Une très bonne comédie SF qui clôt en beauté la « Cornetto triology » de Wright et Pegg, malgré une conclusion moralisatrice.

Le Dernier Pub Avant la Fin du Monde (2013)

The World’s End (2013)

(Le dernier pub avant la fin du monde)

Réalisé par Edgar Wright

Ecrit par Edgar Wright et Simon Pegg

Avec Simon Pegg, Nick Frost, Martin Freeman, Paddy Considine, Pierce Brosnan,…

Directeur de la photographie : Bill Pope

Produit par Working Tittle

Comédie / SF

UK

Gary King (Simon Pegg), âgé de la fin de la trentaine, n’a toujours pas quitté l’adolescence. Et rêve toujours de faire en une nuit le tour des 9 pubs de la petite ville où il a grandi avec ses quatre meilleurs amis. Mais si lui n’a pas changé, ses amis ont tourné la page. Il lui faudra beaucoup de persuasion, et de mensonges, pour les forcer à l’accompagner. Mais une fois sur place, rien ne se passe comme prévu.

Le dernier pub avant la fin du monde (affiche)« The World’s end » est la conclusion d’une trilogie conçue par le réalisateur Edgar Wright et l’acteur Simon Pegg. Tous deux avaient travaillé ensemble à la télévision sur une série devenue culte « Spaced » (1999-2001). La série, qui a duré deux saisons, racontait les déboires souvent sur réalistes de Daisy et Tim, deux jeunes adultes interprétés par Jessica Stevenson et Simon Pegg (qui signent également les scénarios) et qui sont obligés de se faire passer pour un couple, pour pouvoir trouver un logement. Les deux compères ont un peu de mal à faire face à la vie d’adulte. Ils sont entourés d’amis excentriques : le meilleur ami de Tim, Mike (Nick Frost) et un voisin artiste conceptuel Brian (Mark Hopp).

Simon Pegg et Edgar Wright décident alors de se tourner vers le grand écran. Ils écrivent ensemble la comédie romantique zombie « Shaun of the Dead » (2004). Le duo central Simon Pegg-Nick Frost est alors recréé quasi à l’identique. En 2007, la comédie policière « Hot Fuzz » suit. Les deux films ont été des succès critiques et publics à leur sortie, mais sont surtout devenus cultes, principalement auprès des vintenaires et trentenaires qui se reconnaissent dans les personnages interprétés par Pegg et Frost.

Et si depuis, Edgar Wright, ainsi que Simon Pegg et Nick Frost se sont tous un peu égarés dans des projets inégaux (Pegg et Frost ont ainsi reformés leur duo dans un sacré nanar « Paul » à éviter de toute urgence), nombreux attendaient la conclusion à la « The three flavours Cornetto trilogy » (du nom de la fameuse glace qui est en fait l’un des nombreux motifs récurrents dans les trois films).

Car « Shaun of the Dead », « Hot Fuzz » et « The World’s end » ont de nombreuses choses en commun. Ultra référencés, de nombreux acteurs qui apparaissent dans les trois films dans différents rôles, un ton global qui mélange comédie et stéréotypes des buddy movies tout en détournant ou en se vautrant dans les clichés des films de genre.

« The World’s End » est pour sa part une comédie apocalyptique. Les films sur la fin du monde (quelque en soit la cause) sont très à la mode au cinéma depuis de nombreuses années, et ont donné lieu à de nombreuses méga productions hollywoodiennes, mais pas seulement. La Grande Bretagne, gros producteur de films de genre, a également participé au phénomène.

On est à priori pas si loin du film de zombie (lui aussi très à mode) et qui est lui-même un sous genre du film apocalyptique. Et donc de « Shaun of the dead ». Pourtant ici l’ambiance est bien différente, et cette fois-ci la menace vient d’en haut. Pour éviter de tomber dans la redite, Wright et Pegg ont mis cette fois-ci le looser au coeur de l’intrigue. C’est toujours Pegg qui incarne le personnage principal, et Frost qui joue le side kick, mais cette fois-ci c’est le looser qui porte le film sur ses épaules. Est-ce suffisant pour relancer l’intérêt ?

Cette histoire d’adulescent qui entraîne ses anciens camarades dans un pari idiot marche en soit, notamment grâce au plaisir évident que Simon Pegg prend à incarner le personnage du looser parfait. L’arrivée progressive du surnaturel à la fin du premier tiers du film fait pencher « The World’s end » vers l’action et un délire débridé. Au fur et à mesure de leur périple alcoolisé, l’ambiance penche de plus en plus vers le grand n’importe quoi. Et ça fonctionne.

Contrairement aux précédents films, « The World’s end » finit sur une note moralisatrice assez inattendue (bien qu’annoncée par la critique de la normalisation des pubs montrée symboliquement dans le film). Une critique assez classique de la perte d’individualité et des particularités dans un monde globalisé et hyper connecté qui surprend de la part de Wright et Pegg, souvent relégués au rang d’idoles geek. On est en droit de rester dubitatif, mais la fin est assez réjouissante si on ne prend pas trop au sérieux le « message » (il est vrai asséné de façon assez lourde donc difficile de l’ignorer totalement !). Dans ces moments, il est important de se rappeler qu’on est dans une comédie !

Le casting est tout simplement exceptionnel et participe largement au plaisir qu’on prend à voir le film.

« The World’s End » est une belle conclusion à une trilogie comique anglaise qui restera dans les annales, même s’il en est probablement le volet le plus faible. Pegg et Wright y ont gardé davantage leur âme que dans leurs échappées hollywoodiennes.

Blu-ray ou DVD FR. Studio Universal Pictures France (2014). version originale sous-titrée en français et version française. Bonus : Scène coupée « L’achèvement du Barathon », Making of, Commentaire audio de d’Edgar Wright et Simon Pegg