Un film d’horreur qui dresse un portrait d’une société iranienne de la fin des années 80 en pleine turbulence où les femmes sont les premières cibles. Une belle surprise

Under the Shadow (2016)

Ecrit et réalisé par Babak Anvari

Avec Narges Rashidi, Avin Manshadi, Bobby Naderi,…

Direction de la photographie : Kit Fraser / Production design : Nasser Zoubi / Montage : Chris Barwell / Musique : Gavin Cullen et Will McGillivray

Produit par Oliver Roskill, Emily Leo et Lucan Toh pour Wigwam Films et Doha Film Institute

Drame / Horreur

UK / Jordanie / Qatar / Iran

Téhéran, en 1988. Shideh (Narges Rashidi) apprend qu’à cause de son activisme pendant la révolution, elle ne pourra reprendre ses études de médecine. Elle en veut à son mari Iraj (Bobby Naderi) qui trouve que c’est peut-être mieux comme ça car elle va pouvoir s’occuper à plein temps de leur fille Dorsa (Avin Manshadi). Alors que l’Irak se met à bombarder la capitale iranienne, et que Iraj est réquisitionné pour aller sur le front, Shideh refuse d’aller se réfugier les parents de son mari. Pendant une alerte, alors que Shidedh et Dorsa sont réfugiés dans la cave de l’immeuble avec les voisins, un jeune garçon nouvellement arrivé chez les voisins raconte dans l’oreille de Dorsa des histoires de djinns. Dorsa a peur. Shideh est furieuse mais d’après sa voisine, c’est impossible car le jeune garçon est muet depuis la mort de ses parents.

Contrairement à ce que pourrait faire croire son titre en anglais, « Under the Shadow » a été tourné en langue perse en Jordanie. Il est l’oeuvre du scénariste et réalisateur Babak Anvari, né en Iran et qui dispose de la double nationalité britannique et iranienne. Entre 2005 et 2011, il a réalisé quatre courts métrage. « Under the Shadow » est son premier long. Un pari réussi car le film reçoit plusieurs prix dont celui du meilleur début aux BAFTAs.

Barak Anvari dresse à travers ce film d’horreur atypique et réussi un portrait de la société iranienne en pleine turbulence. La révolution iranienne de 1979 a changé profondément la société, et surtout la position des femmes comme Shideh. Et moins de dix ans plus tard, en 1988, c’est la guerre avec l’Irak. Et c’est à ce moment précis que Shideh doit faire face à un « démon » païen pré-datant la naissance de l’islam mais intégré à celui-ci. Le djinn c’est la menace invisible qui se concrétise et qui est la somme de toutes ses terreurs. Et s’il possédait sa fille ? Sera-t-elle obliger de quitter son foyer et se réfugier chez les parents de son mari ?

Shideh est incarnée à l’écran avec talent par l’actrice Narges Rashidi, née en Iran, qui est passée avec sa famille par la Turquie pour finalement s’installer en l’Allemagne. Aujourd’hui, elle tourne aussi bien en Allemagne, en Grande-Bretagne (récemment dans la série « Gangs of London) qu’aux USA. Sa fille est interprétée par la jeune Avin Manshadi qui fait aussi montre de belles qualités d’interprétation. A surveiller !

Depuis, le scénariste et réalisateur Barak Anvari a tourné un film pour Hulu et Netflix « Wounds » (2019) qui se déroule à la Nouvelle Orléans. Il est à ce jour (fin 2020) en train de travailler sur la série horrifique « Motherland » toujours pour Hulu.

En France, on peut voir « Under the Shadow » sur Netflix (à date de fin 2020). On peut également le trouver en DVD et en blu-ray mais seulement de l’autre côté de la Manche.