Un mélodrame en temps de guerre convaincant où des enfants juifs sont exfiltrés d’un camp près de Florence par des nonnes. Une dernière partie poignante.
Conspiracy of Hearts (1960)
(La conspiration)
Réalisé par Ralph Thomas
Ecrit par Robert Presnell Jr. et Adrian Scott
Avec Lilli Palmer, Sylvia Syms, Yvonne Mitchell, Ronald Lewis, Albert Lieven,…
Produit par Betty E. Box pour The Rank Organisation
Directeur de la photographie : Ernest Steward / Montage : Alfred Roome / Direction artistique : Alex Vetchinsky / Musique : Angelo Francesco Lavagnino
Tourné à Florence et aux studios Pinewood
113mn
Guerre
UK
« En Italie, pendant la seconde guerre mondiale, les nonnes d’un couvent passent régulièrement des enfants juifs hors d’un camp de concentration voisin. Les officiers italiens suspectent les agissements des religieuses, mais ferment les yeux délibérément. Malheureusement, des soldats allemands prennent la relève de la sécurité du camp, et dès lors les activités des nonnes deviennent plus dangereuses… »
En juillet 1943, Mussolini vient d’être destitué par le roi et arrêté. Les partisants italiens se regroupent pour lutter contre les nazis. Le contexte historique nous est expliqué par une voix off, de la résitance italienne qui s’organise aux enfants juifs orphelins parqués dans des camps. C’est dans un de ces camps situé dans la campagne italienne près de Florence que des nonnes, menées par la mère supérieure Katharine (Lilli Palmer) ont organisé des exfiltrations de jeunes prisonniers. Ils bénéficient de l’oeil pas trop inquisiteur du responsable du camp, le major itlaien Spoletti (Ronald Lewis).
Mais les choses changent car Mussolini renversé, les Allemands reprennent les commandes des garnisons italiennes. C’est ainsi le colonel allemand Horsten (Albert Lieven) est dépéché pour prendre le commandement du camp. Même si Hortsen désaprouve de cette chasse aux juifs, il est avant tout un soldat et compte bien mettre fin aux fuites de jeunes prisonniers et à s’assurer que les ordres de sa hiérarchie soient appliqués à la lettre – quelque soit le coût humain. Une soeur est la première victime de cette nouvelle politique, tuée pendant une tentative d’exfiltration nocturne.
« Conspiracy of Hearts » n’évite pas quelques écueils du mélodrame (le film est produit par Betty E. Box ancienne Head of production de Gainsborough Pictures à l’époque où celui-ci était dirigé par son frère Sidney), mais les personnages sont bien campés. Les soeurs ne sont pas unanimes face au risque encouru (c’est Yvonne Mitchell, « méchante » de choix qui s’y colle !) et le prètre du village désaprouve l’action de la mère supérieure qui les met en danger. Mais ceci dit la foi de la cette dernière la pousse à faire parfois des choix difficillement défendables. Ainsi elle refuse que l’on tue des Nazis pour la sauver (ce qui est un choix) mais est aussi prête à sacrifier les enfants : « Nous ne pouvons être sauvées par un meutre ».
Parmi les personnages secondaires, on note la présence de la novice Mytia (la très belle Sylvia Syms) qui n’ose s’avouer son amour pour l’ex-chef italien du camp Spoletti, ou celui de l’officer allemand cruel et imbécile, le Lt. Schmidt (Peter Arne) que même son supérieur méprise.
Il y a une très jolie scène émouvante où les soeurs, avec la réticence de leur foi mais le dévouement de leur coeur, improvisent une célébration de Yom Kippour pour leurs jeunes protégés.
Les 30 dernières minutes du film sont particulièrement poignantes. Le suspense est bien entretenu et la mise en scène de Ralph Thomas est de très belle tenue.
Pour ce qui est du casting (excellent, même pour les enfants qui portent leurs propres traumatimes avec crédiblité), on retrouve Lili Palmer dans le rôle principal de la mère supérieure. Palmer est une juive allemande qui a fait carrière dans les années 30 et 40 en Angleterre avant de rejoindre les Etats Unis avec son mari Rex Harrison en 1945. Elle reviendra en Europe au milieu des années 50. Ici elle incarne une princesse allemande devenue mère supérieure dans un couvent italien.
Le film est co-écrit et basé sur une idée d’Adrian Scott, un scénariste et producteur américain aux idées très marquées à gauche et qui fut l’une des victimes du Maccarthysme.
On se souvient du réalisateur Ralph Thomas surtout grâce à ses comédies à succès (notamment la série des « Doctor » initiée en 1954) mais dans les années 50 surtout, il a également tourné dans d’autres genres moins légers comme le film noir (« The Clouded Yellow » en 1950), de guerre (« Above Us the Waves » en 1955) ou l’adaptation d’un Dickens (« A Tale of Two Cities » en 1958).
« Conspiracy of Hearts » est sorti en DVD chez Elephant Films en 2007. Si on a de la chance d’avoir ce film rare en France, ne rêvons pas, la copie est très moyenne. Etonnant vu qu’il n’est pas si vieux que ça. En tout cas une restauration (qui n’existe pas à ce jour en 2017) semble s’imposer. A noter que le film est également disponible dans le coffret « Le Cinéma en guerre« .
DVD zone 2. Studio Elephant Films (2007). Version originale sous-titrée en français et version française.