Une sitcom où de jeunes musulmanes londoniennes forment un groupe de punk féminin ! Un pitch audacieux pour une série réussie mais au ton étonnamment léger 

We Are Lady Parts (2021-)

Sitcom créée et réalisée par Nida Manzoor

Ecrit par Nida Manzoor, Raisah Ahmed, Hanan Issa, Fatiha El-Ghorri,…

Avec Anjana Vasan, Sarah Kameela Impey, Faith Omole, Lucie Shorthouse, Juliette Motamed, Zaqi Ismail,…

Direction de la photographie : Diana Olifirova / Production design : Simon Walker (saison 1) et Amy Maguire (saison 2) / Montage : Robbie Morrison / Musique : Shez Manzoor

Produit par John Pocock pour Working Title Television

Comédie

6 épisodes de 25mn par saison

UK

Saira (Sarah Kameela Impey), meneuse de « Lady Parts », groupe londonien de punk féminin et musulman, décide que pour percer ils ont besoin d’une lead guitare (guitariste qui assure les solos). Mais la recherche s’avère difficile. Le groupe n’est pas encore connu et les prétendants se font rares. Saira pense alors à Amina (Anjana Vasan), une jeune professeure de guitare. Mais Amina ne joue jamais en public due à son stress. Saira fera alors tout pour l’aider à reprendre confiance en elle et pour la convaincre de rejoindre le groupe.

C’est ainsi que commence la première saison de « We Are Lady Parts », sitcom diffusée au UK par Channel 4 et aux USA par Peacock. La série a été crée par Nida Manzoor, issue d’une famille musulmane du Pakistan et arrivée à Londres à l’âge de 10 ans. Avant de se consacrer à l’écriture et à la réalisation, Manzoor rêvait de devenir une version colorée de Bob Dylan. Diplômée en politique auprès de l’université de Londres, elle commence à Soho tout en bas de l’échelle. Puis elle a écrit et réalise ses premiers courts métrages avant de  réaliser des épisodes de séries (Entreprise, Doctor Who,…).

Dès 2018, elle a sorti un pilote intitulé « Lady Parts », diffusé sur Channel 4, mais les réactions violentes à sa description de femmes musulmanes la forcera à fermer ses comptes de réseaux sociaux. Ce qui ne n’empêchera pas de reprendre le sujet et de finalement sortir une première saison de six épisodes pour Working Title Television en 2021. Série dont elle signe également la réalisation et dont elle co-écrira la bande originale. Si par ailleurs, les épisodes sont écrits a plusieurs mains au sein d’une « Writer’s Room », Manzoor garde un contrôle sur la série dont elle est également productrice associée, et les saisons (six épisodes) restent très courtes.

Par son pitch déjà, la série est hors du commun. Des jeunes femmes musulmanes et croyantes montent un groupe de punk baptisé « Lady Parts » (un euphémisme pour désigner le sexe féminin). Le groupe a été crée par la chanteuse et guitariste Saira, une rebelle aux cheveux courts et grande gueule. A la basse, Bisma est une jeune noire mère d’une petite fille et dessinatrice. A la batterie, Ayesha (Juliette Motamed), chauffeur de Uber et lesbienne. Quant à leur manager, Momtaz (Lucie Shorthouse) porte une niqab mais travaille dans un magasin de lingerie ! A ce petit groupe vient donc s’ajouter Amina, étudiante en doctorat de microbiologie et professeur de guitare, mais surtout à la recherche du mari idéal.

Chaque membre vient d’un milieu différent, qu’il soit conservateur ou plutôt libéral. Mais elles sont réunies par leur passion de la musique, leur désir de s’affirmer en tant que femme musulmane. Elles répètent et font leurs prières ensemble. Evidemment, leur implication dans un groupe de punk est plus ou moins bien vécue par leur entourage. Et la confrontation avec une influenceuse/journaliste qui fait un article sur le groupe, leur donnera soudainement une visibilité inattendue et pas toujours positive.

La comparaison avec « The Young Ones », vraie sitcom punk de la BBC du début des années 80, montre les limites de « We Are Lady Parts ». On est loin du radicalisme punk. « Lady Parts » est avant tout une sitcom rafraichissante. Elle applique globalement des thématiques chères aux sitcoms (romance, petits drames du quotidien, tensions familiales…) traitées avec humour et une certaine légèreté. Ce qui évidemment, vue le pitch, n’était pas gagné d’avance. Pourtant, Nida Manzoor réussit à donner une voix distinctes à ses personnages, issus d’une minorité stigmatisée comme on dit, en évitant globalement la caricature facile. Sa réalisation dynamique, colorée et assurée, ajoute à la réussite du tout. Manzoor parvient à traiter avec légèreté des sujets clivants à l’extrême dans le contexte actuel.

Enfin, il faut bien entendu parler musique. Les actrices, qui jouent leurs propres instruments et chantent, se débrouillent très bien. La bande originale (disponible en digital) – et peut-être ou pas doublée par des musiciens professionnels – est d’ailleurs très chouette.

La première saison de « Lady Parts » a eu un grand succès public et critique et a décroché entre autres la prestigieuse Rose d’Or pour un nouveau talent à Montreux. Une deuxième saison a été diffusée de mai à juin 2024. Entre-temps, Manzoor a sorti son premier long métrage « Polite Society » (2023).

En France, la première saison de la série est disponible sur Amazon Prime.