Avec ce « Batman Begins » plus sombre mais aussi plus réaliste et dramatique, Christopher Nolan renouvelle avec brio le film de super héros et le personnage de Batman
Batman Begins (2005)
Réalisé par Christopher Nolan
Ecrit par David S. Goyer et Christopher Nolan
Avec Christian Bale, Michael Caine, Liam Neeson, Katie Holmes, Gary Odlman, Cillian Murphy, Morgan Freeman, Rutger Hauer, Tom Wilkinson,…
Direction de la photographie : Wally Pfister / Production design : Nathan Crowley / Montage : Lee Smith / Musique : James Newton Howard et Hans Zimmer
Produit par Larry Franco, Emma Thomas et Charles Roven pour Warner Bros., Syncopy et DC Comics
Thriller / Crime
UK / USA
Avec deux films en 1989 et 1992, Tim Burton réussit le coup d’exploit de faire de Batman un héros cinématographique qui compte. Mais par la suite, le justicier masqué va prendre un sacré coup en matière de crédibilité suite à des films quasi parodiques sous la direction de Joel Schumacher et la volonté du studio de s’adresser à un public plus large avec un Batman moins sombre, détruisant par là l’ambition de Burton de proposer un super héros mature et sombre.
Huit ans après l’hécatombe « Batman et Robin » (1997), on repart donc à zéro. Et c’est cette fois-ci le réalisateur britannique Christopher Nolan, qui a fait mouche en 1998 avec son premier film « Following » puis aux USA avec les thrillers « Memento » (2000) et « Insomnia » (2002), qui prend les commandes.
Malgré une filmographie limitée, Nolan ne reprend pas la franchise en se contentant d’encaisser le chèque comme ça se fait aujourd’hui trop souvent dans les films pour super héros de chez Marvel. Il impose sa vision à un studio, sûrement aidé par le fait qu’à ce stade Warner Bros ne sait plus dans quelle direction aller pour remettre Batman en selle. Il co-écrit le scénario avec David S. Goyer et s’impose comme co-producteur via sa société de production basée à Londres, Syncopy représentée par sa femme Emma Thomas.
Le résultat du travail de Nolan et de Goyer sur le scénario donne donc un reboot de Batman qui ignore tous les films faits avant lui, ainsi qu’une Origin Story, entendez par là un film qui développe les origines du super héros. Aujourd’hui le reboot ainsi que le film sur les origines des personnages sont utilisés pour tous les films de super héros pour relancer les franchises à n’en plus finir (et ce sont dernièrement appliquées à Batman à nouveau avec le film « The Joker » en 2019 et « The Batman » en 2022).
Nolan transforme « Batman » en un film dramatique centré autour du personnage de Bruce Wayne, le milliardaire orphelin qui deviendra l’un des justiciers masqués les plus célèbres du XXe siècle. Les méchants ne sont plus si centraux (surtout dans ce premier volet), tout tourne autour de Wayne et de son évolution intérieure.
Les choix de casting de Nolan sont audacieux sur un film de 200 millions de dollars. Peu de stars et beaucoup d’acteurs britanniques de talent qu’on aurait pas forcément imaginés dans un films de super héros, à commencer par Christian Bale, encore peu connu du grand public comme tête d’affiche sinon pour sa prestation de psychopathe dans « American Pyscho » (2000) !
Nolan va cherche du côté des vieilles légendes. On a droit au retour de la légende Michael Caine dans le rôle du majord’home Alfred, Rutger Hauer ou encore Morgan Freeman. Il embarque le nord irlandais Liam Neeson (qui avait joué dans Star Wars mais n’avait pas encore fait sa mutation en acteur de série B d’action), Gary Odman (révélé par Mike Leigh et Dracula bien sûr pour Coppola) et Cillian Murphy (alors surtout connu pour « 28 Days Later »). Pour les personnages féminins, par contre, c’est court. Un seul vrai personnage féminin dans ce Batman, Rachel (Katie Holmes) dans le rôle de l’amie d’enfance et love interest de Wayne.
En ayant recours à de nombreux acteurs de qualité et expérimenté, même sur les seconds rôles, Nolan montre sa volonté d’avoir un casting d’ensemble le meilleur possible pour appuyer son histoire. C’est l’une des réussites de ce nouveau Batman.
Pour autant, Nolan ne renverse pas complètement les codes, les gadgets et les méchants plus grands que nature sont toujours là mais moins centraux et plus réalistes. On a l’impression que Nolan essaie de rester autant qu’il peu d’éviter de partir dans le pur fantastique.
Autre réussite magistrale, la direction artistique, plus sombre mais aussi justement plus réaliste que celle du Batman de Burton. Pour appuyer ce réalisme, Nolan décide à contre courant de tourner sur film et d’utiliser le moins possible les effets spéciaux digitaux. Des plateaux immenses sont utilisés en Grande Bretagne ou une grande partie du film a été tourné afin de reconstitué des morceaux de Gotham City en taille réelle ou via l’utilisation de maquettes.
Et son pari est gagnant. Son film fait moins artificiel que de nombreux films de super héros qui sortent aujourd’hui, et le style de « Batman Begins » n’a pas mal vieilli plus de quinze ans plus tard. En matière de films de super héros, qui est aujourd’hui devenu un vrai genre à part entière, Nolan réussit son pari de film adulte avec une narration forte et réaliste, à mille lieux du produit marketing. Et ça c’est une réussite assez incroyable !
Blu-ray/Blu-ray 4K / DVD FR. Studio Warner Bros. Version originale sous-titrée en français et version française. Nombreux bonus