Review of: Cleft Lip
Drame:
Erik Knudsen

Reviewed by:
Rating:
3
On 7 janvier 2022
Last modified:7 janvier 2022

Summary:

Un drame indépendant qui tente de moderniser l'histoire d'Oedipe Roi de Sophocle. Ambitieux mais pas toujours très convainquant

Un drame indépendant qui tente de moderniser l’histoire d’Oedipe Roi de Sophocle. Ambitieux mais pas toujours très convainquant

Cleft Lip (2018)

(Bec-de-lièvre)

Réalisé par Erik Knudsen

Ecrit par Erik Knusden d’après la tragédie Oedipe roi de Sophocle

Avec Reece Douglas, Miranda Benjamin, Keith French,..

Direction de la photographie : Mark Duggan / Production Design : Meriel Pym / Montage : Erik Knudsen / Musique : Erik Knudsen

Produit par Janet Knudsen pour One Day Films

Drame

84mn

UK

A Manchester, Campbell (Reece Douglas) travaille dans l’entreprise pharmaceutique dirigée par son beau-frère, Max (Keith French). Ce dernier, paniqué par les résultats catastrophiques de l’entreprise depuis que Campbell y travaille veut faire appel à un voyant pour l’aider à comprendre ce qui se passe ! Campbell, pas enthousiaste, est furieux quand le voyant révèle qu’il a épousé sa mère. Il n’y croit pas, mais pense que Max utilise ce faux voyant pour l’éjecter de l’entreprise qu’il a intégré suite au mariage avec la soeur de Max, Jaz (Miranda Benjamin), de près de 20 ans son ainée.

Pour son sixième long métrage, le cinéaste indépendant de la région de Manchester, Erik Knusden, décide d’adapter aux temps modernes la tragédie de Sophocle « Oedipe roi ». Pourquoi pas après tout ? Le problème c’est que Knusden pèche par son adaptation. Alors oui, remplacer par exemple l’oracle de Delphes par un voyant peut être une bonne idée. Mais elle ne fonctionne pas vue le caractère très pragmatique et rationaliste de Max.

Et j’avoue ne pas avoir compris cette histoire de bec-de-lièvre. Dans la pièce de Sophocle, Oedipe tue par accident son père. Dans le film, Campbell (qui est métis) renverse et tue un homme noir (on voit le cadavre, a-t-il un bec de lièvre et est-on censé comprendre que c’est son père ? J’avoue que je ne suis pas arrivé à le distinguer de façon suffisamment nette même en me repassant la scène). Sinon Oedipe est aussi appelé ainsi à cause d’une particularité physique. Mais il y a une marge entre « Cleft Lip » est « Campbell ». Ou ai-je raté une subtilité quelque part ?

Je suppose que « Cleft Lip » marche mieux si on connait bien la tragédie de Sophocle. Mais on a l’impression que Knusden a l’air de considérer l’histoire d’Oedipe comme acquise. Or si tout le monde connait le mythe dans ses gros traits, il perd un peu son public en voulant créer des références difficilement lisibles et/ou qui ne fonctionnent pas vraiment dans le contexte contemporain.

Alors évidemment, ici l’histoire oedipienne passe par une clinique de fertilité, ce qui est plutôt malin. Cet aspect fonctionne, mais encore une fois, Knusden aurait dû simplifier le trait, au lieu de rajouter des scènes et des références qui sont difficilement compréhensibles. Je ne sais tout simplement pas ce que certaines scènes viennent faire là (par exemple quand Campbell tente de s’interposer entre un jeune couple qui se dispute).

Knusden est un cinéaste indépendant exigeant, mais qui ici se casse les dents sur un trop gros morceau. Et il met en évidence involontairement l’un des travers du cinéma indépendant. Le manque de recul et de regard extérieur. Knusden est ici à la fois scénariste, réalisateur, monteur, compositeur… et co-producteur avec sa femme. Un oeil avisé extérieur au stade du script aurait pu lui recommander de retravailler un peu son scénario et ses dialogues avant de le tourner.

De même, un montage qui traine un peu moins sur certains plans aurait été le bienvenue (ça marche sur son autre film « The Raven on the Jetty » qui est par essence un film contemplatif mais pas ici).

Au niveau des acteurs, le jeune Reece Douglas, qui a un certain nombre d’apparitions à la télévision et au cinéma à son actif, s’en sort plutôt pas mal. Ce n’est pas toujours le cas avec d’autres acteurs dont Keith French dans le rôle de Max, un peu trop figé (mais de toute façon son rôle est problématique).

Comme « The Raven on the Jetty », « Cleft Lip » est disponible sur Netflix Europe depuis décembre 2021. C’est une bonne chose car c’est l’occasion de découvrir un cinéaste indépendant jamais distribué dans les salles françaises, par contre je vous recommanderai plutôt « The Raven on the Jetty ».