Un bon film de guerre aérienne mais aussi un drame fort, signé Jack Gold, où un jeune homme doit faire face à la réalité de la vie d’un pilote de combat (et à sa possible mort).
Aces High (1976)
(Le tigre du ciel)
Réalisé par Jack Gold
Ecrit par Howard Barker d’après la pièce de R.C. Sherriff
Avec Malcolm McDowell, Christopher Plummer, Simon Ward, Peter Firth, David Wood, John Gielgud, Trevor Howard,…
Direction de la photographie : Gerry Fisher / Production design : Syd Cain / Montage : Anne V. Coates / Musique : Richard Hartley
Produit par Benjamin Fisz
Drame / Guerre
114mn
UK / France
Avril 1917. Croft (Peter Firth), tout juste sorti de l’école, est affecté au 76e régiment aérien. Une affectation qui ne doit rien au hasard : il est fasciné par Gresham (Malcolm McDowell), excellent pilote qui a été dans son école et qui est fiancé à sa soeur. Gresham de son côté n’est guère heureux de voir Croft.
Au début du film, en octobre 2016, on voit Gresham (Malcolm McDowell), pilote de combat héroïque, tenir un discours patriotique enthousiaste devant des jeunes de son ancienne école. Parmi les étudiants, Croft (Peter Firth) qui le regarde avec admiration.
Un an plus tard. A son arrivée en France, à quelques kilomètres de la zone de combat, Croft est enthousiaste. Il est heureux de revoir Gresham, pilote héroïque qu’il admire par dessus tout et qui est de plus le fiancé de sa soeur.
Néanmoins sa venue n’est pas du goût de Gresham, et on va vite comprendre pourquoi. On apprend les réalités de la vie de pilote en même temps que Croft, on découvre la guerre à travers ses yeux. Quand à peine arrivé, on lui lâche crânement, à lui jeune recrue emplie d’innocence et d’incompétence (il n’a alors que quelques heures de vol à son actif !), que l’espérance de vie d’un pilote est de 15 jours maximum, on le prend pour nous.
Grasham de son côté, montre rapidement ses failles. Derrière sa rugosité apparente, se cache une trouille de mourir qu’il noie dans l’alcool. Il lui faut toute l’amitié de Sinclair (Christopher Plummer), un officier plus agé et blessé à la jambe, pour tenir le coup. Et quand l’un de ses pilotes Crawford (Simon Ward) est sur le point de craquer et de déserter, il se montre d’autant plus intransigeant avec lui qu’il rêverait probablement de faire la même chose.
D’autant que Grasham doit faire face à l’absurdité des ordres venus d’en haut qu’il est obligé de répercuter sur ses hommes. Sa demande de parachutes est ainsi refusée. « Ca nuirait au sang froid des pilotes » lui répond-t-on.
« Aces High » est un film amer sur la futilité de la guerre et le peu de valeur d’un homme qui a le mérite d’avoir une brochette de personnages forts et de ne jamais tomber dans les facilités mélodramatiques.
Le script est inspiré librement de « Journey’s End » (1928), fameuse pièce de R.C. Sherriff sur la première guerre mondiale. Sauf que là bien éviédemment, il ne s’agit pas de tranchées ! Et tout ce qui concerne la vie dans une est en fait tiré d’un livre de Cecil Lewis « Saggitarius Rising » ».
Le producteur d’origine polonaise Benjamin Fisz, à qui on doit notamment d’autres fims de guerre comme « The Heroes of Telemark » (1965) et « Battle of Britain » (1969) est à l’origine de « Aces High ». Sa fascination pour les films de guerre, notamment aérienne, s’explique aisément par son passé de pilote pendant la seconde guerre mondiale. C’est lui qui a approché le réalisateur Jack Gold.
Gold avait déjà à son actif une belle carrière à la télé et quelques réussites au cinéma comme « The Bofors Gun » (1968) ou encore l’excellent « The Reckoning » (1970). Il effectue encore ici du beau boulot, en s’appuyant notamment sur un casting de rêve mais aussi un montage très précis d’Anne V. Coates (monteuse notamment de « Lawrence of Arabia »). Montage renforcé par la numérotation des journées (qui rappelle d’ailleurs la prédiction sur l’espérance de vie d’un pilote).
Le film n’est évidemment pas avare en combats aériens qui d’après Jack Gold lui-même ont été un cauchemar à tourner. La production n’avait que cinq avions à disposition, et les séquences storyboardées n’ont jamais pu être filmées avec la précision suffisante, obligeant à rajouter des inserts provenant d’autres films (notamment de « The Blue Max » (1966) ! Et c’est là qu’on apprécie pleinement le génie d’un monteur (ou plutôt d’une monteuse) de talent !
Dans le rôle du jeune Croft, on retrouve Peter Firth qui sortait tout juste des représentations de « Equus » dans le West End (il reprendra d’ailleurs le rôle au cinéma l’année suivante). Il est excellent et c’est tant mieux car, comme le note justement Jack Gold dans une interview, le film n’aurait pas marché si le personnage de Croft n’avait pas bénéficié d’une interprétation parfaite. A ses côtés on a donc droit dans les rôles principaux à Malcolm McDowell, très en forme, mais également à Christopher Plummer ou Simon Ward, tous deux excellents !
DVD et blu-ray Studio Canal (2015). Version originale sous-titrée en français et version française. Bonus : interviews avec Jack Gold et avec Malcolm McDowell, la première du film
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