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2
On 30 novembre 2022
Last modified:30 novembre 2022

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Une critique de la décadence de l'aristocratie version seventies, un drame qui penche involontairement vers la comédie en tentant d'instaurer un climat horrifique

Une critique de la décadence de l’aristocratie et du système de classes version seventies, un drame qui penche involontairement vers la comédie en tentant d’instaurer un climat horrifique

BlueBlood (1974)

Réalisé par Andrew Sinclair

Ecrit par Andrew Sinclair d’après le roman d’Alexander Thynne

Avec Oliver Reed, Derek Jacobi, Fiona Lewis, Meg Wynn Owen, Anna Gaël,…

Direction de la photographie : Harry Waxman / Direction artistique : Jacqueline Charriot-Lodwidge / Montage : Keith Palmer / Musique : Brian Gascoigne

Produit par John Trent et Kent Walwin pour Mallard Productions

90mn

Drame

UK / Canada

Beata (Meg Wynn Owen), une nourrice allemande a été embauchée pour s’occuper des deux jeunes enfants d’un aristocrate britannique Gregory (Derek Jacobi) qui vit dans un magnifique château. Mais elle comprend rapidement que le marjord’home Tom (Olivier Reed) est en fait celui qui dirige la maisonnée. La mère des deux enfants Lily (Fiona Lewis) est une chanteuse, toujours en tournée, l’oisif Gregory passe plus de temps à repeindre les murs et à prendre du bon temps avec son amante Carlotta (Anna Gaël) qu’à s’occuper de ses enfants.

Nul doute qu’Andrew Sinclair, le réalisateur et scénariste de « BluBlood », ait tenté une critique de l’aristocratie décadente et des relations de classe dans l’Angleterre contemporaine des années 70. Gregory, lord obligé d’ouvrir son château aux touristes qu’il hait pour financer sa maison et son train de vie, est obsédé par son héritier mâle mais refuse de s’en occuper. Il est manipulé et humilié par son majord’home, le sinistre et pervers Tom qui prend le château pour sa propriété et les femmes qui y sont présentes pour sa basse cour.

Malgré les insistances des femmes qui l’entourent, Grégory refuse de se séparer de Tom dont il a trop besoin. Nouvelle venue, la nourrice Beata ne tarde pas à avoir des visions de sacrifices et de culte dont Tom serait le gourou et le fils du châtelain, l’hériter, la victime. Rêve ou réalité ?

Le scénario laisse les portes ouvertes et accumule les scènes de soumission/domination entre Tom et les autres personnages de cette jungle (ça tombe bien, le château est entouré d’un zoo). Ce n’est pas très fin et même si Oliver Reed donne comme à son habitude une prestation convaincante comme sadique de service, le film en devient rapidement très lourdingue, surtout qu’il ne semble pas avoir grand chose à dire à part son idée de base, bien mieux traitée ailleurs (« The Servant« ,…).

Son principal intérêt est d’avoir été filmé entièrement à Longleat House, résidence du Marquis de Bath et chef d’oeuvre de l’architecture sous la reine Elisabeth I (XVIe siècle) et qu’on retrouve également dans « Barry Lyndon » (1975) ou « The Missionary » (1982). On pourrait s’étonner que Sinclair ait obtenu de filmer sur place pendant 3 semaines, mais en fait le livre qui est à l’origine du scénario a été écrit par Alexander Thynn, alors vicomte et qui allait devenir en 1992 le 7e marquis de Bath ! Un vrai excentrique qui justement repeignait les murs de son château. On espère quand même pour lui que le rôle de Gregory n’est pas trop autobiographique. Autre détail amusant, l’actrice qui joue l’amante de Gregory n’est plus ni moins que la femme de Thynn et donc la future marquise et maitresse des lieux !

Andrew Sinclair signe ici un film très marqué par son époque et qui, faute de savoir maitriser la liberté de ton et de forme qu’elle permettait, ne réussit pas à transformer son scénario volontairement déstabilisant (avec une touche horrifique gothique) en film intéressant (sa réalisation très basique n’aide pas). Sinclair n’est pourtant pas un débutant. Ecrivain, biographe (Jack London, John Ford,…), historien spécialisé dans l’histoire américaine, il avait déjà signé en tant que scénariste et réalisateur une adaptation de son best seller « The Breaking of Bumbo » (1970) et avait même enchainé avec une adaptation ambitieuse du classique de Dylan Thomas « Under Milk Wood » (1971) avec au générique pas moins qu’Elisabeth Taylor, Richard Burton et Peter O’Toole. Mais quand ça veut, ça veut pas et « BlueBlood » sera assez logiquement son dernier film en tant que réalisateur, même si on le retrouver comme scénariste notamment sur une mini-série européenne adaptée de « Martin Eden » (1987).

« BluBlood » est un film assez difficile à trouver mais qui comme d’autres bizarretés a atterrit on ne sait pas trop comment dans le catalogue Netflix (automne 2022) un peu partout dans le monde, dont la France. Ce qui aura permis en tout cas à des curieux (comme moi-même) de le découvrir enfin.