L’un des plus grands succès des années 70 au Royaume-Uni est une comédie érotique à tout petit budget, dont la star Mary Millington n’est présente que quelques minutes à l’écran

Come Play with Me (1977)

Ecrit et réalisé par George Harrison Marks

Avec Irene Handl, Alfie Bass, George Harrison Marks, Ronald Fraser, Mary Millington, Sue Longhurst, Henry McGee, Talfryn Thomas, Bob Todd, Tommy Godfrey,…

Direction de la photographie : Terry Maher / Direction artistique : Tony Halton / Montage : Peter Mayhew / Musique : Peter Jeffries

Produit par George Harrison Marks pour Roldvale

Erotique / Comédie

UK

Panique au ministère des Finances ! Des faux billets très réussis circulent actuellement en Angleterre. Les deux escrocs à l’origine des faux, Cornelius Clapworthy (George Harrison Marks) et Kelly (Alfie Bass) se réfugient dans un hôtel tranquille dans la campagne près d’Oxford afin d’imprimer quelques planches de billets. Mais le lendemain de leur arrivée débarque un bus rempli de belles “infirmières”. Pas vraiment des conditions idéales de travail pour des truands qui veulent passer inaperçus !

“Come Play with Me” est un exemple assez tardif de sex comedy, genre qui connaît son heure de gloire dans les années 70, alors que la censure permet plus de liberté qu’à l’époque des comédies “Carry On” des années 50 et 60 (qui devaient se contenter de faire des allusions au sexe sans rien montrer). La nudité à l’écran est désormais chose acceptée et le jeu est à présent de savoir jusqu’où on peut aller. Si dans certains pays européens (l’Allemagne et les pays nordiques) la production et la diffusion de films pornographiques sont autorisées, ce n’est pas encore le cas en Grande-Bretagne.

“Come Play with Me” est financé par le gallois David Sullivan, magna du porno alors à la tête d’un empire réunissant des revues à succès et des sex shops. A la recherche de nouveaux débouchés, Sullivan approche George Harrison Marks, le pape de la photographie de nu qui avait aussi signé quelques films, dont le fameux pseudo-documentaire sur le nudisme “Naked as Nature Intended” (1961). Marks, alors au creux de la vague, ressort un vieux scénario écrit dix ans plus tôt et demande un budget de 84.670 livres. Sullivan accepte, sous condition que Marks utilise sa petite amie de l’époque et star du papier glacé ainsi que de quelques pornos tournés en 8mm en Allemagne, Marry Millington.

Cinq semaines plus tard, le tournage débute. Marks a réussi à recruter, en plus des jolies filles prêtes à se dénuder, un casting d’acteurs de seconds rôles du cinéma britannique (Alfie Bass, Irene Handl, Ronald Fraser, Henry McGee,…) et endosse lui-même l’un des rôles principaux, avec perruque et fausses dents ! L’action se déroule principalement dans un hôtel pittoresque près d’Oxford, mais avec quelques scènes à Londres et Brighton.

Le tournage ne sera pas de tout repos, d’autant que Sullivan, qui a déjà commencé à faire de la publicité pour le film dans les pages de ses revues érotiques, promet de l’action jamais vue dans un film britannique. Parmi les acteurs, la rumeur enfle : on leur aurait menti, et ils se retrouveraient à l’affiche non d’une comédie érotique, mais d’un film pornographique ! Ce qui n’est pas complètement faux, puisque Marks tourne parallèlement quelques scènes avec des acteurs pornographiques destinées à être utilisées sur le continent (celles-ci auraient été depuis perdues).

Grâce à la campagne marketing menée tambour battant par Sullivan, le film qui sort le 28 avril 1977 au cinéma Moulin à Soho puis dans plus d’un millier de salles dans le pays, devient l’un des plus gros succès de l’année. Il restera 201 semaines consécutives à l’affiche, ce qui reste aujourd’hui un record pour le cinéma britannique !

Pourtant déjà à l’époque de sa sortie, “Come Play with Me” est bien gentillet (le film a d’ailleurs passé la censure avec des coupures minimales). Il s’agit visiblement un film à tout petit budget (à côté les comédies “Carry On” sont des méga productions !), pas vraiment drôle (malgré ses efforts), mais qui montre au moins son lot de nudité (même si aucune action pornographique n’est visible à l’écran – contrairement aux promesses faites par Sullivan à son lectorat). Quant à la star Mary Millington, bien qu’elle soit en tête d’affiche, elle n’apparaît que quelques petites minutes dans le film.

Outre sa nudité (plus appuyée que dans beaucoup d’autres sex comedies de l’époque, finalement pour la plupart assez chastes), “Come Play With Me” tente d’être drôle et entraînant, à l’exemple de la chanson du générique (“Pretty Girl” répétée ad nauseum). On a droit à un numéro chanté, à des personnages dans des déguisements absurdes (Marks montre l’exemple !) , une scène où l’actrice mange du poulet de façon bestiale tout en faisant l’amour, de nombreux personnages excentriques… On est très proche de l’humour de The Benny Hill Show (dont plusieurs habitués apparaissent dans “Come Play With Me”).

Le triomphe inattendu de “Come Play With Me” va entraîner la mise en chantier du film suivant de Mary Millington, où elle sera bien plus présente à l’écran, “The Playbirds” (1978). Elle restera l’une des stars de l’érotisme au Royaume-Uni jusqu’à sa mort en 1979 à l’âge de 33 ans. Au printemps 2020, l’éditeur anglais Screenbound lui a consacré un coffret Blu-Ray, concocté par le spécialiste de l’actrice et du cinéma “coquin” britannique, Simon Sheridan.

 

 

Coffret Blu-ray UK « The Mary Millington Movie Collection ». Edition Screenbound (2020) limitée à 3000 exemplaires. Version originale sans sous-titres