Premier film de Neil Jordan, une oeuvre intimiste et onirique sur la vengeance et la folie.

Angel (1982) de Neil Jordan

Angel (1982)

Ecrit et réalisé par Neil Jordan

Avec Stephen Rea, Veronica Quilligan, Alan Devlin,…

Directeur de la photographie : Chris Menges

Produit par Barry Blackmore pour Bórd Scannán na hÉireann, Channel Four Films et Motion Picture Company of Ireland

Drame

90 mn

Irlande / UK

Quelque part en Irlande du Nord, Danny (Stephen Rea), saxophoniste dans un groupe itinérant, est témoin du meurtre brutal du manager du groupe suite à une tentative d’extorsion. Une jeune femme muette a assisté au drame et est également abattue froidement. Danny se met alors à la recherche des meurtriers et les abat un par un.

Angel (1982) de Neil JordanAlors que l’action de « Angel » se passe en Irlande du Nord et montre des assassinats pour extorsion commis par des loyalistes, il ne s’agit nullement d’un film politique – même si l’ombre du conflit pèse sur l’intrigue et l’ambiance.

Le premier film de l’irlandais Neil Jordan est un film intimiste. Il raconte la descente aux enfers d’un musicien qui, suite à la double exécution dont il a été témoin, finit par remplacer son saxo par une arme à feu récupérée auprès de sa première victime (à un moment clé du film, il retire le saxo de son étui pour y cacher l’arme) et se lance dans une quête de vengeance implacable.

Même si Danny force au début la sympathie, sa volonté de vengeance débouche sur une perte d’humanité et la folie et à la fin il sera difficile au spectateur de garder un avis tranché sur le personnage et sa croisade.

Le film bénéficie d’une ambiance très particulière, notamment grâce à ses images et couleurs limite surréalistes (et parfaitement maîtrisées par Chris Menges). Ceci en parfaite harmonie avec les dialogues et les situations, teintées d’onirisme.

Le style du film a un peu vieilli mais l’histoire de Danny, portée par la patte d’un réalisateur talentueux comme Neil Jordan et l’interprétation subtile de Stephen Rae, garde un charme intrigant, même si on peut être allergique à son côté volontairement intello et son ambiguïté (sur la violence) voire son silence (sur les événements politiques irlandais qui servent ici juste de prétexte).

« Angel » est le premier film a avoir été financé par l’Irish Film Board. Ce qui n’a pas été sans causer polémique en Irlande alors que Neil Jordan n’avait pas d’expérience dans le cinéma, sinon celle d’avoir été l’année auparavant « créatif associé » sur le film « Excalibur » de John Boorman. Ce dernier étant par ailleurs impliqué dans plusieurs institutions (dont l’Irish Film Board), et étant producteur exécutif du film. La polémique entraina le retrait de John Boorman des institutions cinématographiques irlandaises et l’exil professionnel de Neil Jordan qui ne reviendra tourné en Irlande que six ans plus tard.

Par la vengeance implacable dont fait preuve Danny, certains critiques n’ont d’ailleurs pas manqué de rapprocher « Angel » du deuxième film de John Boorman « Point blank ». Le thème de la revanche sera à nouveau au centre d’un autre film de Jordan « The Brave One » (A vif, 2007). De quoi pour certains avoir des doutes sur les positions de Jordan sur la justice personnelle. Néanmoins on ne peut pas dire à mon avis qu’elle soit glorifiée dans « Angel », même si Neil Jordan reste volontairement ambigu sur le message de son film.

A ce jour (février 2015), il est très difficile de se procurer « Angel » en DVD (et la version UK ne dispose pas de sous titres).

DVD Region 2 UK. Studio Cinema Club ou Carlton. Version originale sans sous-titres (attention aux forts accents irlandais !)