Un film d’horreur culte, l’un des premiers à mettre en image les légendes urbaines (celle-ci étant imaginée de toutes pièces par le liverpuldien Clive Barker)

Candyman (1992)

Réalisé par Bernard Rose

Ecrit par Bernard Rose d’après l’histoire de Clive Barker

Avec Virginia Madsen, Tony Todd, Xander Berkeley, Kasi Lemmons, Vanessa Williams,…

Directeur de la photographie : Anthony B. Richmond / Production design : Jane Ann Stewart / Montage : Dan Rae / Musique : Philip Glass

Produit par Steve Golin, Alan Poul et Sigurjon Sighvatsson

Horreur

UK / USA

Helen Lyle (Virginia Madsen) et Bernadette Walsh (Kasi Lemmons) préparent une thèse sur les légendes urbaines pour l’université de Chicago. Pendant leurs recherches, elles tombent sur l’histoire de Candyman qui date du XIXe siècle. Elles trouvent des meurtres récents dans une cité de Chicago et qui sont attribués par les habitants à Candyman. Sentant qu’elles tiennent là le sujet de leur thèse, Helen et Benardette décident de se rendre sur place.

Bernard Rose, réalisateur anglais formé à la National Film and Television School et à la réalisation de clips (on lui doit notamment le fameux « Relax » de Frankie Goes to Hollywood) s’est fait remarqué par son troisième long, le film fantastique arty « Paperhouse » en 1988.  Quatre ans plus tard, le voici embarqué sur « Candyman », film d’horreur qu’il adapte lui-même du mythique écrivain d’horreur britannique Clive Barker (Hellraiser).

En fait il ne s’agit pas à la base d’une légende urbaine, ni d’ailleurs d’une réflexion sur le sujet (Barker a dit depuis ne même pas avoir eu connaissance du concept quand il rédigea la nouvelle). L’histoire est en fait une invention de Barker qui dit s’être inspiré d’une histoire racontée sa grand-mère pour le mettre en garde contre l’utilisation des toilettes publiques !

Pourtant Bernard Rose, qui lui avait lu sur le sujet, en fait l’un des premiers films sur le phénomène. Rose s’est inspirée pour porter à l’écran « Candyman » d’une légende urbaine de Chicago, la vierge sanglante. Et il traite l’histoire comme s’il pouvait aussi bien s’agir de la réalité que d’une montée en folie du personnage principal. Candyman existe-t-il ?

Comme Barker, Bernard Rose s’amuse avec les poncifs de l’horreur mais aussi quelque part les reproduit. Après tout, la mise en doute de la réalité est l’un des grands jeux du fantastique et de l’horreur à l’écran. Et Rose ne va certainement pas aussi loin dans le domaine que M. Night Shyamalan l’année suivante avec son « The Sixth Sense » (1999).

Sauf qu’ici il y a en plus une lecture très concrète du racisme américain envers la population noire et pauvre, et qui rend cette histoire très réaliste, très ancrée dans l’histoire même du pays. C’est donc une toute autre dimension que Rose apporte à l’histoire en déménageant l’histoire de Liverpool à Chicago.

L’actrice Virginia Madsen incarne l’américaine blanche, blonde, bien éduquée, qui se laisse hypnotiser/séduire par un grand noir, viril,  celui-là même qui terrorisait les blancs du sud au XIXe siècle. D’autant plus après la fin de l’esclavage, quand les noirs se sont fondus dans la communauté. L’histoire originale du personnage Candyman est celle d’un jeune noir de la classe moyenne, peintre talentueux, qui réalise des portraits des classes aisées. Il tombe amoureux de l’un de ses modèles, elle tombe enceinte, et il finit par se faire lyncher. Bref, l’histoire des origines de Candyman est on ne peut plus crédible.

Si on peut regretter que « Candyman » ne soit parfois pas un peu plus subtil, il reste l’un des films d’horreur marquant des années 90. Le scénario qui prend sa source dans l’un des traumatismes de l’histoire américaine, la photographie et les effets spéciaux très travaillés, les acteurs (notamment l’impressionnant Tony Todd dans le rôle titre et Virginia Madsen) et aussi la musique de Philip Glass permettent à « Candyman » de sortir largement du lot.

Son succès engendra une suite « Candyman: Farewell to the Flesh » (1995) réalisée par l’Américain Bill Condon, qui a réalisé récemment quelques co-productions UK/US « Mr Holmes » (2015) et « The Good Liar » (2019). Un reboot doit sortir à l’été 2021, au scénario co-écrit par Jordan Peele (« Get Out », « Us ») et Nia Da Costa, jeune réalisatrice afro-amércaine remarquée avec « Little Woods » (2018). A voir mais voici déjà un étrange retour aux origines pour une légende urbaine de Chicago inventée par un Anglais de Liverpool !

L’éditeur français ESC a sorti un très joli blu-ray du film avec un livret (dans son édition combo), des entretiens et des commentaires audios très instructifs à plusieurs voix (Bernard Rose, Clive Barker, Tony Todd,…).

Combo blu-ray/DVD FR ESC Films (2019). Version originale sous-titrée en Français et version française. Bonus : livret de 24 pages, commentaires audio, entretiens