Un film avec des vampires chez les « Rednecks » MAIS tourné dans la campagne du Surrey ? Tope-là, c’est parti pour plus de 100mn de n’importe quoi !
Bogieville (2024)
Réalisé par Sean Cronin
Ecrit par Henry P. Gravelle
Avec Arifin Putra, Eloise Lovell Anderson, Sean Cronin, Jonathan Hansler, Daniel P Lewis…
Direction de la photographie : Daniel Patrick Vaughan / Production design : Abbie Cornwell / Montage : Pj Harling et Will Simpson / Musique : Jamie Christopherson et Sean Cronin
Produit par Djonny Chen et Sean Cronin pour Magnificent Films
Comédie / Horreur
108mn
UK
J’avoue que j’ai un faible pour les films dont l’action se déroule dans un pays mais qui ont été tournés dans un autre, parfois à l’autre bout du monde. Le cas le plus célèbre est bien sûr celui des westerns européens tournés le plus souvent en Espagne. Il faut alors reconstituer tout un univers à partir de quasi rien (et tout le monde ne peut pas se payer un Clint Eastwood !). Plus le budget est petit et plus le challenge est difficile. Donc oui, un film de vampires fauché et censé se dérouler dans le sud profond des Etats-Unis MAIS tourné en Angleterre avec des acteurs qui n’ont sûrement jamais foutu les pieds chez les « Rednecks », des pèquenauds qui ont bien marinés dans leur jus, moi je dis banco !
« Bogieville » est réalisé par Sean Cronin, acteur londonien à la tronche mémorable de méchant qu’il a trainée dans un joli paquet de séries B comme « The Hooligan Wars » ou « Escape » (en plus de faire des apparitions généralement non créditées dans de grosses productions). A ses heures perdues, il est aussi directeur de la photographie (essentiellement pour des courts-métrages) et réalisateur (quatre courts-métrages et cinq longs dont deux en co-réalisation).
Il y a une quinzaine d’années, Sean Cronin rencontre un écrivain et scénariste américain spécialisé dans l’horreur, Henry P. Gravell, qui lui propose le script de « Bogieville » (le nom est un hommage à Humphrey Boggart surnommé Bogie !). Cronin serait alors « tombé amoureux » de cette histoire de vampires chez les Rednecks mais n’avait pas l’argent pour le produire. Puis quelques années plus tard, un jour où Gravell le relançait pour savoir où en était le projet de film, il s’est rendu compte que la ferme qu’il venait d’acheter dans le Surrey ferait un parfait décor pour cette histoire !
Alors justement, parlons de l’histoire. Nous suivons un jeune couple qui perd le même soir leurs boulots respectifs, lui de mécanicien et elle de serveuse. Comme ils n’ont plus un sous pour payer leur loyer, une seule solution leur vient à l’esprit : la fuite ! Ils prennent la route et s’y perdent pour se réveiller de bon matin près d’un trailer park, un campement composé de quelques caravanes en ruines. Ils l’ignorent encore mais ils sont tombés sur un nid de vampires !
C’est un pur bonheur de voir comment les acteurs sur-jouent leurs rôles et leurs accents. La palme va à l’acteur Daniel P Lewis dans la peau du sheriff. Tout simplement magnifique ! C’est vraiment trop long et trop bavard mais sinon je dois avouer que je me suis bien amusé. C’est mal fichu comme ce n’est pas permis (tu t’attends à tout moment à ce que la perche du micro apparaisse dans le cadre). Et, surprise, le fait de mettre quelques voitures américaines devant des architectures purement britanniques ne suffit pas à vous faire traverser l’océan. Là vous restez en plein milieu de l’océan atlantique et ça mouille un peu ! Le tout étant tourné avec une désinvolture remarquable.
Dans une interview, Sean Cronin explique que si le film ne se prend pas « trop au sérieux » (ah !), il propose une nouvelle vision intéressante du vampire (le vampire redneck donc). Il rajoute que le film a tenté quelque chose chose qui n’a jamais été fait avant (ah ?) : « Nos vampires savent quand c’est ce moment du mois chez les femmes. C’est un peu comme si tu te coupes la jambe dans une mer remplie de requins ! ». D’où la scène d’introduction que je vous laisse le plaisir de découvrir (ou pas).
« Bogieville » a fait le tour de quelques festivals dans la deuxième partie de 2024 avant d’atterrir en streaming à la mi-juin 2025 (mais pas encore en France à l’heure où j’écris ces lignes).