Review of: The Ladybirds
Crime / érotique:
Willy Roe

Reviewed by:
Rating:
3
On 19 septembre 2020
Last modified:20 septembre 2020

Summary:

La star britannique du porno des années 70, Mary Millington, trouve son meilleur rôle dans un film criminel et érotique surprenant par sa noirceur

La star britannique du porno des années 70, Mary Millington, trouve son meilleur rôle dans un film criminel et érotique surprenant par sa noirceur

The Playbirds (1978)

Réalisé par Willy Roe

Ecrit par George Evans et Willy Roe

Avec Mary Millington, Alan Lake, Glynn Edwards, Gavin Campbell, Dudley Sutton,…

Direction de la photographie : Douglas Hill / Direction artistique : Peter Williams / Montage : Jim Connock

Produit par Willy Roe

Crime / Erotique

UK

Une jeune femme pose nue devant un photographe. Quelques plans plus tard, dans une imprimerie, les rotatives tournent à plein régime. La même jeune femme se trouve en une du magazine érotique « Playbirds ». Dougan (Alan Lake) et son associé se félicitent de ce nouveau numéro, Mais Dougan laisse son partenaire s’occuper des tirages. Il a rendez-vous dans l’après midi pour aller voir sa nouvelle acquisition, un cheval prometteur mais qui lui a quand même couté 30.000 livres. Cheval qu’il baptise Mr Playbird (le garçon a de l’imagination !). Alors que le générique nous annonce « David Sullivan presents « The Playbirds », le décor change à nouveau.

Une jeune policière (Mary Millington) traverse un marché et passe devant un « New Swedish Cinema Club » (un cinéma porno) et un homme sandwich qui cite sur ses panneaux des extraits de la bible. On retrouve le jeune mannequin de tout à l’heure qui passe devant une pléthore de façades de sex shops. Oui nous sommes bien à Soho, le quartier londonien de la luxure. Mais quelques instants plus tard, alors que le générique vient à peine de s’achever et que la jeune femme vient juste de rentrer chez elle, un homme sonne à sa porte, s’introduit chez elle et l’étrangle !

Bientôt, tout un bataillon de policiers se retrouve dans l’appartement de la jeune femme, morte. Sur son front un simple chiffre dessiné au rouge à lèvres « 2 ». Le superintendant Holbourne (Glynn Edwards) et l’inspecteur Morgan (Gavin Campbell) décident d’aller rendre visite au propriétaire du magazine, le fameux Dougan.

« The Playbirds » a été lancé suite au triomphe surprise de la comédie érotique « Come Play with Me » (1977) réalisée par George Harrison Marks et produite par le magnat du porno, David Sullivan, avec sa compagne de l’époque et star de ses magazines, Mary Millington en tête d’affiche. Mais le tournage de « Come Play with Me » avait été un bordel sans nom, et cette fois-ci, Sullivan demande à l’Irlandais Willy Roe, qui était producteur associé sur le premier film, de s’occuper du nouveau projet. Son cahier des charges est simple : pondre une histoire correcte avec encore plus de filles nues, un rôle plus important pour Mary Millington (elle n’apparait finalement que très peu dans « Come Play with Me ») et un budget de 120.000 livres pour quatre semaines de tournage.

Le résultat n’a pas grand chose à voir avec le premier film. La comédie laisse la place à une intrigue criminelle où la police doit coincer un serial killer qui s’en prend aux filles qui font la une du magazine de Dougan. Parmi les suspects : un fou religieux, Dougan lui-même, un photographe condamné pour violence, un parlementaire conservateur qui mène une croisade contre le porno (même s’il en est lui-même consommateur).

Evidemment, on pense aux gialli italiens des années 70, mais sans le côté horrifique. « The Playbirds » est surtout une capsule temporelle du Londres à l’époque où les moeurs se libèrent, mais non sans resistance. L’érotisme et la pornographie, qui ont pignon sur rue, transforment en millionnaires des personnages hauts en couleur venus des classes populaires (les magnats du porno David Sullivan et Paul Raymond). Même si les ennuis avec la police restent monnaie courante (Mary Millington qui avait ouvert son propre sex shop à Soho en fera les frais).

Visiblement David Sullivan s’amuse avec la complicité de Willy Roe (co-scénariste, réalisateur et producteur). Dougan est le portrait craché de Sullivan (même si ce portrait n’est étonnamment pas toujours flatteur – par exemple il se fiche bien des meurtres et des victimes !) et le film fait dans l’auto-promotion éhontée : « Playbirds » est le vrai nom du magazine phare de Sullivan et les actrices du film, dont Mary Milligton bien sûr, sont toutes des mannequins de son magazine. Cerise sur le gateau, sur la dernière page du magazine, qu’on voit souvent dans le film, on entrevoit à plusieurs reprises une publicité pleine page pour « Come Play with Me » ! La boucle est bouclée !

Sullivan et Roe s’amusent à provoquer les ennemis du porno (conservateurs et religieux) mais aussi la police elle-même. Il fallait être sacrément culotté à l’époque faire interpréter le rôle d’un agent de police à une star du porno ! Millington avait eu beaucoup de problèmes avec la police, et sa peur de se retrouver en prison fait partie des raisons qui l’ont poussée à se suicider un an plus tard à l’âge de 33 ans.

Dans « The Playbirds », le ton est assez noir, jusqu’à la fin. Ce qui est assez étonnant pour un film, dont les premières ambitions sont de faire de l’auto-promotion et de montrer des filles nues !

Ce n’est pas filmé de main de maître (loin de là), le scénario n’est pas magistral, mais « The Playbirds » est tourné dans une belle variété de lieux et est bien rythmé. Si le jeu des jeunes modèles (dont Millington) est très limite, elles sont entourées par des vieux pros. Les années 70 sont une période difficile pour les acteurs britanniques et ici Sullivan peut se payer des acteurs expérimentés comme Alan Lake, Glynn Edwards, Gavin Campbell ou encore Dudley Sutton (qui pendant cette décennie a quand même également tourné chez Ken Russell, Fellini ou encore Blake Edwards !).

« The Playbirds » reste l’un des exemples les plus intéressants de films érotiques à l’anglaise tournés pendant les années 70 et le meilleur film tourné par la légende britannique du porno, Mary Millington.

Le film est disponible en version restaurée dans le coffret blu-ray « The Mary Millington Movie Collection » paru en 2020.

Coffret Blu-ray UK “The Mary Millington Movie Collection”. Edition Screenbound (2020) limitée à 3000 exemplaires. Version originale sans sous-titres