement à la vodka et au whisky, démontre en tout cas qu’il est encore capable de diriger un film d’action avec des séquences de guerre impressionnantes et qui en terme de sauvagerie n’a rien à envier à « The Wild Bunch » tourné dix ans plus tôt. Le scénario, basé sur le roman de Willi Heinrich, lui-même inspiré par le destin d’un soldat allemand Johann Schwerdfeger (1914-2015), sait laisser de la place aux personnages, comme dans tous les meilleurs films de guerre.
Dans « Cross of Iron », alors que les Russes avancent inexorablement, il y a beaucoup de discussions sur l’après guerre, la reconstruction, le nouveau départ. « Penses-tu qu’ils nous pardonneront un jour ? Ou qu’ils nous oublieront ? » demande Steiner, épuisé mais un sourire désabusé aux lèvres. Le message anti-guerre est clair et délivré avec force. La fin spectaculaire et cruelle est digne de Peckinpah. Je me permets aussi un gros bravo aux monteurs !
Tourné en Yougoslavie, « Cross of Iron » est co-produit par deux studios britanniques (Anglo-EMI et ITC) et un producteur d’Allemagne de l’Ouest Wolf C. Harting qui avait fait fortune en produisant des films de série B durant les années 50 avant de se consacrer aux films érotiques au milieu des années 60.
Malgré le succès modéré rencontré par « Cross of Iron » à sa sortie, Wolf C. Harting financera deux ans plus tard une suite « Breakthrough » avec Richard Burton qui reprend le rôle de Steiner, Rod Steiger et quelques acteurs secondaires de « Cross of Iron ». Mais ce second film n’est pas rentré dans les annales du genre.
Blu-ray 4K ou blu-ray StudioCanal (2024). Version originale sous-titrée en français.