Un film de terreur urbaine atmosphérique sur fonds de cités décaties. Un bon casting et une première réalisation assurée compensent un petit budget et quelques maladresses  

Citadel (2012)

Ecrit et réalisé par Ciarán Foy

Avec Aneurin Barnard, James Cosmo, Wunmi Mosaku, Jake Wilson,…

Direction de la photographie : Tim Fleming / Production design : Tom Sayer / Direction artistique : Tom Sayer / Montage : Tony Kearns et Jake Roberts / Musique : tomandandy

Produit par Brian Coffey et Katie Holly

84mn

UK / Irlande

Tommy (Aneurin Barnard) habite avec sa femme enceinte dans une tour bientôt vouée à la destruction. La plupart des autres locataires sont déjà partis. Un jour alors qu’ils rentrent chez eux, sa femme se fait violemment attaquée par un groupe de jeunes au visages couverts par des capuches, alors qu’il est bloqué dans l’ascenseur défaillant. Quand il arrive à sortir les assaillants sont partis, et sa femme est en sang. Elle meurt quelques jours plus tard sans avoir repris conscience mais le bébé, une petite fille Elsa, est sauvé. A l’enterrement, un prêtre (James Cosmo) lui glisse qu' »ils » vont bientôt venir chercher sa fille. Plusieurs mois plus tard, Tommy a été relogé avec Elsa dans une petite maison du quartier déserté. Tommy est paranoïaque et n’arrive pas à sortir de chez lui. Marie (Wunmi Mosaku), la jeune infirmière qui s’est occupée de sa femme, essaie de l’aider. Lui ne rêve que d’une chose, prendre le seul bus qui passe une fois par jour dans le quartier en début de soirée, et partir au loin possible avec sa fille avant qu’on vienne la chercher.

Le scénariste et réalisateur originaire de Dublin, Ciarán Foy, s’est inspiré d’une histoire qui lui est arrivée à 18 ans. Il a été victime d’une attaque par un groupe de jeunes de 14-15 ans qui l’ont frappé avec un marteau et l’ont menacé avec une seringue. « Le plus effrayant c’est qu’ils ne voulaient rien. Ils l’ont fait comme ça, juste pour s’amuser ». Foy s’en tire lui avec un traumatisme durable qui se transforme en agoraphobie et qui va le hanter pendant plusieurs années.

Dans « Citadel », le personnage de Tommy souffre également d’agoraphobie suite à la mort de sa femme. Il se referme sur lui, a du mal à sortir de sa maison, souffre de crises de paranoïa et de panique. Pour le réalisateur la  mise en image la terreur qu’il a ressentie à l’époque est clairement cathartique.

Les jeunes encapuchés prennent ici une allure monstrueuse et deviendront de véritables monstres au court du film. Du drame psychologique, on évolue vers un film de terreur urbaine mêlée de fantastique. La tour de « Citadel » hantée par des créatures dégénérées joue comme une métaphore de l’effet destructeur de la drogue et de l’anonymat dans des cités inhumaines et laissées à l’abandon.

Le film manque parfois de subtilité et les personnages auraient bénéficié d’un peu plus de profondeur, mais pour un premier film, réalisé avec peu de moyens, c’est un projet audacieux et réussi. L’ambiance est glauque à souhait.

Le tournage a eu lieu à Glasgow, en partie sous la neige (qui n’était pas prévue !) avec de nombreux enfants et deux bébés dans le casting (ce qui n’a pas dû être facile !). Le film fait appel à de nombreux trucages visuels et numériques plutôt bien exploités.  En outre, les acteurs sont convaincants, de l’acteur gallois Aneurin Barnard à la nigériane Wunmi Mosaku, en passant par le vieux briscard écossais James Cosmo, sans oublier le jeune Jake Wilson dans le rôle du jeune garçon aveugle.

« Citadel » s’inscrit précisément dans les films qu’on pourrait qualifier de « hoodie horror » (« hoodie » signifiant sweat à capuche), un sous-genre de des films de terreur urbaine, où des membres des classes populaires se transforment en monstres (parfois au sens propre !) sur fonds de « broken Britain ». On pense notamment au revenge movie « Harry Brown » (2009) avec Michael Caine aux films d’horreur « Eden Lake » (2008), « The Disappeared » (2008) ou encore « Heartless » (2009).

DVD zone 2 FR. Studio Luminor Films (2013). Version originale sous-titrée en français. Bonus : interview du réalisateur, marking of