Film culte s’il en est, « Withnail & I » est une comédie anglaise atypique sur deux comédiens au chômage et en permanence shootés.
Withnail & I (1987)
(Withnail et moi)
Film réalisé et écrit par Bruce Robinson
Avec Richard E. Grant, Paul McGann et Richard Griffiths
Produit par Paul M. Heller pour Handmade Films
107 mn
Comédie
UK
En 1969, à Camden Town, Withnail (Richard E. Grant) et Marwood (Paul McGann), deux comédiens au chômage, mènent une vie de débauche, partageant le même appartement réduit à l’état de déchetterie. Abrutis par l’alcool et la drogue, ils décident de partir à la campagne pour changer d’air, et demandent à l’oncle Monty (Richard Griffiths), un vieil homosexuel excentrique, les clés de son cottage. Toutefois leur séjour à la campagne ne sera pas vraiment de tout repos.
Film culte par excellence, « Withnail & I » a pourtant mis du temps à s’imposer (d’abord aux Etats-Unis – le réalisateur David Fincher est fan – puis en Angleterre auprès de la jeunesse des années 90) et reste aujourd’hui complètement inconnu en France. Il faut dire que cette comédie noire sur l’amitié et la déchéance a un ton très particulier, qui donne à ce film une place à part dans le genre pourtant déjà très hétéroclite de la comédie anglaise. De nombreux dialogues et scènes sont aujourd’hui mythiques auprès de fans inconditionnels.
« Withnail & I » est un projet très personnel de Bruce Robinson, acteur qui avait acquis une petite réputation en tournant pour « Romeo and Juliet » ( Franco Zeffirelli, 1968), « The Music Lovers » (Ken Russell, 1970) ou encore « L’histoire d’Adèle H » (François Truffaut, 1975) mais s’est rapidement tourné vers l’écriture. On lui doit ainsi le scénario de « The Killing Fields » (La déchirure, 1984) de Roland Joffé. Cependant le scénario de « Withnail & I », largement autobiographique, est resté sur une étagère pendant une dizaine d’années avant que le producteur Américain Paul M. Heller ne le redécouvre et en tombe amoureux. Le scénario a ensuite été proposé au studio indépendant Handmade Films (« Life of Brian », « Time bandits »,…) qui semblait seul capable de produire un tel film.
Le film repose sur un équilibre très fragile, marche sur la corde raide en permanence, flottant au-dessus des dialogues, des scènes et des personnages qui ne quittent jamais un état second. « Withnail & I » est un film désenchanté sur une amitié masculine impossible et dévastatrice autour d’un personnage (Withnail) en constante recherche d’auto-destruction.
« Withnail & I » est pratiquement dénué de toute présence féminine (il n’y a pas de personnage du beau sexe qui aligne plus de deux lignes de dialogue), claustrophobe (les extérieurs – inhospitaliers qu’ils soient urbains ou ruraux – sont rares et souvent filmés sous une pluie battante) et propose un humour très décalé. La réussite finale de « Withnail & I » (et donc son équilibre) repose en bonne partie sur le talent des acteurs principaux. Richard E. Grant et Paul McGann, qui signaient ici leur première apparition sur grand écran, sont juste formidables.
Malgré ce premier film mythique, Bruce Robinson, qui avait commencé le tournage en avouant à son équipe sa totale ignorance du métier de réalisateur, ne retournera à la mise en scène qu’épisodiquement pour trois autres films dont il a également signé le scénario : une comédie surréaliste avec Richard E. Grant « How to Get Ahead in Advertising » (1989), un thriller américain « Jennifer 8 » (1992) et « Rhum Express » (sortit fin 2011) avec Johnny Depp, d’après le roman Hunter S. Thompson.
Blu-ray Arrow. version originale avec des sous-titres anglais. Bonus : le film « How to Get Ahead in Advertising » (1989)