L’avant-dernière réalisation de Peter Collinson pour le grand écran est un film policier tellement invraisemblable qu’il penche vers l’absurde. Etait-ce vraiment voulu ?
Tomorrow Never Comes (1978)
(Demain, la vie)
Réalisé par Peter Collinson
Ecrit par Sydney Banks et David Pursall
Avec Oliver Reed, Susan George, Stephen McHattie, John Ireland, Paul Koslo, Raymond Burr, Donald Pleasence,…
Directeur de la photographie : François Protat
Musique : Roy Budd
Produit par Michael Klinger et Julian Melzack
Crime / drame
UK / Canada
Tomorrow Never Comes (1978) commence par l’arrivée en ville de Frank (Stephen McHattie). Ce dernier revient d’un long voyage d’affaires de trois mois pour se rendre compte que sa petite amie Jamie (Susan George) n’est plus là et que leur appartement est désormais habité par un autre. Il va alors se lancer à la recherche de Jamie. Mais après une bagarre dans un bar il reçoit un gros coup sur la tête et se transforme apparemment en psychopathe. Bref, les retrouvailles entre les deux anciens amants ne vont pas être de tout repos, et un policier va être gravement blessé.
Heureusement pour Frank, le détective Jim Wilson (Oliver Reed) effectue sa dernière journée au commissariat où il n’est guère populaire. Lui est content de partir d’une ville qu’il estime corrompue. Et il aimerait bien que sa dernière journée ne finisse pas dans un bain de sang. Autant dire qu’il va donc tout faire pour trouver une issue paisible pour Frank et Jamie. Il va donc mener diverses stratégies (foireuses) sous le regard de la foule agglutinée (et qui regarde ça comme un bon épisode de Kojak tout en regrettant le manque d’action), des caméras de télévision (à l’affut) et de ses collègues (furieux).
Je sais le résumé du film est un peu bizarre mais le scénario est pour le moins étrange. D’autant qu’il faut ajouter une brochette de personnages qui ne le sont pas moins : un psy qui n’a rien à dire mais qui parle en gardant sa cigarette à la bouche (un exploit signé Donald Pleasence), le responsable du commissariat Burke (Raymond Burr) toujours un jouet dans les mains, un barman gay qui fait tout pour défendre Frank (dont il est secrètement amoureux) ou un homme d’affaires véreux qui se cache derrière ses lunettes noires (le célèbre dramaturge John Osborne qui aurait dû se contenter de son apparition de méchant dans « Get Carter »).
« Tomorrow Never Comes » est complètement improbable du début à la fin. Difficile de le prendre au sérieux, et pourtant ce n’est nullement une comédie (encore que les caricatures de personnages ne sont pas dénuées d’humour volontaire – en tout cas c’est ma théorie).
On regarde l’écran, perplexe, jusqu’à la fin (assez attendue).Quel est l’objectif de ce film ? Dénoncer la corruption et la violence dans la police ? Avertir du danger d’un bon coup sur la tête ? Critiquer la curiosité malsaine du public et des médias dès qu’il s’agit de crime ?
Bref, on n’est pas loin de l’OFNI. A voir par curiosité… ou pas.
Le scénario original a été co-écrit par le canadien Sydney Banks (dont la seule autre gloire est d’avoir co-écrit la même année « Les liens de sang » pour Chabrol) et l’anglais David Pursall (partenaire d’écriture de Jack Seddon – duo à qui on doit notamment « Carry On England », « The Southern Star » ou « Murder Most Foul »).
« Tomorrow Never Comes » est l’avant-dernier film de Peter Collinson pour le grand écran avant sa mort prématurée à l’age de 44 ans. Collinson restera célèbre pour deux contributions au cinéma : « Up the Junction » (1968) et surtout « The Italian Job » (L’or se barre, 1969). Mais il faut aussi rajouter un film de guerre de bonne réputation (« The Long Day’s Dying » en 1968) et le film d’horreur tourné pour la Hammer « Straight on Till Morning » (1972)…
DVD Zone 2 UK. ITV Studios. Version originale avec sous-titres anglais.