Un premier film très amateur qui tente de s’inscrire dans la longue tradition des kitchen sink dramas avec l’histoire de deux frères dont l’avenir est tout tracé… pour le pire

Baby Brother (2024)

Réalisé par Michael J. Long

Ecrit par Michael J. Long et Tom Sidney

Avec Brian Comer, Paddy Rowan, Josie Sedgwick-Davies, Billy Moore, Christian Greenway, AJ Jones,…

Direction de la photographie : David Short / Montage : David Short / Musique : Bobby Locke

Produit par Keith Rice et Tom Sidney

Drame

82mn

UK

J’avoue avoir été rarement aussi traumatisé par un film. « Baby Brother » raconte l’histoire de deux frères. Adam (Brian Comer), l’ainé, très protecteur de son petit frère, Liam (Paddy Rowan).  Adam joue aux durs alors que Liam est un jeune garçon vulnérable, probablement autiste. Ils grandissent à Liverpool dans une famille recomposée avec une mère droguée et un beau-père violent qui a des dettes auprès d’un malfrat local. Dans un tel contexte, on ne s’étonne pas que les choses tournent mal pour ces deux jeunes.

On suit ‘histoire d’Adam et Liam sur deux journées à cinq ans d’intervalle (la plus ancienne est tournée en noir et blanc et la plus récente en couleurs).

Le film s’inscrit dans la tradition des kitchen sink dramas, ces films qui montrent le dur quotidien des classes populaires dans une démarche souvent réaliste (un virage que le cinéma britannique a commencé à prendre à la fin des années 50 et qui connaitra son heure de gloire à travers la nouvelle vague anglaise). Un genre où pas mal de cinéastes britanniques excellent (Ken Loach en tête of course). Et il n’est pas rare d’avoir de nouveaux cinéastes qui se lancent dans cette trajectoire, qui peut être sacrément casse gueule si elle n’est pas maîtrisée.

Pour son premier long métrage, Michael J. Long fait preuve d’audace. Un budget de quelques dizaines de milliers de livres et un casting en majorité voire intégralement amateur ne sont pas forcément des tares dans ce genre de cinéma. James Gardner l’avait prouvé avec son « Jellyfish » qui en 2018 a obtenu l’Hitchcock d’or au festival de Dinard (même si le film n’a jamais réussi à être distribué correctement – ça reste le principal défi du cinéma indépendant que ça soit en Grande-Bretagne ou ailleurs).

Pour autant, si j’ai été traumatisé par ce « Baby Brother » ce n’est pas parce qu’il est dur et poignant. Non. C’est tout simplement parce qu’il est ridicule. Le film est mal écrit et accumule les scènes improbables, les acteurs sont terriblement mal dirigés et la réalisation est au mieux maladroite.

Malgré tout, « Baby Brother » a été présenté en avant première au festival d’Oldenburg en Allemagne où il a remporté le prix du meilleur premier film. Le jury a estimé que le film était « authentique et sans concession, moralement complexe, brut et poétique ».

On n’a pas dû voir le même film.